GQ (France)

Le cycle de la vie

- PAR MATHIEU LE MAUX

Maison Tamboite, fabricant de vélos sur mesure (très) haut de gamme, propose de « costumiser » son modèle Fauve en habillant son cadre de tissus Dormeuil. Un summum de personnali­sation.

CCES DERNIERS TEMPS, ça n’allait pas fort. Empêtré dans l’achèvement à rallonge d’une relation façon Brexit amoureux, il semblait évident que nous avions besoin, nous aussi, d’un nouveau contrat d’union pour aller de l’avant. Et c’est sur un chat, plus précisémen­t une sublime petite chatte noire d’un an baptisée « Scarlett », que notre quête éperdue d’affection a trouvé son point de ixation. En contrepart­ie d’un investisse­ment minimal (croquettes bon marché, litière à changer), nous allions pouvoir combler notre vide affectif tout en pro itant de sa présence bienfaisan­te. Études scienti iques à l’appui, le vétérinair­e Jean-Yves Gauchet, inventeur de la « ronron thérapie », explique que la vibration en basse fréquence émise par les félins fonctionne­rait comme un anxiolytiq­ue naturel, générant chez l’humain « des pensées positives et de bienêtre ensuite transmises à notre cerveau. » Dans un article sur Slate, Nadia Daam nous apprenait que nous, garçons, avions tout à gagner à adopter cet animal. Contrairem­ent à l’injuste cliché de la « femme à chat », synonyme de « vieille ille pathétique », l’homme à chat serait, lui, quali ié de « sexy » ou de « mignon ». A in de rafler quelques points de karma supplément­aires, c’est à une féline abandonnée que nous avons choisi d’offrir une nouvelle vie. Mais, depuis son arrivée, c’est une tout autre histoire qui s’écrit. Surindépen­dante, allergique au moindre contact physique et signi iant régulièrem­ent l’agacement que lui provoque notre présence, cette chatte semble avoir pour moteur existentie­l de contrarier nos attentes. Les dizaines d’euros de jouets et de friandises n’y changent rien : elle reste insensible à toute tentative de corruption. Au bout de trois mois de relations orageuses, l’interventi­on à domicile d’une comporteme­ntaliste féline, sorte de thérapeute du couple homme-chat mais sans veste en tweed, n’a fait que con irmer l’implacable constat : « Ce blocage peut durer des mois. » Une situation frustrante mais aussi riche en enseigneme­nts. Car en se refusant systématiq­uement à ces caresses que nous prenions bêtement pour un acquis, c’est une leçon quotidienn­e sur la notion de consenteme­nt – plus percutante que n’importe quel thread féministe – que nous délivre cet être insaisissa­ble. Une manière aussi de nous rappeler les vertus de la patience et de l’investisse­ment à l’heure des relations Tinder. Et que l’autre n’a pas vocation à porter notre charge émotionnel­le ni à répondre au moindre de nos désirs. Finalement, devenir un homme à chat ne nous aura pas rendu plus mignon ou plus sexy, mais peut-être plus averti.

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