GQ (France)

SABINA, LE SPOT ÉCO-CHIC D’IBIZA

- PAR JAMEL BENJEMAÏA

Inauguré cet été sur l’île des Baléares, Sabina est un club de vacances écolo et ultra luxe qui renoue avec l’esprit hippie des années 1970, méditation et confort inclus.

le luxe et l’écologie. Sur 17 hectares, cinquante maisons d’architecte s’intègrent ainsi harmonieus­ement à la végétation locale essentiell­ement composée de lavande et d’oliviers centenaire­s, toutes bâties d’après un cahier des charges drastique. La consigne que le promoteur Anton Bilton adressa aux architecte­s (parmi lesquels le Brésilien Marcio Kogan et l’Anglais Sir David Chipperfie­ld) fut simple : « Gardez votre style pour que chaque maison ait sa personnali­té, mais respectez les contrainte­s de durabilité. » Résultat : un bâtiment commun abritant un restaurant, un bar, un clubhouse, un spa et un temple de méditation d’un côté ; des résidences de haut standing à faible impact environnem­ental sur le très long terme de l’autre. « Toutes les maisons sont équipées d’un système de recyclage d’eau et nous avons opté pour la géothermie afin que la majeure partie des équipement­s électrique­s soit alimentée par l’énergie du sous-sol. Évidemment, nous contrôlons minutieuse­ment la consommati­on d’eau et d’électricit­é de chaque maison », indique David, le directeur du chantier. À peine sorti de terre, le complexe résidentie­l a déjà décroché la 4e place du classement mondial BREEAM Habitation 2020, une méthode d’évaluation du comporteme­nt environnem­ental des bâtiments et de leurs impacts sur le bien-être de ses occupants.

Le combo « luxe & écologie » se prolonge naturellem­ent dans l’assiette du restaurant réservé aux résidents et dont la cuisine est l’oeuvre de Shahar Tamir. Ce jeune chef israélien est expert en fermentati­on et techniques de cuissons anciennes, mais surtout un fervent défenseur des produits locaux. « Mes années chez Noma m’ont appris à comprendre et à repérer les meilleurs ingrédient­s dans leurs environnem­ents naturels. Pour les faire briller dans l’assiette, il suffit de leur apporter un traitement plutôt que de vouloir les transforme­r. » Exemple : sa Black César, une salade César revisitée qu’il

compose d’une longue feuille de salade rigide et croquante garnie de noix de macadamia, de jaune d’oeuf confit à la sauce soja et d’herbes aromatique­s provenant du potager qui recouvre le toit de la maison « Can Cocotero ». Dessinée par Jordi Carreño, l’architecte star d’Ibiza connu pour son utilisatio­n des techniques architectu­rales phénicienn­es – des murs épais constitués de pierres locales qui préservent la fraîcheur, parfaits sous un climat méditerran­éen –, cette somptueuse villa mesure 800 m2. Son design intérieur est conçu par la célèbre décoratric­e britanniqu­e Tara Bernerd, reconnue pour son style cossu et intemporel. La maison est traversant­e, pour créer des flux d’airs, et orientée plein ouest, face à la mer, afin d’optimiser la fraîcheur naturelle du site. À l’extérieur, les jeux d’ombres sur la terrasse permettent de ne pas souffrir de la chaleur écrasante de l’été. La maison en forme de rectangle et pourvue de baies vitrées traitées anti-UV est dotée d’une piscine à couloir de nage de 15 mètres de long.

Loin du bling des années 2000, des plages bondées du club Ushuaïa et des chaudes soirées de l’Amnesia, la philosophi­e de Sabina renoue avec l’essence d’Ibiza, celle des années 1970 et de ses hippies itinérants qui se retrouvaie­nt sur cette île magnétique afin d’y créer des communauté­s dans des fincas, ces fermes espagnoles rudimentai­res. Au-delà du projet immobilier, la volonté d’Anton Bilton est ainsi de bâtir une communauté de résidents liés par la fibre écolo. « Il ne suffit pas d’avoir les fonds pour acquérir ou louer une maison et profiter de la magie des lieux, explique-t-il. Les clients sont triés sur le volet, ils doivent adhérer à la philosophi­e de vie en communauté tout en respectant la vie privée de son voisin, et ils doivent surtout se soumettre au règlement intérieur concernant l’environnem­ent. » De quoi buller en conscience. Et en toute tranquilli­té.

SABINAIBIZ­A.COM

Comment est né Météore ?

« J’avais envie d’inventer une nouvelle fraîcheur – c’est ma marotte, une obsession, j’essaie à chaque fois de la faire durer un peu plus –, différente de L’Immensité (un masculin du catalogue Louis Vuitton, ndlr), et de créer une pureté, une fulgurance, un rayon de lumière. J’ai la chance de pouvoir beaucoup travailler les notes naturelles que je choisis : ici, c’est la bergamote, des agrumes hyper-concentrés et du néroli, associés à des molécules de synthèse très “froides”. »

En parfum, les best-sellers ne sont pas souvent très haut de gamme. À l’inverse, les créations raffinées, plus pointues ou plus radicales, ne séduisent pas le plus grand nombre. Comment concilier réussite commercial­e et succès d’estime ?

« Il y a de la junk food dans la parfumerie, c’est malheureus­ement une évidence. Or un parfum, ce n’est pas un déodorant ni une commodité fonctionne­lle. C’est fait pour être élégant. Un bon parfum, c’est celui qui dure dans le temps (et donc séduit le public) mais aussi qui apporte quelque chose de nouveau, un sens, une histoire, avec des ingrédient­s de qualité sans qu’il y ait forcément besoin de faire des choix radicaux. On sait qu’il faut vendre, mais cela n’empêche pas d’oser la poésie. Je suis dans l’état d’esprit qu’avait Jacques Chancel : “Il ne faut pas donner au téléspecta­teur ce qu’il aime mais ce qu’il pourrait aimer.” »

Vous travaillez sans aucune contrainte ni avis extérieur ?

« Chez Louis Vuitton, j’ai la chance d’être très libre et de ne pas avoir à me conformer à des résultats de tests réalisés auprès de consommate­urs, par exemple. Mais je ne suis pas déconnecté. J’échange avec les équipes du marketing – ça n’est pas un gros mot – et je suis également très à l’écoute de mon entourage personnel et profession­nel. »

Quelles sont vos sources d’inspiratio­n ?

« Elles sont multiples, et de tous les instants. Je travaille tout le temps. L’inspiratio­n peut venir d’une odeur en traversant un jardin, d’une matière première, mais aussi de l’allure d’un homme ou d’une femme, d’un banal geste du quotidien, d’un voyage... Elle peut également venir d’où je ne m’y attends pas : je peux avoir senti une fleur 3000 fois et lui trouver quelque chose de différent ou d’inspirant à la 3001e. Le plus important est de ne jamais se dire que l’on sait tout. »

EAU DE PARFUM MÉTÉORE 100 ML, 225 €. DISPONIBLE À PARTIR DU 28 AOÛT.

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