FRAÎCHEUR DES WADIS ET SOUL MUSICALE DE LA VEILLÉE SONT DES CADEAUX DU CIEL
Nous voyons alors une troupe de compères débarquer en 4x4. Il s’agit de musiciens drapés dans leurs belles gandourahs appelées dishdashas, avec le kumah, ou calot brodé originaire de Zanzibar vissé sur la tête. Ils s’installent près du feu, à même le sable, et nous auront droit à un petit concert improvisé, à base d’oud et de tablas. Chants gutturaux et notes légères grimpent directement vers les étoiles… Vers 21 h 30, nos hôtes installent notre couchage dans la partie du campement réservée aux étrangers : en un tournemain, les matelas empilés dans un coin sont alignés, coussins et couvertures arrangés, et ils se retirent dans leur tente. Extinction des lanternes (il n’y a ni électricité ni eau courante).
Vers 7 heures, nous sommes réveillés par le raffut des petites chèvres que les femmes sortent de l’enclos. Ces dernières vont ensuite au puits pour la corvée d’eau, pour les besoins domestiques seulement, l’eau potable étant livrée tous les deux jours par camion. Quant aux hommes, ils sont souvent absents, conduisant des affaires en ville, avec leurs chameaux dans le désert, ou sur la côte afin de se procurer les sardines séchées servant de complément alimentaire pour le bétail. Après le thé et les galettes cuites sur le feu, les ateliers : henné pour ces dames, sous la houlette de Wineyeh, une voisine experte de la tribu des Al Junebis, et volontiers facétieuse. Quant à nous, nous suivons Humied derrière un cordon de dunes, où une piste de course brute de décoffrage voit s’opposer quelques jeunes bédouins et leurs dromadaires de 3-4 ans, pressés d’en découdre. Juste avant le départ, les animaux renâclent, poussant d’affreux gémissements, puis, au signal de M’barak, leur entraîneur barbichu, les méharistes sautent sur leur dos en relâchant les mors. Les bêtes se détendent en avant comme des ressorts, les baguettes fouettent les cuirs épais : la course est lancée, dans un nuage de poussière !