Assaad Bouab, 100 % de talent.
Derrière la caméra de Rachid Bouchareb, sur les planches dirigé par Simon Abkarian ou dans la série Dix pour cent, Assaad Bouab, 40 ans, a trouvé sa place dans le paysage créatif français. Et ce n’est pas pour autant qu’il s’est départi du trac.
rencontrer Rachid Bouchareb. » Les déceptions sont là, aussi : « J’ai refusé des rôles uniquement en lien avec ma double culture. J’ai besoin de savoir où le personnage s’inscrit, comme dans Made in France où je jouais un imam intégriste – Nicolas Boukhrief traite ce sujet de manière juste. » Il précise : « Il y a un travail à faire sur notre histoire, sur la relation entre la France et l’Afrique... De “non merci” en “non merci”, j’espère que ça bougera dans le cinéma français. » Il ne retrouve pas ces offres stéréotypées sur les planches ou dans les productions anglo-saxonnes. Assaad vient de tourner dans une mini-série d’Emily Mortimer, The Pursuit of Love, dans laquel il joue Fabrice, un résistant français : « Personne ne s’est posé la question de mes origines. Ils ont fait appel à l’acteur, et c’est très émouvant… Ça me rappelle une citation de l’émir Abd el-Kader : “Ne demandez jamais quelle est l’origine d’un homme ; interrogez plutôt sa vie, son courage, ses qualités et vous saurez ce qu’il est.” »
ASSAAD S’INTERROMPT. Son regard part en direction de la rue et il lance un : « Camille ! » C’est Camille Cottin – Andréa dans Dix pour cent – qui passe à vélo. Plus tard au téléphone, elle précise : « Dans la série, il me met une pression avec son personnage hyper compétitif. J’ai donc été d’autant plus touchée par son immense gentillesse, sa grande douceur. C’est un partenaire généreux, qui fait vraiment attention à l’autre. » Dans les envies d’Assaad, il y a celle de continuer à faire évoluer son jeu au théâtre et celle de tourner avec Cédric Klapisch : « Mais à chaque fois que je le rencontre, j’ai tendance à perdre mes mots, à avoir les mains moites. » Ce fichu trac qui finira peut-être par s’apaiser vu qu’Assaad se décrit « en chemin » : « Il y a des choses qui se tassent, comme mon impulsivité. Je me sens de plus en plus épanoui et incarné. » Ce qui transparaît dans toutes les partitions qu’il choisit de jouer.
DE SIMON ABKARIAN, ACTUELLEMENT AU THÉÂTRE DE PARIS. DE FANNY HERRERO, QUATRIÈME SAISON À L’AUTOMNE.