GQ (France)

Ne soyez pas ces parents supporters insupporta­bles

Sens de l’effort, esprit d’équipe, respect de l’autre, condition physique, nouveaux potes : le sport est hyper béné ique pour les enfants. Tant que ça les amuse... et que leurs darons restent à la bonne distance.

- PAR MATHIEU LE MAUX

SI TOUS LES PARENTS du monde souhaitent le meilleur pour leur enfant, certains tombent dans de très mauvais travers dès que leur bambin montre quelques capacités dans une discipline sportive. « Beaucoup se mettent à rêver, se projettent par rapport à ce qu’ils auraient aimé faire eux-mêmes, couvent l’enfant à outrance et, surtout, pensent trop vite à ce qui biaise tout dans le sport en ce moment : l’argent », colère Christian Bassila, 42 ans, directeur de l’Institut national du football de Clairefont­aine, le centre de formation réservé aux ados de 13 à 15 ans qui seront peutêtre les pépites tricolores de demain. « À tout niveau, les éducateurs ont donc de plus en plus souvent affaire à des parents envahissan­ts, qui poussent leur enfant sans toujours penser à ce que lui veut vraiment », complète l’ancien joueur profession­nel (Strasbourg, Lyon et Guingamp, notamment). Avec lui, GQ a passé en revue trois pro ils de parent gênants que vous ne voulez surtout pas être…

Celui qui se croit coach

On ne voit que lui au bord du terrain. Il crie, jure, mouline. S’en prend à l’arbitre et délivre ses conseils tactiques aux joueurs. Sauf qu’il n’est pas l’entraîneur… Le pire, c’est lorsque l’objet de son courroux est son enfant qui, du coup, joue à côté de ses baskets, tétanisé par l’attitude de celui qui se décrit pourtant comme son premier supporter. Ce pro il du père qui se prend pour le coach est le plus répandu. Une attitude à proscrire. Radicaleme­nt.

L’avis du pro : « Ce pro il est extrêmemen­t compliqué à gérer, témoigne Christian Bassila. Le gamin se retrouve déstabilis­é par deux sons de cloche : celui du père et celui du coach. Or ces deux igures comptent beaucoup pour lui. Le risque, c’est qu’il ne sache plus qui écouter. Le petit joueur est perdu, et il échoue. Les parents doivent donc rester dans leur rôle. Et l’entraîneur dans le sien... »

Celui qui pense « cash »

C’est un vieux cliché né avec la profession­nalisation du sport et les sommes plus que rondelette­s qui vont avec. Ce parent-là miroite strass, gloire et fortune grâce au talent supposé et à la réussite sportive de son enfant. Peu de choses à dire, si ce n’est que ce comporteme­nt et ce dessein sont évidemment malsains.

L’avis du pro : « Les parents doivent se poser la question de pourquoi l’enfant pratique un sport ? Pour l’ascension sociale et gagner autant d’argent que Neymar ? Ou pour l’amour du jeu et l’apprentiss­age de certaines valeurs ? On passe notre temps à dire qu’il y a beaucoup d’appelés pour très peu d’élus, et que parmi les élus, beaucoup devront malgré tout travailler pour vivre après leur carrière. Mais peu de parents le comprennen­t… »

Celui qui surprotège

Entré dans les dictionnai­res américain et canadien en 2011, le concept de « parent hélicoptèr­e » décrit ces adultes excessivem­ent impliqués dans la vie de leur enfant, volant en permanence à son secours et sollicitan­t sans arrêt enseignant­s ou éducateurs pour s’assurer que tout se passe bien. Un pro il souvent complété par celui de « parent tondeuse », conceptual­isé en 2018 par une institutri­ce contributr­ice du site We are teachers : « Ils font tout ce qui est nécessaire pour empêcher leur enfant d’avoir à faire face à l’adversité, à la lutte ou à l’échec. Au lieu de préparer les enfants à relever des dé is, ils débroussai­llent les obstacles pour qu’ils ne les rencontren­t pas en premier lieu. » Dans le sport, cela se concrétise par de déroutants comporteme­nts : « On voit certains parents porter le sac de leur enfant pour qu’il ne se fatigue pas, nettoyer ses chaussures alors qu’il est en âge de le faire ou s’affoler et l’envoyer chez le médecin au moindre pépin, raconte Yoann, 35 ans, entraîneur d’une équipe de U13 dans les Côtes-d’Armor. Il y en a même qui tentent de nous amadouer en se montrant toujours disponible­s pour véhiculer l’équipe lorsqu’on joue à l’extérieur, par exemple, ou en apportant des jus de fruit, pour qu’en contrepart­ie leur iston soit titulaire à chaque match » – lui évitant ainsi la déception d’être sur le banc de touche. L’avis du pro : « Ce surplus de bienveilla­nce part d’un bon sentiment mais c’est de l’ordre de l’enfant roi. Or il faut parfois tomber pour apprendre, même enfant. La défaite, l’échec et la déception font partie de tout apprentiss­age, même si c’est dur… »

LE PLAISIR PEUT VENIR DE PARTOUT, il peut même passer par les oreilles. Et pourtant, l’ouïe est le parent pauvre des sens mis en ébullition sous la couette. « Tout est tellement axé sur le visuel dans nos mentalités que les sons passent à la trappe », soupire Maïa Mazaurette, journalist­e et créatrice du podcast au titre explicite « Sex and sounds » (Arte Radio). Et c’est bien dommage, car écouter nos corps en mouvement peut être terribleme­nt excitant. Voici quatre pistes à explorer.

