Grand Seigneur

“LA CUISINE, JE N’EN FAIS PAS TOUT UN PLAT ! ”

- VALÉRIE LEMERCIER Entretien : Olivier Malnuit Photos : Séréna Forgeas / Kearena

Le cinéma Vogica, les Mozart du chocolat et la folie des pyjamas… Pour la réalisatri­ce de Marie-Francine, la comédie est un plat qui vient de l’intérieur. Entretien au saut du lit.

Valérie Lemercier, Marie-Francine, votre dernier film, a fait un carton cette année avec un nombre incroyable de scènes de lit et de cuisine…

— V.L. : C’est vrai qu’il y a peut-être beaucoup de cuisine, de petits-dej’ et de chambre à coucher dans ce film. Pour le rôle de Miguel, le chef qu’interprète Patrick Timsit, on a même tourné chez Jamin, le resto de la rue de Longchamp (Paris 16e) où Robuchon a eu sa première étoile. Mais bon, c’est plus intéressan­t de filmer quelqu’un dans sa cuisine que sur un canapé, non ? Personnell­ement, j’adore les scènes dans les cuisines parce que ça touche à l’intimité des personnage­s. C’est d’ailleurs pour ça que je passe ma vie dans ma cuisine...

Depuis votre sketch sur la cuisine à l’huile (un repas entièremen­t préparé à base d’huile, ndlr), on vous imagine mal en cordon bleu…

V.L. : C’est parce que vous n’avez pas goûté mon Quatre-Quarts au citron ! Je peux faire la cuisine pour dix personnes s’il le faut. Quand je prépare un dîner, je cuisine tout moi-même, même le dessert. Je déteste acheter chez le traiteur. Ma mère cuisine très bien, mes trois soeurs aussi, pour nous c’est naturel. Mais la cuisine je n’en fais pas toute une affaire, je ne traverse pas Paris pour aller acheter de la viande, je ne fais pas 500 kilomètres pour aller dîner. Et jusqu’à peu, je faisais entièremen­t mes courses chez l’épicier en bas de chez moi. En fait, je trouve un peu surestimée l’idée qui consiste à faire d’un bon chocolatie­r un nouveau Mozart. Dans mon dernier spectacle, j’avais un personnage comme ça : Bubulle, un restaurate­ur qui se prenait très au sérieux sur le pain d’épeautre et les couteaux de Thiers. Après votre rôle de Béatrice de Montmirail dans Les Visiteurs (ou Lady Palace dans la série Palace de Jean-Michel Ribes), tout le monde vous prenait pour une bourgeoise du 16e arrondisse­ment de Paris. C’était faux ?

V.L. : C’est drôle, parce qu’en réalité je connais toujours aussi mal ce quartier. Je viens de la campagne, mes parents étaient agriculteu­rs à Gonzeville, une petite commune de 100 habitants en Seine-Maritime. Simplement, la première fois que je suis venue à Paris voir ma cousine, sa grandmère habitait rue de la Pompe. Et j’ai trouvé ça fascinant, pour moi c’était du chinois, très exotique. Ensuite, j’ai travaillé dans l’agence d’hôtesses MCB à vendre des produits de beauté. Et c’est là que j’ai vu ces filles fascinante­s, très bourges, très aristos, sans trop de diplômes, attendant de se marier, et que j’ai commencé à les faire sur scène... Je me souviens de la patronne de l’agence, elle me trouvait trop godiche et s’était exclamée un jour : « Ça y est Valérie, vous êtes devenue une vraie Parisienne ! » Juste parce que j’avais mis un imperméabl­e. (Rires.) Lors de votre dernier passage sur Europe 1, vous étiez en pyjama dans les studios. Pour cet entretien à La Galerie de l’Hôtel George V (Paris 8e), vous êtes également venue en pyjama. C’est un hommage à Coco Chanel ? V.L. :

Pas seulement, disons que je fais beaucoup de choses en pyjama, c’est agréable et confortabl­e. Normalemen­t, c’est une tenue pour m’obliger à rester à la maison, sauf qu’il m’arrive de sortir avec. Je les fais faire chez Charvet (28 place Vendôme, Paris 1er), je choisis la couleur, le tissu, je les attends parfois six mois, je fais même réparer ceux qui sont foutus. Quant à ceux qui sont en miettes, je les garde. Le plus beau cadeau qu’on puisse m’offrir, c’est un bon pour un pyjama sur-mesure…

100% cachemire, C’est vrai que depuis que votre précédent film, s’est fait massacrer par la critique, vous ne pouvez plus taper votre nom sur Google ?

V.L. :

J’avoue, l’autre jour encore, je cherchais le nom d’un photograph­e avec qui j’avais travaillé et j’ai dû demander à quelqu’un de le faire pour moi. Au fond, toutes ces attaques étaient assez injustes, même Alain Grasset, le critique du Parisien, me l’a dit plus tard. Bon d’accord, il avait bu trois, quatre ou peut-être sept ou huit whiskies… Je me souviens aussi de Vincent Lindon qui, à l’époque, m’avait téléphoné pour me dire : « Ça y est, tu es devenue une star, parce qu’il faut toujours descendre très bas. »

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