GQ (France)

FAUT IL DEVENIR UN HOMME À CHAT ?

- PAR VINCENT COCQUEBERT_ILLUSTRATI­ON KLAUS KREMMERZ

C’est parfois en essuyant les refus d’un félin rebelle que l’on saisit mieux notre quête éperdue d’affection.

PPROFESSEU­RE À L’ÉCOLE CANTONALE D’ART DE LAUSANNE et directrice du musée des Arts décoratifs de Bordeaux, Constance Rubini s’est récemment rendu compte que les étudiants s’intéressai­ent aujourd’hui autant, si ce n’est plus, au travail d’Alexander Taylor, designer de meubles mais aussi de sneakers pour Adidas, qu’à celui de Jonathan Ive, le designer de l’iPhone. De ce constat est née l’exposition « Playground, le design des sneakers », première de cette envergure en Europe. « Ce qui nous intéressai­t, c’était d’essayer de comprendre en quoi c’était devenu un objet culturel important, explique Constance Rubini, également commissair­e de l’exposition. Du coup, on interroge plein de points d’entrée, des questions de design mais aussi à partir de quand et comment les sneakers ont été utilisées en dehors des terrains de sport. » Passant des parquets de basket ou des courts de tennis à la rue, les sneakers sont devenues mainstream en quelques décennies, alors qu’elles ont été à un moment un symbole de contre-culture. « On parle beaucoup du hip-hop, mais aux États-Unis, des danseuses de post-modern dance (devenue populaire dans les années 1960, ndlr), comme Yvonne Rainer ou Anna Halprin, mettaient déjà des baskets parce que c’était aussi une manière de rompre avec les codes de la société et de la danse, de se rapprocher du quotidien », rappelle Constance Rubini. Elle poursuit : « La culture du hip-hop s’est développée parallèlem­ent à celle du basket-ball : tous les gamins dans les quartiers portaient des sneakers sans pouvoir se raccrocher à une culture mainstream parce qu’ils n’en avaient pas les moyens. Ils ont donc créé leur propre culture, dont la sneaker est devenue un emblème visible et un signe de fierté. »

Cette culture sneakers engendre alors des collection­neurs, qui vont petit à petit s’intéresser à une autre dimension de la sneaker : l’histoire qu’une paire raconte par ses couleurs, son esthétique. Qualifiés de « petites robes noires du monde de la sneaker » par Constance Rubini, des modèles cultes comme la Stan Smith ou la Air Force 1 sont au croisement du design

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