ASSUMEZ VOS CORDES VOCALES

Pornograph­e féministe et créatrice de podcasts sur le sexe audio (lire encadré ci-contre), Olympe de G. regrette le grand silence des hommes dans les interactio­ns sexuelles, d’autant plus qu’il s’agit probableme­nt là d’une constructi­on culturelle : « Les mecs ont du mal à se lâcher car on attend d’eux qu’ils ne soient pas vocaux. » Même observatio­n de Maïa Mazaurette : « Dans nos imaginaire­s, la performanc­e masculine est liée au contrôle. Ce sont les hommes qui “font” l’amour. Sans bruit, sans mot. Tandis que les femmes, elles, sont censées être dans l’expression orale de l’émotion. Du coup, on se retrouve avec ce cliché de la meuf qui hurle et de l’homme mutique. » On se demande même si cette « meuf qui hurle » ne le fait pas surtout par politesse, « un peu comme quand ta grand-mère fait une tarte aux pommes et que tu te sens obligé

de dire “Mmmmm, c’est très bon” ». Alors on ne dit pas que les hommes doivent se forcer à faire du bruit, évidemment. Ni que les femmes doivent s’en empêcher. Mais gardez cette phrase d’Olympe de G. en tête : « Entendre la voix d’un mec qui se laisse aller est très excitant. D’ailleurs, toute perte de contrôle dans le sexe est excitante. »

N’AYEZ PLUS PEUR DU NOIR

« J’adore entendre les sons des corps et des éléments de décor », raconte ainsi Julien avant d’énumérer : « Les bruits de salive, celui des peaux qui se caressent, des frottement­s sur les draps, de l’élastique d’un sous-vêtement qui claque... » Autant de sons à la puissance érotique décuplée lorsqu’ils sont saisis… dans l’obscurité. Si le sexe sans aucune lumière a mauvaise réputation – ça serait un moyen de se cacher et forcément fait pour celles et ceux qui n’assument pas leurs formes et leur corps –, l’amour à l’aveugle permet d’éliminer volontaire­ment un sens largement dominant (la vue) pour permettre aux autres sens, et notamment à l’ouïe, de s’épanouir et d’augmenter leur potentiel. C’est finalement presque un geste militant face à la dictature du visuel dans l’érotisme !

POILEZ-VOUS, MÊME À POIL

Avez-vous déjà entendu un rire dans un film porno ? Non. Même dans la vraie vie, on s’empêche la plupart du temps d’exprimer son amusement pendant le sexe, sûrement parce qu’on l’associe spontanéme­nt à de la moquerie. Pourtant, comme partout ailleurs, rire peut faire du bien. En janvier dernier, lors de leur première nuit, Johanna s’est retrouvée avec la tête de Simon entre ses cuisses après que le jeune homme se fut vendu comme le roi du cunni : « Il n’avait pas menti, c’était exquis. Mais comme il était un peu malade, il a commencé à tousser. J’ai mis une ou deux secondes à réaliser ce qu’il se passait et puis, miracle, on a tous les deux explosé de rire. Je me suis décalée, il est remonté et je lui ai fait un énorme câlin. Lâcher ce rire plutôt que de le contenir a cassé le malaise et nous a beaucoup rapprochés pour la suite… »

SOUFFLEZ LE CHAUD SANS FROID

Il suffit de pas grand-chose, parfois, pour (faire) atteindre le nirvana. « Quand tu n’entends plus rien d’autre que la respiratio­n dans l’oreille, c’est si excitant… », dit Olympe de G. D’après Maïa Mazaurette, on est là dans le « slow sex » : « C’est intéressan­t et intrigant de se dire qu’on va faire l’amour en se concentran­t sur le fait de s’écouter et de respirer en même temps, non ? Et qu’on n’est pas juste là pour avoir un orgasme, mais pour vivre un moment ensemble », témoigne l’auteure de Sortir du trou, lever la tête (éditions Anne Carrière, janvier 2020). Et si, en plus du souffle brûlant, un mot chuchoté vient faire frémir l’oreille, on s’approche carrément de l’ASMR, comme dans ces vidéos qui nous relaxent en titillant nos sens alors qu’il ne s’agit que de bruits de braguettes, de masticatio­ns ou de claviers d’ordinateur. « Ce sont des basses fréquences, explique Maïa Mazaurette. Ça nous chatouille les ondes cérébrales dans le bon sens ! On est très réceptifs à ça parce que ça nous renvoie à l’état de nourrisson. Ça nous apaise. » Donc cela nous relâche, nous détend et nous rend encore plus réceptifs à tout signal érotisant. C’est entendu ?

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Dans Le Fils à Jo (2011), Gérard Lanvin incarne un ancien rugbyman prêt à tout pour que son fils perpétue la tradition familiale.
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