BRAVEHEART ET MACBETH SONT QUELQUES-UNS DES PERSONNAGES QUE L’ON CROISE ENTRE LOCHS ET LANDES…
AuMoyenÂgeonnommaitledoublele corps astral, écrivait Gabriel Delanne en 1909 dans Lesapparitionsmatérialiséesdes
Quoi de neuf du côté des fantômes ? Avec le whisky et le rugby, c’est l’une des bases de la trilogie écossaise. Dans les beaux paysages mouillés de brume, dans les landes rosies par la bruyère, sur les lacets à une voie, truffées de cadavres de grouses, les voyageurs rationalistes n’en pensent pas moins : « Vivement un petit spectredederrièrelesfagots! » En Écosse, les fantômes sont aussi vieux que les vieilles pierres qui les enferment. Fruit d’une histoire violente qui a laissé son cortège de ruines : lutte contre les Vikings, combats fratricides entre clans, résistance à l’avancée anglaise, ou guerre de religion dont firent les frais les cathédrales papistes… « vivants & des morts, et nous avons rappeléqu’enÉcosseetenAllemagnelephénomène des apparitions de vivants était assez fréquent pour que l’on ait appelé ces fantômes du nom de Wraith, dans le premier, et de Doppelgeanger dans le second. » Walter Scott n’a fait que puiser dans ce répertoire inépuisable pour le mettre en scène : ajoutez un plaid de tartan, une ctaymore bien affûtée, des glens et des lochs et le décor est campé pour toujours. Même le futur révolutionnaire Blanqui, pourtant peu enclin aux délires de l’imagination, lorsqu’il voyage en Écosse en 1823-24, voit dans les poteaux blanchâtres qui bordent les routes des évocations fantomatiques. Madame du Deffand avait la réponse la plus sensée du monde quand on lui demandait si elle croyait aux fantômes : « Non, mais j’en ai peur. » Dans cette géographie du mythe, certains lieux sont plus évocateurs que d’autres : voici un petit itinéraire en forme de dictionnaire, invoquant la pleine lune et de sinistres lambeaux de brume.
Il est idéalement placé, dans le miroir noir du loch Assynt. Quelques pierres branlantes ne rendent pas honneur à son importance historique : c’est ici que fut capturé en 1650 le brave Montrose, qui était descendu des Orcades avec son armée pour venger la mort de Charles Ier. Il résonne encore du cliquetis des chaînes et le sang n’y est pas tout à fait sec… depuis que Shakespeare a fait de Macbeth, le thane de Cawdor, son héros le plus célèbre.
Vigie décharnée sur la mer du Nord, il n’est jamais plus impressionnant que dans la tempête avec le ricanement des mouettes en bande-son. Dans ses cachots, des Covenanters préférèrent en 1685 perdre
Ardwreck.
Dunnottar.
Cawdor.