ZEN ATTITUDE…
Par définition, le zen est une discipline bouddhiste fondée sur la méditation, exigeant une discipline rigoureuse du corps et de l’esprit, dans le but de parvenir à l’illumination, soit une compréhension « claire » de la réalité, débarrassée de nos inclinations narcissiques et des excès du rationalisme. Par extension et dans un raccourci saisissant - ce ne sera pas la première fois… - l’Occident a associé le zen à une « attitude » de laquelle on retient, surtout, l’apparence du calme et de la tranquillité. Cool le zen ? À la lecture de notre reportage (voir page 20), la réponse sera à l’évidence mesurée, car long et exigeant est le chemin à parcourir pour atteindre l’illumination bouddhiste. Ces préventions étant faites, on ne reprochera pas à l’Occidental de rechercher, précisément, des atmosphères « cool », qui tranchent avec un quotidien où le stress arrive à un tel niveau qu’il devient nécessaire de larguer les amarres. Dans cette oeuvre de salubrité publique, n’ayons pas peur du mot !, GrandsRepor
tages a quelques cordes à son arc. Pour le coup, nous vous emmenons découvrir dans ce numéro un petit coin de paradis, encore préservé et de ce fait à visiter sans trop attendre au risque qu’il ne soit moins tranquille dans le futur. Au sud de la péninsule d’Arabie, partageant ses frontières avec le Yémen, pays magnifique mais gangrené par les activités du groupe AQPA (Al-Qaïda dans la Péninsule arabique), qui en a fait sa base et son fief dans la région, et la guère riante Arabie Saoudite, Oman fait figure d’exception. D’abord parce que le Sultanat offre une exceptionnelle variété de géographies sur une superficie pourtant deux fois inférieure à celle de la France, d’où ce concentré de paysages et de cultures qui en sont les résultantes, dont nombre de pays peuvent légitimement être jaloux. Oman a tout, ou presque : des fjords et une côte belle et sauvage, à peine perturbée par le moteur des dhows qui naviguent dans le décor féerique de la péninsule du Musandam, haut lieu néanmoins stratégique du détroit d’Ormuz ; un arrière-pays montagneux (le Jebel ach-Chams culmine à 3 009 mètres) où l’on voyage d’oasis en châteaux médiévaux (plus d’un millier !) via des canyons à couper le souffle ; sans négliger le désert et ses Bédouins qui, pour un peu, arriveraient à nous faire oublier nos désirs sahariens aujourd’hui inassouvis.
Lastbutnotleast : dans le contexte géopolitique actuel où les pays du Maghreb et du ProcheOrient sont déstabilisés par des lendemains de printemps arabes hoquetants et nécessairement chaotiques, des guerres civiles et/ou des actes terroristes, Oman est l’un des rares pays dans le monde arabo-musulman dont l’évocation ne nous renvoie pas aux combats fratricides et mortels entre les communautés, mais, au contraire, au progrès, au droit des femmes, à la démocratie, le tout avec la volonté de préserver la culture et l’identité locale. Un éden utopique, Oman ? Si tant est que les édens soient de ce monde et que les utopies puissent résister aux tentations totalitaires inscrites dans leur germe par leur obsession à tout prévoir et contrôler, on n’ira pas jusque-là. Mais dans un golfe persique dominé par des monarchies qui s’échinent à bâtir des shopping centers et édifier des tours toujours plus hautes( 1), on avoue notre penchant pour les maisons basses de Mascate (la capitale) et la pérégrination entre oasis et djebels. Oman a du pétrole, certes. Mais pas que.