GQ (France)

Les coulisses de SuperStitc­h.

Expert en denim, Arthur Leclercq répare vos jeans avec des machines d’époque, et vend même son propre modèle dans son QG parisien.

- PAR JULIEN LAMBEA PHOTOGRAPH­IES COLIN LE DORLOT

AAU 13 RUE RACINE, tout près de la place de l’Odéon à Paris, l’atelier-boutique SuperStitc­h interpelle les passants, qui voient depuis sa grande vitrine les machines à coudre à l’ancienne. Une dizaine de reliques parfaiteme­nt fonctionne­lles qui attirent les connaisseu­rs et les curieux dans cet espace où le denim est roi : chez SuperStitc­h, ou plutôt chez Arthur Leclercq, 31 ans, on peut faire retoucher ou réparer son jean favori mais aussi chiner une trucker jacket vintage qu’on pensait introuvabl­e et s’offrir le LR01, le premier jean made in Japan signé SuperStitc­h.

LA NERVURE EN HOMMAGE

« LR01 », c’est pour Lydie et René, les grandspare­nts d’Arthur qui lui ont insufflé sa passion pour le travail manuel : si son grand-père lui a légué le goût de la mécanique, l’aiguille que lui avait donnée sa grand-mère pour réparer son jean troué d’ado trône dans un cadre au mur de l’atelier. Mais c’est sa mère qui fut à l’origine de sa vocation pour la toile de Nîmes en lui offrant, quand il avait 13 ans, son premier jean Edwin. Le denim brut presque cartonné de la pièce le pousse à fréquenter forums et blogs, qui lui font découvrir les machines nécessaire­s à sa confection. « Ce qui me passionne vraiment, c’est sa forme, explique-t-il. C’est un pantalon qui a été fabriqué en grosses quantités, et il ressemble à ça à cause des contrainte­s de fabricatio­n. C’est ce qui donne son charme aux jeans anciens : selon le montage, il y a des endroits où ça va froncer. » Preuve ultime de cet amour du détail, il a tenu à recréer sur son jean une petite nervure, défaut de certains jeans Levi’s des années 1970.

EFFET « VAGUELETTE »

Après une « scolarité assez chaotique », Arthur devient tourneur-fraiseur puis décide de revenir à sa passion et réussit à se faire embaucher chez Edwin. Vendeur, responsabl­e puis commercial pour la marque japonaise en France, il lui vient l’idée de faire un service de retouche spécifique aux jeans avec les bonnes machines américaine­s d’époque et finit par se lancer en faisant l’acquisitio­n de « la machine la plus mythique de l’atelier », l’Union Special 43200G. Dédiée uniquement aux ourlets point de chaînette, cette machine de collection conçue dans les années 1940 a une signature particuliè­re, le « roping effect » : elle décale la matière quand elle pique et crée un effet « vaguelette » sur le bas de pantalon.

UNE DOUZAINE DE MACHINES À COUDRE

Aujourd’hui, l’atelier SuperStitc­h ouvert depuis mars (après plus d’un an chez Holiday Boileau) possède la plupart des 12 à 15 machines nécessaire­s pour fabriquer un jean dans les règles de l’art. On peut donc y faire réparer les modèles les plus rares et anciens. Et même peut-être, un jour, y créer son propre jean sur mesure.

SITE : SUPERSTITC­H. PARIS TARIFS : 25 € POUR UN OURLET. 30 € POUR RÉPARER UN TROU. 70 € POUR REFUSELER UNE JAMBE. 50 € POUR RESSERRER LA CEINTURE. BRODERIE (PRIX SUR DEMANDE). JEAN LR01 : 290 €.

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 ??  ?? En plus des services de réparation haut de gamme, Arthur Leclercq a fait développer sa propre lessive qui permet aux jeans de se délaver sans grisailler (en vente à l’atelier).
En plus des services de réparation haut de gamme, Arthur Leclercq a fait développer sa propre lessive qui permet aux jeans de se délaver sans grisailler (en vente à l’atelier).
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