GQ (France)

TROIS ROMANS, TROIS AMBIANCES

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LE PALAIS DES DÉSIRS

Au « Palais des orties », ferme perdue dans la campagne française, Nora et Simon développen­t la production de la plante urticante. Pesto, parfums, le couple, bien aidé par ses enfants Noé et Anaïs, se confronte à la dure vie d’agriculteu­rs. Bientôt, Frederica, une jeune woofeuse jaillie de nulle part, va leur prêter ses bras contre le gîte et le couvert. Peu à peu, la jeune femme s’immisce dans la vie familiale bien rangée mais à l’équilibre précaire. Joueuse, intelligen­te et terribleme­nt belle, Fred attire tous les regards, attise tous les coeurs. Jusqu’où va-t-elle bouleverse­r ce petit monde reculé, composé de villageois retors ? Dans ce roman rohmérien qui rejoue le mythe de l’intrus dans la famille, Marie Nimier déploie une prose vive, mélancoliq­ue, et dessine avec une tendresse rare la passion ravageuse qui peut enflammer deux êtres – et les révéler à eux-mêmes.

LE PALAIS DES ORTIES, DE MARIE NIMIER (GALLIMARD), 272 PAGES, 19,50 € UN AIR DE FAMILLE

Pour son troisième roman,

Miguel Bonnefoy, jeune auteur qui se forge une réputation de plus en plus solide dans le paysage littéraire, a choisi de retracer l’histoire d’une famille française, les Lonsonier, sur quatre génération­s, entre Paris et Santiago du Chili. Ce sont plus précisémen­t trois personnage­s que nous allons suivre, tout au long du XXe siècle : Lazare, fils du vieux Lonsonier, Margot, sa fille aviatrice, et enfin Ilario Da, le fils de Margot au destin effroyable. Immigrés en Amérique du Sud, les Lonsonier vont, au fil des décennies et malgré leurs élans de bravoure, subir les horreurs des deux guerres mondiales, mais aussi la terreur de la dictature sous Pinochet, et passer ainsi des ciels européens à ceux de la Cordillère des Andes. Fresque magistrale, où la mort et les secrets semblent rôder autour de chaque motif, Héritage séduit par son écriture, imagée et lumineuse. Une saga familiale de haute volée.

HÉRITAGE, DE MIGUEL BONNEFOY (RIVAGES), 208 PAGES, 19,50 € DÉFAUT D’ORIGINE

C’est le récit d’un petit garçon de dix ans dont on ne connaît pas le nom. Il s’ennuie ferme au bord de la mer, en Normandie. C’est l’été, le petit garçon va chaque jour à la plage, avec sa grand-mère qu’il chérit tant malgré la gêne qu’elle lui inspire parfois.

Un jour, sur la côte, le petit garçon rencontre Baptiste. Et si, enfin, un gamin de son âge se liait d’amitié avec lui, rompant ainsi sa solitude ? Car le petit garçon en question se sent différent, mû par une étrangeté naturelle qui le fait se morfondre la plupart du temps. Sauf dans la famille de Baptiste. Mais s’il admire ce petit clan modèle, il tient à leur cacher ce qu’il est : un orphelin qui jamais n’arrive à trouver sa place. Conçu en courts chapitres et écrit dans un style délicat, Un jour ce sera vide d’Hugo Lindenberg frappe par sa façon d’évoquer les affres de l’enfance. Une voix singulière pour un premier roman fort qui en appelle d’autres à n’en pas douter.

UN JOUR CE SERA VIDE, D’HUGO LINDENBERG (CHRISTIAN BOURGOIS), 176 PAGES, 16,50 €

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