Rencontre avec Yahya AbdulMateen II, l’acteur de Candyman.
Héros du nouveau Candyman de Nia DaCosta, Yahya Abdul-Mateen II illumine ce remake de film d’horreur des années 1990. Interview de l’acteur en pleine ascension.
1. SON NOM
« Yahya, c’est le nom d’un prophète de l’Islam souvent comparé au saint Jean Baptiste des chrétiens. J’ai grandi dans une famille mixte musulmane et chrétienne, et j’ai développé une très forte connexion à Dieu. Mon père, Yahya Abdul-Mateen (premier du nom), m’a inculqué l’intégrité et les grands principes de l’existence – il priait chaque jour pour ses propres parents. Ma mère aussi me parlait de sa foi, j’ai donc grandi avec une bonne dose de chaque religion. Lorsque j’ai débuté à Hollywood, on me demandait si j’allais changer mon nom en Yahya Mateen, ou tout simplement Yahya. Parce que Yahya Abdul-Mateen II, c’est plus dur à retenir que John Wayne. Or c’est
justement pour cette raison que mon nom inspire les gens. Je reçois plein de messages qui me disent : “Merci, frère, de représenter les musulmans. Je pensais changer de nom mais grâce à toi, je ne le changerai jamais.” Pour moi, avoir mon nom en haut de l’affiche de Candyman, c’est considérable. Être reconnu pour ce que je suis et entendre des gens prononcer mon nom complet, c’est très gratifiant. »
2. SA CARRIÈRE
« Je n’avais pas encore terminé mes études d’art dramatique à Yale quand le réalisateur Baz Luhrmann m’a choisi pour jouer Clarence “Cadillac” Caldwell, un roi de la disco des années 1970 dans la série Netflix The Get Down (2016-2017). C’est ce rôle qui m’a ouvert en grand les portes des grosses productions comme Baywatch (2017), pour le rôle de l’agent de police roublard aux côtés de Dwayne Johnson, et Aquaman (2018) où je jouais Black Manta, l’ennemi juré du héros. Je me souviens que mon frère se moquait de moi parce qu’à l’époque je ne savais pas nager. Je me suis donc dépêché d’apprendre, mais finalement, sur les plateaux je n’ai pas touché une seule goutte d’eau. J’ai enchaîné, ensuite avec un autre rôle capital pour moi : celui de Dr Manhattan dans la série Watchmen (HBO, 2019). Cette histoire commence par l’une des plus sanglantes attaques raciales provoquées par le Ku Klux Klan, à Tulsa, en 1921, un événement qui fait écho à ce qui est arrivé à George Floyd il y a quelques semaines. »
3. SON ACTU
« Candyman, réalisé par Nia DaCosta, est écrit et produit par Jordan Peele, qui m’avait repéré pour son film d’horreur Us (2019). Il ne m’avait pas donné un grand rôle pour ce film, mais il m’a dit : “Tu es vraiment bon, tu vas devoir sélectionner tes rôles très soigneusement. Prends garde à ne faire que ce que tu aimes vraiment.” Et il a ajouté qu’il souhaitait m’offrir mon tout premier “premier rôle”. C’est chose faite avec Candyman, l’histoire d’un fantôme sanguinaire apparu après le lynchage d’un peintre noir, Daniel Robitaille, tué sauvagement pour avoir eu une relation avec une fille blanche. Les conséquences de ce meurtre vont se prolonger pendant des années et le film montre que les fantômes créés par la violence des Blancs hantent encore l’Amérique d’aujourd’hui. »
4. SON AVENIR
« Je vais jouer le rôle de Bobby Seale, cofondateur des Black Panthers, dans le nouveau thriller politique The Trial of the Chicago 7, d’Aaron Sorkin (À la Maison-Blanche, The Social Network…) et c’est un grand honneur pour moi d’incarner une telle figure de la lutte pour les droits civiques, d’autant que les dialogues de Sorkin sont toujours savoureux. Ce rôle m’a aussi appris que l’on a au fond de nous les armes pour combattre nos peurs et retourner l’oppression en force brute, et qu’on peut ainsi devenir plus fort que l’oppresseur. Alors quand j’ai appris que j’avais été choisi pour le prochain Matrix, la suite la plus attendue du moment, j’étais comme fou, d’autant que les thèmes abordés dans cet épisode vont faire parler d’eux pour les années à venir. Mais je ne peux rien dévoiler, si ce n’est que Keanu Reeves est un partenaire de jeu fabuleux. »