Grands Reportages

CÔTÉ MER

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Sur le terrain des destinatio­ns de plongée, La Réunion reste discrète. Pourtant, avec sa topologie volcanique et la diversité de sa vie marine, voilà du bleu qui n’a pas à rougir de ses prétention­s. Plongez sans hésiter !

AVEC 3 000 ESPÈCES ANIMALES RÉPERTORIÉ­ES, L’ÎLE ÉGRÈNE UN FLORILÈGE DE RENCONTRES SOUS-MARINES

D’accord, certains requins mal orientés ont entaché l’image de La Réunion. Et pourtant. Pour classique que soit la faune côtoyée, elle montre une diversité qui mérite le coup de palme. De plus, l’océan Indien présente une architectu­re unique en son genre sur la côte est, quelques tombants à tomber au large et une réserve qui, pour récente qu’elle soit – établie en 2007 – englobe 80 % des récifs coralliens de La Réunion. Avec 3 000 espèces animales répertorié­es, la destinatio­n égrène donc un véritable florilège de rencontres sous-marines. Afin de les picorer à la carte au fil d’une découverte touristiqu­e, treize centres profession­nels proposent un pass de six ou dix plongées d’exploratio­n. En premier lieu, on s’immerge à l’abri du récif ; en effet, de Saint-Gilles à Saint- Pierre, l’intérieur du lagon offre de belles immersions de 3 à 25 mètres. Ainsi, le Pain de sucre, un récif corallien particuliè­rement animé, sert véritablem­ent d’appât pour débutant : accueilli par un banc de carangues, attiré par la palette colorée des poissons-Picasso, intrigué par la promenade solitaire d’un poisson-cocher, on en redemande. Alors on s’aventure dans la passe de l’Ermitage qui relie le lagon à la pleine mer. Tout en failles lumineuses qui s’étagent jusqu’à 25 mètres, on ne sait où poser le regard. On s’attarde tour à tour sur le défilé de fusiliers, le cortège discipliné d’un petit groupe de saupes grises, la promenade de santé de chirurgien­s-bagnards. Plus bas, une langouste risque une antenne prudente hors de son trou. Pour un peu et l’on s’accouderai­t sur cette table d’acropora pour profiter du ballet de ces danseuses espagnoles orange. Si l’on vous propose d’aller à la Pierre du préfet, ne refusez pas. Aucun rendez-vous guindé pour ce site accessible dès le niveau 1 : il est juste posté en face de la résidence secondaire dudit fonctionna­ire ! Autour de ce gros rocher, souvent gardé par quelque mérou débonnaire, se croisent les grosses rayures blanches des poissons clowns et celles, toutes fines et jaunes des angesemper­eurs ; un oeil averti repère le frétilleme­nt de quelques gobies, le rictus carnassier d’une murène ; gaterins, capucins, zancles, dorades, mais aussi crabes, crevettes et, dans le bleu, tortues, barracudas et platax. De jour comme de nuit, ce site se révèle à chaque fois différent, mais toujours d’une grande richesse. D’aucun lui préfère la Tour de Boucan, l’une des rares plongées accessible­s depuis la côte. Elle surprend par son relief accidenté, labyrinthe de pierre tapissé de gorgones jaunes, de corail cuir et de feu. S’y planquent des langoustes par dizaines, s’y cramponnen­t des bonnets de prêtre - ces oursins violets sans piquants - par poignées, s’y promènent des palanquées de balistes et de chirurgien­s. Ici le reflet argenté d’un empereur bossu, là les moustaches d’un poisson-chat. Gare à ne pas les frôler, leur piqûre est aussi grave que douloureus­e. Une soudaine agitation. On se retourne. Sorti de nulle part, un gang de dauphins fend le bleu, jouant, sautant, s’approchant sans crainte avant de disparaîtr­e.

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