Grand Seigneur

Bu et approuvé

(avec modération)

- Serge ADAM

Mes biens chers frères et soeurs de cocktails de presse, en vérité je vous le dis, le champagne promotionn­el avant 15h n’est plus ce qu’il était. Trop de bulles et pas assez de bavette, l’aigreur nous guette. Et la belle reflue du bec… Passée la troisième coupe à jeun, on en a vu des plus jolies faire le vide autour d’elles. Et voilà qu’après bien des années d’errances à trinquer sans soif, le nouveau Crémant est arrivé. Nouveau Crémant? Disons que l’ancien nous rappelait un peu les mousseux du dimanche aprèsmidi chez Mamie. Mais depuis que les huits Crémants de France, de la Bourgogne à l’Alsace et la Loire, en passant par le Jura, la Savoie, la Drôme (Crémant de Die), le Limoux et l’Aquitaine (Crémant de Bordeaux), se sont hissés au niveau des grands flacons de la Marne (Duval-Leroy, Dom Perignon, etc), pour le même prix qu’un Sprite et un Kebab, forcément ça change tout. Oui, mes amis, vous avez bien lu (et bu aussi) et j’assume ! Les Crémants sont désormais, dans

Moins chers et parfois meilleurs que les Champagnes, les Crémants, ces mousseux premium au prix du Sprite et du Kebab, peuvent-ils relever le niveau des soirées promo?

Serge Adam, notre reporter de buffet, pense que oui. Un témoignage troublant pour toute la profession.

leur belle majorité, des vins mousseux de qualité et d’appellatio­n contrôlée avec des raisins entiers - souvent - récoltés à la main et un taux d’extraction limitée (100 litres de jus pour 150 kilos de vendange) pour de vaillants nectars qui voyagent sans saoûler, ni ruiner son homme. Rien à voir, donc, avec la roteuse de supermarch­é standard ou la bouteille des frangines de la rue Frochot (Paris 18è).

A PARTIR DE 6 EUROS

Domaine Rollet Père et fils (Crémant du Jura), Aguila (Crémant du Limoux), Cave de Chantagne (Crémant de Savoie), Bestheim (Crémant d’Alsace), Monge Granon (Crémant de Die), MerletBell­evue (Crémant de Bordeaux), Cuvée de Chanceny (Crémant de Loire), je les ai tous caressés, goûtés, humés et cajolés avec modération, dans le strict respect du bon sens (un verre, ça va) et de la loi Evin, sans y laisser plus de douze euros la bouteille. Certains poussant même la bonne grâce à démarrer à des prix plancher de six ou sept euros.

Le docteur Freud n’y est sûrement pour rien, mais j’en ai trouvé les prémices de l’ivresse presque… plus sains ! Je m’explique. Pour moi, l’humble buveur de fond de salon, les crémants sont comme des livres de cuisine oubliés dans une maison de campagne, des crêpes à la Bénédictin­e un soir de Novembre sur le port de Honfleur. On est très loin des douches de footballeu­rs un soir de Coupe d’Europe.

Il y a du James de Coquet ( célèbre dandy gastronomi­que des 60's ) dans ces alliages de terroirs, une élégance de Prince et une noblesse d’ouvrier. Un peu comme dans les grands vins qui coûtent moins cher que les mauvais. Pourvu que ça dure, en fait.

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