OUZBÉKISTAN
LES DESSOUS DE LA ROUTE DE LA SOIE
Derrière la magnificence de Samarcande et Boukhara, l’Ouzbékistan dissimule un régime à la main de fer. Une démocratie de façade où les voyageurs sont choyés alors que le pays endure le joug d’un État régulièrement dénoncé par les ONG.
Derrière la magnificence de Samarcande et Boukhara, les fameuses cités de la Soie, l’Ouzbékistan cache l’un des régimes les plus répressifs du monde. Une démocratie de façade où les voyageurs sont choyés alors que le pays endure le joug d’un État régulièrement dénoncé par les ONG.
Les fans ouzbeks de Lara Fabian ont de quoi être déçus ! Le 23 octobre2013, un communiqué de presse rédigé par l’Association chrétienne pour l’abolition de la torture (Acat) fait l’effet d’une petite bombe. « Tandisquemeurentenprisonceux quiontélevéleurvoixpourlaliberté,LaraFabian vaclôturerlefestivalannuelStyle.uzArtWeekà Tashkent,unévénementcrééen2006parGulnara Karimova,lafilleduprésidentIslamKarimov,visantàredorerl’imagedupaysetàpromouvoirle régimedupère,aupouvoirdepuisprèsd’unquart desiècle(…)EnOuzbékistan,lalibertéd’expressionestréduiteànéant,lemoindrecourantdissidentestréprimé,lesopposants, lesjournalisteset lesdéfenseursdesdroitsdel’hommesontemprisonnésettorturésparfoisjusqu’àlamort » précise Christine Laroque, la responsable des programmes Asie de l’ACAT. « Lebilandramatiquedesdroitsde l’hommeenOuzbékistanestnotoire.Lespersonnalitésinvitéesdanslepays nepeuventl’ignorer. »
Dans l’urgence, quatre jours avant son concert, la chanteuse belge réagit sur sa page Facebook et annule la représentation prévue le 27 octobre2013 à Tashkent, la capitale de l’Ouzbékistan. Refusant d’être une « vitrine » du régime, elle s’est dite « profondémentblessée » et « choquéeparl’amalgamepolitiqueetlarécupération(dontelle)fait l’objetdanslapresse ». « Jetiensàrappelerque depuisvingt-cinqans,j’aitoujourseuàcoeurde fairepasserenchansons,desmessagesuniversels d’amour, de paix etde tolérance (…) » écrit-elle dans un long post autant destiné à ses fans qu’aux critiques « Macarrièreetmesengagements témoignent de mes valeurs,etje suis choquée quel’onpuissepenserdemoiquejecautionneun régimenerespectantpaslesdroitsdel’homme ». Le « fait divers » aurait pu en rester là s’il ne mettait en exergue la dimension machiavélique de l’une des nations les plus mythiques d’Asie centrale. Comme une pièce de monnaie, le pays porte en effet deux visages antagonistes : l’un lumineux et l’autre beaucoup plus sombre. Côté « face », il y a tout d’abord un Ouzbékistan héritier d’une histoire millénaire et de monuments exceptionnels. Samarcande, Boukhara, Khiva… Trois villes, trois musées à ciel ouvert fleuron de l’architecture islamique de l’Asie centrale. Par leur seul nom, les grandes cités mythiques des routes de la Soie évoquent le fabuleux patrimoine légué par les caravanes( 1). « Onvientdumondeentierpouradmirernosmonuments,alorsilfautbienserésoudre àadmettrequ’ilssontincomparables » plaisante un peintre de miniatures qui acceptera de parler de tout… Sauf de politique « Cesontsurtout les Français qui viennent découvrir notre pays.