QUANTITÉ DE LIEUX MYTHOLOGIQUES CONTINUENT D’ALIMENTER LA LÉGENDE ARTHURIENNE
ment que l’on est bien dans un lieu sacré. Une douzaine de personnes de tous âges et origines sont assises en tailleur, agenouillées ou accroupies, plongées en elles-mêmes. D’autres pèlerinages, encore, au pied du Tor, et notamment deux sources « karmiques ». La Source Rouge, d’abord, parce que ferrugineuse, dans le jardin dit Puits du Calice : un enclos de recueillement et de silence, grâce à une succession de recoins aménagés près des sources, fontaines, puits et bassins, propices à l’introspection, la baignade, la prise d’eau thermale ou la méditation. Et l’insolite Source Blanche, dans un caveau où il faut monter patte… blanche justement. Ressemblant à des catacombes aquatiques, on y évolue d’abord à tâtons, cerné par un bruit de cataracte. Les yeux s’habituant, on découvre alors une crypte fascinante dans les lueurs des lampes à beurre : bassin circulaire central pour les ablutions, où « ilestOKdes’immergernu », alcôves transformées en chapelles, chacune décorée de façon personnalisée, avec moult bois flotté, ossements et trophées animaliers… Une femme psalmodie doucement, en secouant le buste d’avant en arrière. Une silhouette en catogan vaticine à voix basse, une autre ombre joue du saxo, un solo lancinant qui s’ajoute aux cascatelles sonores de cet antre d’outre terre. On quitte, à regret, une ville infusée, littéralement, de mysticisme, mais aussi d’esprit de concorde et de tolérance.
voici Stonehenge : un triple anneau de pierres (cromlech), géantes et moussues, hiératiques encore, malgré les outrages du temps. Le public-fourmi reste confiné à bonne distance des vénérables blocs, sauf quatre fois par an, lors des équinoxes et des solstices d’été et d’hiver, quand le sanctuaire est alors ouvert à tous. En cette soirée du 20 juin, veille du plus long jour de l’année, ou solstice d’été, une foule disparate, colorée et bon enfant converge vers les « pierres suspendues », à deux kilomètres à pied du parking géant improvisé au milieu des champs. Apex, vortex, chakra, épicentre, coeur, autel celtodruidique ou tour de Babel ? La piétaille innombrable des adorateurs du soleil, venus de la terre entière, finit par dessiner une gigantesque corolle humaine autour du cercle de pierres. Vingt à trente mille citoyens du monde épris de connexion cosmique, juste curieux ou parfois carrément déjantés, vont rester massés, la nuit durant, sur le site, dans l’attente du moment magique : le lever de soleil, qui doit intervenir à 4 h 52 précises. Entre le crépuscule et l’aurore, impossible d’accéder au coeur du cromlech, la foule étant trop compacte pour y glisser autre chose que du papier cigarette. Il flotte là, justement, une odeur de cannabis et règne une frénésie électrique, bien que seuls les instruments acoustiques y soient admis : tout ce que les Îles Britanniques comptent de tambours,
Quelques dizaines de miles plus à l’est,