Reda Kateb joue dans Possessions, série franco-israélienne fantastique et étouffante.
PPOLAR DÉSERTIQUE ? Thriller familial ? Twin Peaks sépharade ? Les qualificatifs ne manquent pas pour parler de Possessions, mini-série francoisraélienne diffusée ce mois-ci sur Canal+. Son pitch est à la fois simple et vertigineux : un soir de mariage, alors qu’on rallume les lumières éteintes avant de couper le gâteau, on retrouve le marié égorgé, et la mariée hébétée, couteau à la main, sa robe ensanglantée. Natalie (incarnée par Nadia Tereszkiewicz), une Française installée avec sa famille d’origine juive tunisienne à Beer Sheva, au sud du pays, est placée en garde en vue, où elle va recevoir la visite du viceconsul de France à Tel Aviv,
Karim (Reda Kateb). Le diplomate, bien intentionné quoiqu’un peu perdu, va vite comprendre que les propos confus de la jeune veuve dissimulent quelques secrets, mais aussi des croyances occultes. Alors il entreprend sa propre enquête en parallèle de celle menée par Esti, policière interprétée par une incroyable actrice déjà célèbre en Israël, du nom de Noa Kooler. L’intrigue de Possessions a l’audace de ne jamais chercher à être haletante : elle serait plutôt étouffante, comme l’air du désert où elle se déploie au fil de ces six épisodes. Écrite par Shachar Magen avec la romancière Valérie Zenatti et réalisée par Thomas Vincent, la mini-série se déroule dans cette région d’Israël
peu médiatisée car peu touchée par le conflit interreligieux, et peuplée par les vagues successives d’immigration juive, tantôt orthodoxes, tantôt laïques. Surtout, elle s’appuie sur un casting très féminin (composé, outre Kooler et Tereszkiewicz, de Judith Chemla, Aloïse Sauvage, Ariane Ascaride et Dominique Valadié, impressionnante en mère à la fois toxique et intoxiquée) et explore des thématiques intrinsèques à la féminité : la sacralisation et le sacrifice du mariage, et le corps féminin désiré, redouté, voire possédé par le démon.
Des problématiques peu aisées à aborder dans une série, qui plus est bilingue françaishébreu, mais bien accueillies par Canal+ : « La chaîne a envisagé le projet comme une série d’auteur, elle nous a fait confiance et a respecté nos choix », résume Zenatti. « Un des socles de l’histoire, c’est la question de la croyance et de la non-croyance, de croire ou non en une religion, mais aussi en un récit et des images. » Et c’est en effet, comme chez Lynch, De Palma ou Charlie Kaufman, l’ambivalence des mots et des images qui nourrit Possessions et fait d’elle une curieuse série « fantastique » sans scènes ouvertement effrayantes. C’est aussi une arène où, comme dans les grandes séries d’auteur américaines, de Six Feet Under à Succession, les personnages révèlent à chaque épisode de nouvelles nuances, de nouvelles ambiguïtés – par exemple le père de Natalie, joué par Tchéky Karyo. « Nous avons terminé d’écrire les derniers épisodes alors que les premiers étaient en train d’être tournés, ce qui nourrit beaucoup l’élaboration des personnages, puisque nous les voyions incarnés en direct par les actrices et les acteurs », explique Zenatti. Possessions confirme en tout cas, après Il était une seconde fois (de Guillaume Nicloux et Nathalie Leuthrau) en 2019 ou Amour fou (de Mathias Gokalp) en début d’année, que la mini-série angoissante est en train de devenir une spécialité française.
À PARTIR DU 2 NOVEMBRE SUR CANAL+
aller à l’école à cause des cas contacts, s’ils ne peuvent pas télétravailler. Toute la matinale, j’étais en mode furie ! C’est le genre de combat que je mène. Je veux des gens qui parlent de leur vécu. »
Une manière de parler de politique sans les politiques, en fait…
« C’est très juste. J’adore les interviews politiques, c’est un échange, une tension, vous êtes avec ceux qui sont au coeur du pouvoir de décision. Mais pour un moment de vérité, il y en a cinquante insatisfaisants… Je n’ai jamais vraiment voulu être dans la politique politicienne. Je préfère demander aux politiques “qu’est-ce que vous avez fait pour telle personne en situation délicate ?” plutôt que de poser la question du devenir de la gauche, par exemple. »
Est-ce que vous recevriez dans votre émission une personne comme Zemmour, aux idées souvent limites, qui font parler…
« J’ai toujours pensé que les gens doivent pouvoir s’exprimer. Si Zemmour est face à quelqu’un qui lui apporte la contradiction, solide, vraie, alors pourquoi pas. En revanche, dérouler le tapis rouge à une personne, une opinion, qui parfois flirte avec le délit (insultes, diffamation, racisme…), non. Notre responsabilité à nous, journaliste, est de contredire, de poser les limites, de dire que telle ou telle chose n’est pas vraie. »
« APOLLINE MATIN », TOUS LES JOURS DE 6H À 8H30 SUR RMC ET RMC DÉCOUVERTE