LA RÉUNION COMPTE AUSSI DES EXPLOS PLUS SPORTIVES, PARFOIS UNIQUES EN LEUR GENRE
La Réunion réserve aussi des explorations plus sportives, parfois uniques en leur genre. Ainsi, sur la terre ferme, le sud entrouvre la porte des furies volcaniques, promet des paysages désolés de la côte au vent. Sous l’eau aussi, le volcan a apposé sa brûlante signature. Avril1977 : le piton de La Fournaise éructe sa colère mais épargne la modeste église de Piton-Sainte-Rose. On crie au miracle. Dans l’Océan, un autre miracle : la lave figée, torturée, a sculpté des centaines de cavités désormais habitées par le stylaster, le très rare corail rose. Une dentelle que l’on retrouve sur le site du JeanPatrick au large du Grand-Brûlé ; ici, les coulées basaltiques tirent une immense langue de l ave dans le bleu ombrageux. Il faut alors descendre jusqu’à près de 40 mètres pour contempler ces délicates broderies effleurées, de temps à autre, par les ondulations d’un calmar. Et les épaves alors ? On en convient, leur nombre est limité, leur intérêt inégal, et leur accès réservé aux plongeurs chevronnés. Cap au large du cimetière marin de Saint-Paul ; on vise l’imposante tonne d’amarrage squattée par des pétrels. Et l’on se laisse glisser le long de l’impressionnante chaîne. Par 22 mètres de fond, posée sur un désert de sable noir, se détache la silhouette d’une barge, sans âme, contrôlée par une section de raies-torpilles. Transformée en pension pour rascasses et poissons-pierres, ptéroïs et cochers, poissons trompettes et fusiliers, elle témoigne d’une activité qui contraste de façon complètement saisissante avec le décor lunaire alentour. Il faut compter une bonne heure de navigation depuis Saint-Gilles pour trouver l’Haï Sïang. Ce langoustier taïwanais, coulé dans les années 1980, est resté intact. Posé par 56 mètres de fond, il est assez peu fréquenté et le temps d’immersion trop court pour rencontrer tous ses locataires : balistes et trompettes, loches et capucins, chirurgiens et vivaneaux. Visiteuse inattendue, une tortue verte. Au palier, avec un peu de chance, là encore, un thazard vous matera d’un oeil rond. Un site. Allez, un site à ne pas manquer : la Pointe au Sel, souvent évoquée d’une mine gourmande ; une heure de route depuis Saint-Leu et on atteint ce tombant, l’un des plus foisonnants de La Réunion. O n d es ce n d tou t d’abord sur le platier à 25 mètres pour frayer avec une foule bigarrée : le bleu des chirurgiens, le vert des perroquets, le rose des anthias, les rayures des lutjans, les queues blanches des demoiselles. Et l’on se laisse glisser lascivement, entraîné dans une valse par des carangues, suivi par une tortue curieuse, ébloui par la sarabande de poissons cochers. Une drôle d’ombre ; on lève la tête vers un vol de raies mantas. Moment d’incroyable plénitude. Soudain, le courant se lève. Avec un peu de chance on croisera un requin citron ou un thon dents-de-chien avant de remonter à bord.