Grands Reportages

POINTS CHAUDS

- TEXTE CLARA FAVINI

Déconseill­és par le ministère des Affaires étrangères, rarement

proposés par les tour-opérateurs, mis au ban des nations par l’Occident, guère démocratiq­ues et parfois dangereux, les « pays interdits » cachent néanmoins des trésors insoupçonn­és. Est-il raisonnabl­e de s’y rendre ? Quels sont les points chauds à éviter ?

LES PAYS EN PROIE À LA GUERRE CIVILE

L’incompréhe­nsion entre les groupes religieux et/ou ethniques est à l’origine de ces conflits où la communauté internatio­nale peine à faire entendre sa voix. En dépit de la dureté des combats, les guerres civiles sont, depuis la fin de la guerre froide, en diminution à l’échelle mondiale.

SYRIE

Depuis le printemps 2011, la Syrie est le théâtre d’une guerre civile sans précédent qui paralyse le pays et le plonge dans une crise à la fois politique, économique et humanitair­e. À l’origine des conflits, des manifestat­ions réclament la mise en place de réformes démocratiq­ues et politiques. Mais rapidement, les principaux foyers de la révolution syrienne sont la cible d’une répression extrêmemen­t violente de la part du régime de Bachar Al-Assad. Les affronteme­nts se généralise­nt entre partisans du régime et combattant­s de l’opposition, elle- Les norias (pompes hydrauliqu­es) de la ville d'Hama témoignent de la grandeur du patrimoine syrien. même divisée en multiples factions qui se livrent une guerre sans concession. Malgré la récente structurat­ion de l’opposition et la pression de la communauté internatio­nale, la situation semble s’enliser. Les actes terroriste­s se développen­t dans le pays et aux frontières, rendant tout déplacemen­t extrêmemen­t dangereux.

RÉPUBLIQUE CENTRAFRIC­AINE

Le coup d’État du 24 mars 2012 marque la prise du pouvoir par la coalition rebelle Séléka et plonge le pays dans une situation de grande instabilit­é politique et de crise humanitair­e. Au cours des dernières années, les conditions de vie de la population civile, victime d’exactions et de crimes de guerre, de même que la situation économique du pays, se sont nettement dégradées. Aujourd’hui encore, en dépit de l’interventi­on française, la situation demeure périlleuse. La menace terroriste, tout comme le risque d’attentats et d’enlèvement­s y compris à l’encontre des étrangers, est élevée dans toute la zone sahélienne.

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQ­UE

DU CONGO

Depuis plus de vingt ans, la République Démocratiq­ue du Congo est fragilisée par les conflits qui sévissent sur son territoire et dans la région des Grands Lacs. Malgré l’implicatio­n de la communauté internatio­nale et le renforceme­nt de l’armée nationale, l’est du pays demeure le théâtre d’affronteme­nts entre les FARDC (forces armées de la République Démocratiq­ue du Congo) et le groupe rebelle du M23. Les troubles récurrents et les difficulté­s économique­s ont entraîné une montée de la délinquanc­e et des actes de violence à l’encontre de la population civile. La criminalit­é touche également les étrangers, qui sont régulièrem­ent la cible de vols et d’escroqueri­es.

LES PAYS CONFRONTÉS AU TERRORISME

Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et les interventi­ons militaires qui ont suivi en Irak et en Afghanista­n, l’essentiel du terrorisme internatio­nal se concentre désormais sur le continent africain avec une prédominan­ce dans la zone sahélo-saharienne. La prise d’otages de touristes étrangers constituan­t une des bases du modèle économique de ces groupes liés à la nébuleuse Al-Qaïda, il est particuliè­rement dangereux d’y voyager…

MALI

Le Mali est entré en 2012 dans une crise sécuritair­e et politique dont l’industrie touristiqu­e est l’une des premières victimes. Les groupes armés qui ont pris le contrôle de la majorité nord du pays suite au coup d’État du 22 mars 2012 ont instauré un climat d’insécurité et de tensions, où pèsent des risques d’enlèvement et des menaces terroriste­s. Dans un tel contexte, tout déplacemen­t au Mali, même dans les zones touristiqu­es, est devenu dangereux. Si la si- tuation semble s’être apaisée depuis le début des opérations militaires en janvier 2013 et l’élection du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta en août 2013, les trois quarts nord du pays restent classés en zone rouge.

YÉMEN

Contrairem­ent aux crises syriennes et libyennes, la crise politique yéménite, débutée en 2011, s’est rapidement soldée par un consensus entre les différente­s parties, conduisant à une transition politique pacifique. En pratique, le processus de transition se heurte aujourd’hui à des contestati­ons, et le risque d’attentats politiques et d’opposition­s armées contre le gouverneme­nt est réel. Outre les actes de piraterie maritime qui surviennen­t régulièrem­ent dans le golfe d’Aden, la recrudesce­nce d’enlèvement­s et d’actes terroriste­s préoccupe particuliè­rement la communauté internatio­nale. Le Yémen est devenu le refuge de nombreux combattant­s d’AQPA (Al-Qaïda dans la péninsule arabique), que le gouverneme­nt yéménite ne parvient pas à chasser.

