Découvrez Zwift, l’application qui révolutionne le cyclisme.
Participer à une course ou s’entraîner sans avoir à sortir de chez soi, c’est ce que propose la plateforme d’e-cycling Zwift. Utilisée comme outil de travail par les pros, et plébiscitée par les amateurs pendant le confinement, l’appli pourrait bien changer votre manière de rouler.
ENREGISTRANT UNE CROISSANCE DES connexions de près de 350% et des pics d’affluence inédits, jusqu’à 35000 usagers connectés en simultané, la plateforme d’entraînement virtuel Zwift cartonne depuis début 2020. Le temps d’un printemps confiné, elle a permis à des milliers de cyclistes, professionnels comme amateurs, de continuer à rouler et garder contact avec leurs équipiers. À l’été, elle a offert une alternative à tous les passionnés privés de Tour de France IRL et organisé une Grande boucle virtuelle, en partenariat avec Amaury Sport Organisation. Trois week-ends de course ont ainsi été programmés en juillet. Soit six étapes d’une heure environ disputées sur home-trainer par plusieurs stars du peloton comme Christopher Froome, quadruple vainqueur du Tour, mais aussi Julian Alaphilippe ou encore Nicolas Edet. Grimpeur de l’équipe Cofidis, fort de sept participations au Tour, ce dernier utilise Zwift depuis près de trois ans : « À l’époque, je cherchais un moyen de faire passer le temps plus vite car les séances sur home-trainer sont rapidement barbantes. Je trouvais le contenu sympa, proche du jeu vidéo. Depuis, je l’utilise surtout quand je dois m’entraîner à domicile, que le temps est mauvais. Cela me permet de faire des séances de qualité, de simuler par exemple au niveau des braquets des efforts que je pourrais faire en col alors que j’habite dans une région assez plate. » La plateforme propose, en effet, de rouler dans différents environnements et sur plusieurs types de circuit. Plus ou moins vallonnés, certains retranscrivent même au mètre près de légendaires parcours du cyclisme sur route comme la montée de l’Alpe d’Huez, ses 21 virages et presque 1100 mètres de dénivelé. Capteurs de puissance et cardiofréquencemètre, reliés au logiciel, sont bien évidemment indispensables pour ressentir toute la difficulté du parcours et améliorer son expérience. Une expérience qui tiendra compte aussi du poids de l’utilisateur, préalablement enregistré dans les paramètres, et de son rythme de pédalage pour calculer la vitesse de l’avatar mais aussi gérer le phénomène d’aspira
tion dès lors qu’il y a interaction entre plusieurs e-cyclistes, en course ou sorties de groupe. « Si on cherche véritablement la performance et qu’on veut disposer de données fiables de ce point de vue, assure le coureur amateur Jean-Baptiste Messant, il vaut mieux rouler sur un Direct Drive. » Comprenez un home-trainer à transmission directe généralement plus onéreux qu’un modèle classique sur rouleaux (lire encadré).
PAINCAVE ET WATTS
Inscrit sur la version beta de la plateforme d’entraînement avant même d’avoir l’équipement nécessaire pour pratiquer à domicile, Jean-Baptiste fait partie des principaux animateurs de la communauté française des Zwifteurs. Facebook, YouTube, Instagram… Ce féru d’athlétisme, membre de l’équipe virtuelle 2RR. fr, dispense ses conseils et partage ses sorties sur tous les réseaux sociaux et pédale de trois à dix heures par semaine. Co-créateur de la première ligue française de la plateforme, la FrenchyFusion, il organise des courses en ligne qui rassemblent jusqu’à 500 e-cyclistes en simultané. Mieux encore, il s’est aménagé une salle d’entraînement à domicile. Une « paincave », comme on dit entre initiés, aux couleurs de la marque. « C’est une pièce qui ne servait à rien, tout le monde n’a pas cette chance », poursuitil avant d’insister sur l’utilité de s’équiper d’un bon ventilateur. « À l’extérieur, on peut être gêné par les voitures, le respect du code de la route ou le vent. Là, non. Il n’y a pas de risque de chute, ou de soucis mécaniques. L’effort peut être plus régulier et l’entraînement qualitatif, mais il peut rapidement faire chaud. Généralement, les courses sont plus courtes car plus intenses. » Les Zwifteurs les plus acharnés sont d’ailleurs obsédés par la notion de « puissance en watts par kilos » utilisée pour catégoriser les événements officiels, et celle de « FTP » pour Functional Threshold Power. Autrement dit, la puissance en watt maximale que l’utilisateur peut atteindre sur une heure... Plus on s’entraîne, plus on progresse. Et plus on
joue, plus on avance dans le jeu à coups de nouvelles fonctionnalités acquises ou de nouveaux niveaux débloqués. « Grâce à la gamification et à la création d’un univers très immersif, ce qui était certainement l’exercice le plus ennuyeux au monde est devenu addictif », résume Laurent Janneau, VP Brand and communication de Zwift. Et de rappeler que rendre l’activité « plus ludique, plus stimulante, plus motivante » était l’une des principales priorités des cofondateurs du projet. L’autre ? La création d’un univers social, ou la possibilité de rejoindre une activité de groupe tout en pratiquant, seul, dans son salon. En 2014, au lancement de la version bêta, Jon Mayfield vivait à Long Beach tandis qu’Eric Min était basé à Londres… Six ans plus tard, ils ont été rejoints par des centaines de milliers d’abonnés (essai gratuit de sept jours puis forfait à 14,99 euros par mois). Une nouvelle façon de pratiquer le cyclisme est née et le développement de l’e-sport s’est imposé comme axe de travail de l’entreprise. Les premiers championnats du monde d’e-cycling devraient avoir lieu d’ici à la fin de l’année, un accord ayant été conclu entre Zwift et l’Union cycliste internationale l’an passé. Certains, à l’image de Rod Reynolds, imaginent même le lancement d’une saison d’e-cycling à l’hiver comme il existe une saison de cyclocross. Professionnel de l’événementiel, fondateur de l’agence Dcontract et passionné de vélo « depuis toujours », il a lancé l’une des premières équipes de e-cycling françaises en juillet 2019, The Punchers Club. Sept coureurs au départ. Sept copains d’entraînement, rejoints depuis par une cycliste professionnelle néerlandaise, Puck Moonen. « Une quasi-influenceuse qui compte plus de 480000 followers sur Instagram », souligne Rod alors que les femmes ne représenteraient que 20% des cyclistes virtuels. L’ambition de ce petit groupe au maillot noir et logo blanc, sobre mais classe ? Être un « gamechanger » dans le milieu de la petite reine, sortir le vélo de son univers en montant un club hybride pour courir aussi bien sur route qu’en virtuel. « Être aussi compétitif mais ne pas s’intéresser qu’aux watts. S’orienter sur la création d’une équipe lifestyle » qui pourrait également faire émerger une nouvelle génération de coureurs. « Des jeunes de 18-23 ans qui pourraient porter nos couleurs, du jour au lendemain, sur une course ». Et « des courses, il y en a tout le temps, 24h/24, sept jours sur sept », s’enflamme le trentenaire. Une vraie révolution est à l’oeuvre. En serez-vous ?