GQ (France)

“POUR PORTER UN MESSAGE AU SERVICE DE LA PROTECTION DE LA PLANÈTE, IL FALLAIT QUE JE ME SENTE LÉGITIME. J’AI D’ABORD FAIT MA RÉVOLUTION. AUJOURD’HUI, JE QUESTIONNE TOUS MES ACHATS. JE MANGE LE PLUS POSSIBLE LOCAL ET BIO. ET JE SUIS VÉGÉTARIEN DEPUIS QUELQ

« Je continue à avoir envie d’exploratio­ns, mais pas forcément au bout du monde. L’été dernier, je suis parti avec deux copains pour la traversée des Alpes-Maritimes, 135 km à pied, en autonomie, de la mer jusqu’à la pointe Marguareis, un sommet frontalie

- PLONGÉE DANS LE BAIN POLITIQUE

En avril 2019, son virage écologique prend un tour public. Guillaume publie un mystérieux enregistre­ment sous-marin sur Twitter : « Hier après-midi lors d’une plongée. Jamais entendu ça. Une idée de ce que ça pourrait être ? » Vingtquatr­e heures plus tard, il donne lui-même la réponse : en fait un glaçant montage sonore, les cris de trente animaux marins agonisants. L’apnéiste relaie ce « Sound Of the Sea » (autrement dit S.O.S.) au nom de l’ONG Sea Shepherd. Le buzz est immense, de quoi l’encourager à plonger plus loin encore, cette fois dans le bain politique. En février, au premier tour des municipale­s niçoises, il apparaît sur la liste écologiste. « J’ai été sollicité, je ne sais pas si j’aurais sauté le pas seul. J’ai voulu rester en position inéligible pour y aller crescendo. » On lui fait remarquer que la tête de liste, Jean-Marc Governator­i, est un intrigant millionnai­re, plusieurs fois épinglé dans les médias. Guillaume n’élude pas. Léger soupir. « Il y a d’autres personnes derrière cette liste, parmi lesquelles Delphine Batho, qui m’ont convaincu de m’engager. Leurs idées sont les plus proches des miennes, plutôt dans une optique décroissan­te. »

Toujours moins, dans une société du toujours plus... Accepter de perdre, se défaire du superflu, apprendre à ralentir... Pour Guillaume, ce mode de vie est une parabole de son sport de prédilecti­on : « L’apnée, c’est comme une marche en forêt, un retour à une forme de sobriété. Si tu descends à deux-trois mètres, ce n’est pas plus compliqué. Juste, il ne faut jamais le faire seul. Et mieux vaut passer par une école pour apprendre les gestes basiques de sécurité. » Pour lui, comme pour tous ceux qui ont fait ce choix, mettre ses actes au diapason de ses idées coûte cher, au propre comme au figuré : « J’ai appris à dire non à des trucs financière­ment colossaux, comme représente­r une marque de vêtements un peu cheap. Je refuse beaucoup de choses, j’arrive à me projeter sur l’impact d’un projet, aussi reluisant soit-il. On m’a proposé récemment d’être le personnage principal d’une série documentai­re aux quatre coins du globe. J’ai refusé car j’aurais été tout le temps sur la route. » S’il continue à faire des films et des photos, c’est désormais à son rythme, dans des projets en cohérence avec ses nouveaux engagement­s : « J’ai accepté de participer à un documentai­re pour France 2, qui sera un état des lieux de la Méditerran­ée, et je prépare un livre photo à la rencontre des “hommes aquatiques”, tous ceux qui ont un lien fort à l’eau. » En attendant, il a profité du déconfinem­ent pour passer « trois jours en bivouac dans un champ de cèdres du Mercantour, j’ai fait du feu, je me suis promené, j’ai dormi à la belle étoile ». Et il a dévoré le dernier roman d’Alice Zeniter, L’Art de perdre. Il a adoré, évidemment.

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