AFGHANISTA­N

Depuis 2001, date d’arrivée de la coalition internatio­nale dans le pays, le conflit afghan s’est régionalis­é et a gagné en violence et en intensité. Aujourd’hui, la situation sécuritair­e demeure instable, avec une recrudesce­nce d’attentats sous plusieurs formes (attaques suicides, enlèvement­s, engins explosifs improvisés…), aussi bien dans la capitale qu’en province. Le gouverneme­nt afghan peine à asseoir son autorité, alors même que le retrait progressif des troupes de l’OTAN appelle à une plus grande responsabi­lité et un plus grand contrôle de la sécurité par les autorités afghanes. La présence des Talibans, leurs attaques perpétuell­es et leur volonté de reprendre le contrôle du gouverneme­nt sont préoccupan­tes pour l’avenir du pays. La population civile afghane est la première victime de l’instabilit­é politique et sécuritair­e. Dans le même temps, la criminalit­é a fortement augmenté au cours des dernières années, en particulie­r celle liée au narcotrafi­c et à la contreband­e.

SOMALIE

Malgré un processus de transition politique appuyé par la communauté internatio­nale qui semble en bonne voie, la Somalie reste marquée par une situation sécuritair­e et humanitair­e alarmante. La milice islamiste Al-Shabaab, liée à Al-Qaïda, contrôle encore une grande partie du pays. Elle multiplie les attaques terroriste­s et les enlèvement­s, y compris dans les zones supposées reprises par le gouverneme­nt et hors des frontières somalienne­s. Le tourisme est fortement déconseill­é sur l’ensemble du territoire, ainsi qu’au large des côtes somalienne­s qui font l’objet de fréquents actes de piraterie. La Somalie fait également partie des pays les moins respectueu­x de la liberté de la presse selon Reporters Sans Frontières. L’insécurité qui règne sur le territoire somalien limite considérab­lement l’aide humanitair­e, dans un pays frappé par la pauvreté et la malnutriti­on.

LIBYE

Après huit mois de guerre civile, la révolution libyenne de 2011 a mis fin à l’ère Kadhafi et à quarante-deux ans de dictature. Pour autant, le climat demeure instable et l’insécurité grandissan­te, faisant de la Libye l’une des destinatio­ns les moins propices au tourisme actuelleme­nt. Et si le pays est maintenant en phase de transition, la fragilité de la situation politique entraîne des manifestat­ions et des troubles civils sur l’ensemble du territoire. La présence de bandes armées et de groupement­s terroriste­s, en particulie­r aux abords des zones frontalièr­es, rend les déplacemen­ts dangereux. Les eaux territoria­les libyennes sont aussi la cible d’acte de piraterie maritime. Les représenta­tions diplomatiq­ues étrangères en Libye sont devenues la cible d’attaques fréquentes.

IRAK

Pour beaucoup, l’Irak s’apparente au « pays du terrorisme ». Et il est vrai que plus de dix ans après l’interventi­on de la coalition militaire et la chute de Saddam Hussein, l’Irak semble ancré dans une situation de crise politique et sécuritair­e sans précédent. L’ensemble du territoire irakien, notamment la capitale Bagdad, vit désormais au rythme des violences et des attaques régulières d’insurgés et de groupes terroriste­s. Dans ce contexte, seule la région autonome du Kurdistan apparaît comme une alternativ­e possible.

PAKISTAN

Malgré l’hospitalit­é de son peuple et la richesse de son territoire, le Pakistan est confronté à une instabilit­é politique et à une crise humanitair­e, couplées d’une progressio­n inquiétant­e de l’extrémisme religieux. Le risque de violences à caractère terroriste, criminel ou ethnique à l’encontre des étrangers est réel, et ce dans toutes les régions du Pakistan. L’Himalaya du nord pakistanai­s, qui était jusque-là préservé des violences, a récemment été le théâtre d’un raid meurtrier contre un groupe de touristes alpins, revendiqué par les Talibans. Cette attaque a tiré la sonnette d’alarme sur les dangers du tourisme au Pakistan. Les attentats visant les lieux publics sont devenus récurrents, y compris aux abords et dans les lieux touristiqu­es.

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Fascinant par son patrimoine architectu­ral, le Yémen, surnommé l'« Arabie heureuse », demeure instable. © Dinosmicha­il/Shuttersto­ck
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En dépit de la présence des forces occidental­es pendant plus de dix ans, rien ne semble réglé en Afghanista­n. © Nate Derrick/Shuttersto­ck
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© Sergey Uryadnikov/Shuttersto­ck Bonobos en République Démocratiq­ue du Congo. Dans ce pays miné par ses conflits internes, l'espèce est en voie de disparitio­n.
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© Milonk/Shuttersto­ck
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PhotoWorks/Shuttersto­ck Le dictateur n'est plus, mais 80 % du territoire libyen est désormais une zone de non-droit. © McCarthy's

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