POINTS CHAUDS
Déconseillés par le ministère des Affaires étrangères, rarement
proposés par les tour-opérateurs, mis au ban des nations par l’Occident, guère démocratiques et parfois dangereux, les « pays interdits » cachent néanmoins des trésors insoupçonnés. Est-il raisonnable de s’y rendre ? Quels sont les points chauds à éviter ?
LES PAYS EN PROIE À LA GUERRE CIVILE
L’incompréhension entre les groupes religieux et/ou ethniques est à l’origine de ces conflits où la communauté internationale peine à faire entendre sa voix. En dépit de la dureté des combats, les guerres civiles sont, depuis la fin de la guerre froide, en diminution à l’échelle mondiale.
SYRIE
Depuis le printemps 2011, la Syrie est le théâtre d’une guerre civile sans précédent qui paralyse le pays et le plonge dans une crise à la fois politique, économique et humanitaire. À l’origine des conflits, des manifestations réclament la mise en place de réformes démocratiques et politiques. Mais rapidement, les principaux foyers de la révolution syrienne sont la cible d’une répression extrêmement violente de la part du régime de Bachar Al-Assad. Les affrontements se généralisent entre partisans du régime et combattants de l’opposition, elle- Les norias (pompes hydrauliques) de la ville d'Hama témoignent de la grandeur du patrimoine syrien. même divisée en multiples factions qui se livrent une guerre sans concession. Malgré la récente structuration de l’opposition et la pression de la communauté internationale, la situation semble s’enliser. Les actes terroristes se développent dans le pays et aux frontières, rendant tout déplacement extrêmement dangereux.
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Le coup d’État du 24 mars 2012 marque la prise du pouvoir par la coalition rebelle Séléka et plonge le pays dans une situation de grande instabilité politique et de crise humanitaire. Au cours des dernières années, les conditions de vie de la population civile, victime d’exactions et de crimes de guerre, de même que la situation économique du pays, se sont nettement dégradées. Aujourd’hui encore, en dépit de l’intervention française, la situation demeure périlleuse. La menace terroriste, tout comme le risque d’attentats et d’enlèvements y compris à l’encontre des étrangers, est élevée dans toute la zone sahélienne.
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE
DU CONGO
Depuis plus de vingt ans, la République Démocratique du Congo est fragilisée par les conflits qui sévissent sur son territoire et dans la région des Grands Lacs. Malgré l’implication de la communauté internationale et le renforcement de l’armée nationale, l’est du pays demeure le théâtre d’affrontements entre les FARDC (forces armées de la République Démocratique du Congo) et le groupe rebelle du M23. Les troubles récurrents et les difficultés économiques ont entraîné une montée de la délinquance et des actes de violence à l’encontre de la population civile. La criminalité touche également les étrangers, qui sont régulièrement la cible de vols et d’escroqueries.
LES PAYS CONFRONTÉS AU TERRORISME
Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et les interventions militaires qui ont suivi en Irak et en Afghanistan, l’essentiel du terrorisme international se concentre désormais sur le continent africain avec une prédominance dans la zone sahélo-saharienne. La prise d’otages de touristes étrangers constituant une des bases du modèle économique de ces groupes liés à la nébuleuse Al-Qaïda, il est particulièrement dangereux d’y voyager…
MALI
Le Mali est entré en 2012 dans une crise sécuritaire et politique dont l’industrie touristique est l’une des premières victimes. Les groupes armés qui ont pris le contrôle de la majorité nord du pays suite au coup d’État du 22 mars 2012 ont instauré un climat d’insécurité et de tensions, où pèsent des risques d’enlèvement et des menaces terroristes. Dans un tel contexte, tout déplacement au Mali, même dans les zones touristiques, est devenu dangereux. Si la si- tuation semble s’être apaisée depuis le début des opérations militaires en janvier 2013 et l’élection du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta en août 2013, les trois quarts nord du pays restent classés en zone rouge.
