Grand Seigneur

Papa, Maman, le lait et moi

- G.S. Jonathan LAMBERT

C’est peut-être l’histoire de la bouteille de lait la plus célèbre d’Hollywood. En 1955, dans les quartiers résidentie­ls de Santa Monica (Californie), de jeunes lycéens trompent la mort dans des duels au couteau et des courses de voitures volées, jusqu’à ce l’un d’entre eux finisse écrasé au bas d’une falaise… Sous le choc et rongé par le remords, son adversaire tente de retrouver ses esprits en vidant à pleines gorgées une bouteille de lait, tout en se rafraîchis­sant le front et les joues au contact du verre réfrigéré. Un geste qui serait sûrement vite tombé aux oubliettes du cinéma si le buveur de lait n’était autre que James Dean, alias Jim Stark dans La Fureur de vivre (Nicholas Ray). Lorsque le film sort en salles à la fin de l’année, James Dean s’est tué un mois plus tôt au volant de sa Porsche 55O Spyder sur la route de Salinas et Nathalie Wood (Judy), qui partage l’affiche avec lui, s’est déjà tapée une bonne partie de l’équipe (dont Dennis Hopper), faisant du film une véritable tragédie en technicolo­r sur le désarroi de la jeunesse américaine.

Bouteille au frais et cheveux en arrière… Pour Jonathan Lambert, toute la beauté du lait, c’est James Dean dans La Fureur de vivre.

UNE SCENE DE LAIT 100% CULTE

Caviardé de ses scènes les plus gays par Universal (on y voyait James Dean rouler quelques patins à Sal Mineo, alias « Platon »), censuré en Australie pour « incitation à la délinquanc­e juvénile », classé X en Angleterre et projeté sous le manteau en Espagne, le quinzième long métrage de Nicholas Ray (Johnny Guitar) et son jeune anti-héros en T-shirt blanc et coupe-vent rouge de chez Matson’s (la boutique des gangs des 50’s sur Hollywood Boulevard), bouleverse les ados du monde entier, qui n’en peuvent décidément plus du mode de vie de leurs parents, rythmé par le souvenir de la Seconde Guerre mondiale et les menaces de la guerre froide. « Que faut-il faire pour devenir un homme ? », demande Jim Starck en sanglotant, sa bouteille de lait à la main (il en boira les 2/3 tout au long du film), à un père visiblemen­t au bout du rouleau qui fait le ménage en tablier à fleurs (Jim Backus, excellent en quinqua émasculé). Une scène de lait 100% culte, ré-interprété­e devant l’objectif de Charlélie Marangé et avec tout le talent qu’on lui connaît par notre ami Jonathan Lambert, récemment aperçu en robe portefeuil­le (celle de Carine Wang, la boss d’un géant des cosmétique­s) dans le film L’Idéal de Frédéric Beigbeder. Et qui prépare son grand retour sur scène dans la peau de Néron, Dada, Hitler et Staline pour un one man show très inspiré sur l’égo-trip des dictateurs (Looking for Kim), garanti cette fois-ci sans postiche, ni talons hauts, ni bouteille de lait (ou presque).

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de lait préférée.
LOOKING FOR KIM de Jonathan Lambert, le 11 octobre à Bordeaux et du 8 novembre au 30 décembre à Paris (La Nouvelle Eve). Jonathan Lambert, le James Dean à la française, en têteà-tête avec sa bouteille de lait préférée.

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