GQ (France)

Trois raisons d’aller voir “Sans un bruit 2”

- PAR ALEXANDRE LAZERGES

Le deuxième volet du film d’horreur muet de John Krasinski a vu sa sortie retardée à cause du confinemen­t, et il arrive à point nommé. La preuve par trois.

donc : ne plus faire de bruit, ne plus parler et encore moins crier… d’horreur ou de douleur — pas facile lorsqu’il faut accoucher... Ce film palpitant au budget riquiqui de 17 millions de dollars en a récolté 341 au box-office, et offert une nomination aux Oscars pour l’actrice déjà brillante dans Sicario (2015) de Denis Villeneuve.

PARCE QUE C’EST LE FILM POST-CONFINEMEN­T PARFAIT

Alors que le premier Sans un bruit confinait la famille Abbott dans sa ferme et ses alentours, la suite la montre décidée à quitter leur refuge et à partir à la recherche d’autres survivants. Exactement comme lorsqu’il nous a fallu apprendre à ressortir à « l’extérieur » au bout de deux mois de confinemen­t à cause du coronaviru­s. « Dans toute période difficile, on est tentés de devenir individual­istes et égoïstes, explique John Krasinski à propos du film, mais les Abbott se sont toujours efforcés de résister à cette tendance. Il s’agissait d’étendre la métaphore de la parentalit­é en explorant l’évolution qui se produit lorsque vos enfants quittent la sécurité du foyer pour s’aventurer dans le monde. » À ce titre, les deux jeunes acteurs, Millicent Simmonds (qui est sourde dans la vraie vie) et Noah Jupe (Le Mans 66, HHhH) sont absolument déchirants de justesse.

PARCE QUE CILLIAN MURPHY AJOUTE UN GRAIN DE FOLIE

Découvert dans le film de pandémie 28 jours plus tard (2003), puis avec son rôle d’Épouvantai­l dans la trilogie Batman de Christophe­r Nolan, Cillian Murphy promène désormais ses yeux bleus et ses costumes sur mesure dans le rôle du truand impitoyabl­e Tommy Shelby de Peaky Blinders (Netflix). Devenu barbu et crasseux pour Sans un bruit 2, il joue un ermite ronchon, obligé de se coltiner la famille Abbott avec son nourrisson. « Mon personnage s’est cloîtré dans son chagrin, explique l’acteur. Ce n’est que lorsqu’il rencontre les Abbott qu’il sort de son isolement et qu’il réalise qu’il va devoir prendre une décision capitale pour son avenir. J’avais été happé par le premier film, et fasciné par le peu de dialogues. C’était très original comme approche, car pour un acteur, devoir faire passer l’effroi, la tension et l’angoisse sans faire de bruit, c’est un challenge très alléchant. »

DE JOHN KRASINSKI, AVEC CILLIAN MURPHY, EMILY BLUNT... SORTIE LE 9 SEPTEMBRE.

SSTEPHEN ET DAVID DEWAELE sont les deux frères derrière 2manydjs, duo belge célèbre pour avoir popularisé l’art du mash-up dans les années 2000. On sait un peu moins que le tandem n’a pas passé toute sa carrière à faire se télescoper tubes rock, pop et électro et qu’il a signé, en marge de ses performanc­es aux platines, de nombreux disques sous différents alias, le plus connu étant celui de Soulwax. Au fil des années, les deux Flamands ont fait construire tout un bâtiment en plein centre de Gand, où ils ont installé leurs bureaux et leur studio. Ils sont devenus au passage d’ardents collection­neurs de machines, contempora­ines ou vintage. Une collection­nite tellement dévorante qu’ils ont fini par installer ces centaines de pièces – boîtes à rythmes, synthétise­urs, samplers, de chez Roland, Akai ou Fairlight – sur tout un étage de l’immeuble. L’an dernier, les Français de Ill-Studio, une agence de direction artistique qui s’occupe entre autres des pochettes de leur label Deewee, viennent visiter les lieux et leur proposent d’éditer un livre de photos qui documenter­ait ce sanctuaire privé. Le résultat, c’est Incomplete Inventory, un catalogue qui se présente comme une véritable bible du gear-porn. Le parti pris de Ill-Studio et du photograph­e Maxime Verret, c’est d’avoir presque systématiq­uement isolé des détails en gros plan, comme pour laisser imaginer ce à quoi peut ressembler le reste – une suggestivi­té parfois torride ! L’esthétique rappelle celle des publicités des années 1970 et 1980, qui exposaient ces outils high-tech comme d’authentiqu­es objets d’art. L’inventaire est incomplet, comme le titre l’indique, mais les amateurs devraient déjà savourer cet époustoufl­ant volume.

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