GLASTONBURY EST INFUSÉE D’UN ESPRIT DE CONCORDE ET DE TOLÉRANCE
Suzy, Elaine et Mary virevoltent gaiement au sommet du Tor, insolite relief surplombant Glastonbury, dans les dégradés de pourpres qui fardent l’horizon. Fleurs dans les cheveux, vêtues de robes légères et de froufrous romantiques, leurs entrechats primesautiers participent au sentiment de félicité bucolique qui règne sur ce belvédère naturel. Un échalas nommé Daygan distille sur sa mandoline des notes mélancoliques, comme des gouttes de rosée, alors qu’un ménestrel chauve et barbichu jongle avec des quilles aux couleurs de l’arc-en-ciel. Ce promontoire domine de 158 mètres le paysage bocager alentour, issu d’anciens marais asséchés qui l’encerclaient jadis, accréditant la légende faisant de Glastonbury la mythique île d’Avalon. S’y ajoutent le panorama à 360 degrés sur les comtés du Somerset, Wiltshire et Dorset, la lumière diaphane des extrémités du jour, et cette intrigante tour médiévale chapeautant le sommet… Entouré des moutons placides et des lapins folâtres éparpillés sur ses pentes et par le petit peuple des bardes, danseuses et saltimbanques réunis pour le spectacle du couchant, j’y vivrai, fraîchement débarqué sur l’aéroport de Bristol, à une heure de route à peine, des instants de pure contemplation, ainsi qu’une magnifique introduction à l’univers de la fée Morgane et de Merlin l’enchanteur. Retour au centre-ville de Glastonbury, pimpant comme un sucre d’orge. High Street, la rue principale, aligne allègrement les boutiques d’art sacré, images gothiques ou newage, de soulfood ou de cristaux, les centres de méditation, yoga, « transes créatives », cours de reiki ou purification chamanique, les librairies ésotériques, les cafés végétariens nimbés de musique planante, les herboristeries ayurvédiques, les jardins « Pachamama friendly », les boulangeries écolo, les friperies bobo-branchouille, les officines de piercings… On croise de nombreuses femmes en longues jupes colorées, sacs en patchwork, châles romantiques, et d’hommes en chemises flottantes, barbes fleuries et chapeaux bastringues… Tel commerçant arbore un bijou de cuivre en forme de chakra sur le front, telle caissière vous donne du « sweetie » et les serveuses vous appellent gentiment « darling »; il règne ici, décidément une drôle d’ambiance bohème, décalée mais infiniment plaisante ! Visite au temple de la Déesse, espace de spiritualité syncrétique, voire holistique, puisque chacun est libre d’y pratiquer son culte, ses prières, ses rituels, dans le respect des autres et de la paix qui y règne, bercée par les vapeurs d’encens et le halètement régulier des vagues que diffuse la sono. Tableaux et sculptures évoquent la Matriate, principe supérieur, déité d’essence féminine et naturaliste censée guider le monde. Gong, poudres shivaïtes, tambour chamanique, cristaux et divers artefacts confir-