Le bloc-notes
DE SYLVAIN TESSON
REMETTEZ-NOUS ÇA !
L’année treize est morte. Une nouvelle année naît. Le monde, lui, s’use, les gens vieillissent (le soleil aussi), mes amis toussent, les montagnes s’érodent, les glaciers reculent, même le gui s’est pendu, et moi, je me suis encore coincé le nerf sciatique. Les années qui passent sont-elles les gobelets d’une noria épuisée, les pétales rouge sang d’un cerisier en pleur, des flambeaux dans la nuit, des figures de proue à la dérive dans la pétole, les pénitents masos d’une procession espagnole, ou bien une farandole de collégiennes fraîches se croyant immortelles ?
ENSEMBLE, C’EST TROP
« Lapenséecollectiveeststupideparcequ’elleest collective:riennepeutfranchirlesbarrièresducollectifsansylaisser,commeunedîmeinévitable, laplusgrandepartdecequ’ellecomportaitd’intelligent ». Toujours se répéter cette phrase du Livre
del’intranquillité de Fernando Pessoa quand on assiste à une manifestation de rue, un mouvement de foule, qu’on découvre un sondage, une pétition ou une page Facebook. On peut aussi se pénétrer de la pensée de Simone Weil qui voyait dans la collectivité « cetêtreabstraitmystérieux,inaccessibleausensetàlapensée » et ne concevait d’espace pour la liberté qu’au seul étage de l’individu. Seul hic, la majorité des gens partagent ces pensées.
UN NOIR EN VERT.
Dany Laferrière à l’Académie française. La nouvelle illumine la fin de l’année 2013. Pourquoi ? Parce que Laferrière est un poète fou, généreux comme une pluie tropicale, un écrivain aux titres explosifs,
QUESTION POUR UN CHAMPION
un voyageur léger et un penseur profond. Il précipite dans ses livres la misère carnavalesque du monde, il écrit avec les manguiers d’Haïti, la queue des soucougnans et des sévères iguanes, les ailerons de requin de la mer des Sargasses, les gravats rouge sang de Port-au-Prince chérie, avec les larmes des vieilles cueilleuses de canne, les tambours rastas de la place des Victoires de Pointe-à-Pitre, les cumulus exhibant leur gros cul au-dessus des volcans de l’arc caribéen, avec le lyrisme de Saint-John Perse, la grâce de Romain Gary et la drôlerie de Rabelais. Voilà pourquoi nous applaudissons. Parce qu’il est un immense écrivain. Et sûrement pas comme l’ont bêlé tous les bien–pensants, champions de l’antiracisme, fidèle de la religion du « métissage » qui croient bien faire en étalant comme une tarte à la crème leur obsession de « la diversité », parce qu’il est noir.
- - QuiaassimilélaTechniqueàunarraisonnement ravageurdenotreplanèteconduisantàmettreen demeurelanaturedenouslivrersesressources? - - MartinHeidegger! - - Oui,bravo,oncontinuelejeu…Unindicesurvos écrans…Quiamontréquechaqueprogrèsvisait àréglerlesproblèmescausésparlesinnovations précédentes? - - ClaudeLévi-Strauss - - Ahoui !C’estbonça !Super-candidat!Quiadéveloppél’idéed’unetechniqueéchappantàsamission deservirl’HommepourdevenirunMolochaffolé, soucieuxdesonseuldéveloppement?
- - JacquesEllul!
- Ohoui !Enroutepourlasuper-cagnotte…Quia prouvélesravagescausésparlesnouvellestechnologiesdanslecerveauhumain? - NicholasCarr! - Bravo!VousvenezdegagnerunécranplatLEDde chezSamsoul3D65’’UEF-4KtripleenceinteMolby stéréo4G.
UNE DÉCEPTION
« Internetnepeutpasêtreconsidérécommeune
sourcesérieuse. » Machiavel, Le Prince
SOULAGEMENT I
La condition de la femme en Inde est déjà suffisamment abominable. Imaginez que le Shiva aux bras multiples ait eu la main baladeuse.
SOULAGEMENT II
La condition de la femme se détériore en Algérie. En 2013 plus de 7 000 femmes ont fait l’objet de violence selon le chiffre (ridiculement trafiqué à la baisse) de la Police du pays (laquelle ne précise pas que les épouses de policiers et gendarmes sont parmi les premières victimes). Une immense vague de protestation a mobilisé les Algériens à la fin de l’année 2013. Contre la violence faite aux femmes ? Non, l’indignation collective s’adressait au président F. Hollande, coupable de s’être réjoui que son ministre de l’Intérieur soit revenu « sainetsauf » d’Alger. Que 2014 nous protège des pharisiens !