YÉMEN
Contrairement aux crises syriennes et libyennes, la crise politique yéménite, débutée en 2011, s’est rapidement soldée par un consensus entre les différentes parties, conduisant à une transition politique pacifique. En pratique, le processus de transition se heurte aujourd’hui à des contestations, et le risque d’attentats politiques et d’oppositions armées contre le gouvernement est réel. Outre les actes de piraterie maritime qui surviennent régulièrement dans le golfe d’Aden, la recrudescence d’enlèvements et d’actes terroristes préoccupe particulièrement la communauté internationale. Le Yémen est devenu le refuge de nombreux combattants d’AQPA (Al-Qaïda dans la péninsule arabique), que le gouvernement yéménite ne parvient pas à chasser.
AFGHANISTAN
Depuis 2001, date d’arrivée de la coalition internationale dans le pays, le conflit afghan s’est régionalisé et a gagné en violence et en intensité. Aujourd’hui, la situation sécuritaire demeure instable, avec une recrudescence d’attentats sous plusieurs formes (attaques suicides, enlèvements, engins explosifs improvisés…), aussi bien dans la capitale qu’en province. Le gouvernement afghan peine à asseoir son autorité, alors même que le retrait progressif des troupes de l’OTAN appelle à une plus grande responsabilité et un plus grand contrôle de la sécurité par les autorités afghanes. La présence des Talibans, leurs attaques perpétuelles et leur volonté de reprendre le contrôle du gouvernement sont préoccupantes pour l’avenir du pays. La population civile afghane est la première victime de l’instabilité politique et sécuritaire. Dans le même temps, la criminalité a fortement augmenté au cours des dernières années, en particulier celle liée au narcotrafic et à la contrebande.
SOMALIE
Malgré un processus de transition politique appuyé par la communauté internationale qui semble en bonne voie, la Somalie reste marquée par une situation sécuritaire et humanitaire alarmante. La milice islamiste Al-Shabaab, liée à Al-Qaïda, contrôle encore une grande partie du pays. Elle multiplie les attaques terroristes et les enlèvements, y compris dans les zones supposées reprises par le gouvernement et hors des frontières somaliennes. Le tourisme est fortement déconseillé sur l’ensemble du territoire, ainsi qu’au large des côtes somaliennes qui font l’objet de fréquents actes de piraterie. La Somalie fait également partie des pays les moins respectueux de la liberté de la presse selon Reporters Sans Frontières. L’insécurité qui règne sur le territoire somalien limite considérablement l’aide humanitaire, dans un pays frappé par la pauvreté et la malnutrition.
LIBYE
Après huit mois de guerre civile, la révolution libyenne de 2011 a mis fin à l’ère Kadhafi et à quarante-deux ans de dictature. Pour autant, le climat demeure instable et l’insécurité grandissante, faisant de la Libye l’une des destinations les moins propices au tourisme actuellement. Et si le pays est maintenant en phase de transition, la fragilité de la situation politique entraîne des manifestations et des troubles civils sur l’ensemble du territoire. La présence de bandes armées et de groupements terroristes, en particulier aux abords des zones frontalières, rend les déplacements dangereux. Les eaux territoriales libyennes sont aussi la cible d’acte de piraterie maritime. Les représentations diplomatiques étrangères en Libye sont devenues la cible d’attaques fréquentes.
IRAK
Pour beaucoup, l’Irak s’apparente au « pays du terrorisme ». Et il est vrai que plus de dix ans après l’intervention de la coalition militaire et la chute de Saddam Hussein, l’Irak semble ancré dans une situation de crise politique et sécuritaire sans précédent. L’ensemble du territoire irakien, notamment la capitale Bagdad, vit désormais au rythme des violences et des attaques régulières d’insurgés et de groupes terroristes. Dans ce contexte, seule la région autonome du Kurdistan apparaît comme une alternative possible.
PAKISTAN
Malgré l’hospitalité de son peuple et la richesse de son territoire, le Pakistan est confronté à une instabilité politique et à une crise humanitaire, couplées d’une progression inquiétante de l’extrémisme religieux. Le risque de violences à caractère terroriste, criminel ou ethnique à l’encontre des étrangers est réel, et ce dans toutes les régions du Pakistan. L’Himalaya du nord pakistanais, qui était jusque-là préservé des violences, a récemment été le théâtre d’un raid meurtrier contre un groupe de touristes alpins, revendiqué par les Talibans. Cette attaque a tiré la sonnette d’alarme sur les dangers du tourisme au Pakistan. Les attentats visant les lieux publics sont devenus récurrents, y compris aux abords et dans les lieux touristiques.