L’avènement du Rétrofit
Alors que de nouveaux modèles électriques sortent tous les mois, la solution pour rouler écolo avec style ne serait-elle pas d’électrifier nos vieilles voitures préférées, Mini, MG, Porsche ou 2CV ? C’est désormais possible (et surtout autorisé) !
VVOUS VENEZ D’HÉRITER de l’adorable Austin Mini de votre grand-mère, dans laquelle vous avez tant de souvenirs d’enfant, puis de jeune adulte, quand elle vous la prêtait pour sortir en boîte. Problème : impossible en cette période de dèche post-covid de faire réparer le moteur d’origine, dont l’huile pisse plus dru que la fontaine du Bellagio. Pire, la chasse au CO2 et les restrictions de circulation dans les grandes villes empêcheront, à terme, de vous servir de votre citadine préférée. La solution : troquer le petit 4 cylindres incontinent contre un moteur électrique propre de puissance équivalente (52 ch) et une batterie de 15 kWh. Ainsi pourvue, la Mini dispose d’une autonomie de 120 km largement suffisante en ville. Il vous en coûtera 19000 euros, moins la prime à la conversion pour l’achat d’un véhicule électrique, de 2500 à 5000 euros pour les plus bas revenus. C’est donc la bonne nouvelle passée inaperçue pendant le confinement : la publication, le 3 avril dernier, du décret autorisant la transformation de véhicules anciens en véhicules électriques, marquant l’acte de naissance officiel du Retrofit.
Jusqu’à cette date, la modification de véhicule était strictement interdite. La voiture transformée en profondeur devait être entièrement ré-homologuée, des jantes à l’allume cigare. Aujourd’hui, c’est seulement le kit d’électrification qui doit passer l’homologation, ce qui permettra de multiplier les véhicules électrifiés et de réduire les coûts pour un même type de véhicule. « Après le dieselgate et les travaux de la conférence citoyenne, il devenait urgent de proposer un mode de transition écolo qui permettent aux amateurs de belles voitures de continuer à s’en servir sans polluer », explique Arnaud Pigounides, fondateur de la start-up Retrofuture et lobbyiste en chef qui a réussi à convaincre le législateur des bienfaits du Rétrofit. Certes, la transformation d’une Mini n’est pas donnée, mais comparé au prix d’une Mini électrique neuve soit 37600 euros (moins les 7000 euros du bonus), le modèle vintage gagne haut la main, avec en prime une bouille inimitable.
On vous le répète depuis des années maintenant, à GQ, c’est surtout le style qui compte, et l’immense avantage du Rétrofit, c’est d’autoriser la transformation de n’importe quelle voiture de plus de cinq ans d’âge. Retrofuture propose, par exemple, d’électrifier une ravissante Porsche 912, la version low-cost de la 911 (1965-1976) avec le 4 cylindres 90 ch de la 356, contre 30000 euros. Et le moteur électrique de 120 ch ainsi que la batterie de 30 kWh offrent autant de sensations et 200 km d’autonomie. À titre de comparaison, la plus bas-de-gamme des Porsche électriques Taycan coûte 108635 euros... Retrofuture ne s’arrête pas là, et commercialise toute une série de kits d’électrification, de la Fiat 500 jusqu’au Range Rover Classic, sans oublier les 504 coupés, les camionnettes VW ou Citroën Type H idéales pour food truck écolos.
Le marché des « rétrofiteurs » a donc toutes les chances d’exploser ces prochains mois, surfant sur la mode des youngtimers et de la collectionnite qui s’empare des quadras. Avec leur kit d’électrification pour 2CV, Stéphane Wimez, PDG du Mehari Club de Cassis, vient même de trouver comment prolonger son activité pour de nombreuses années : « Notre idée est de faire durer le plaisir de conduire ces voitures au charme un peu désuet et de séduire les jeunes générations qui n’ont pas du tout le même attachement que nous à l’automobile. » Pour une vieille voiture, l’électricité serait donc le meilleur moyen d’éviter la décharge.