ET POURTANT ILS EXISTENT
L’absence d’explications rationnelles et scientifiques prouvet-elle l’inexistence de phénomènes jugés « extraordinaires » et échappant à la raison ? Sans tomber dans les délires véhiculés par de mystérieuses sectes qui attendent, sans rire, le débarquement des Martiens sur terre, on peut raisonnablement penser que non. En 2014, on n’a toujours pas compris comment les Pascuans avaient pu transporter et disséminer sur l’île de Pâques ces fameuses statues de pierre, les Moaïs, dont le poids moyen est de 14 tonnes. Plusieurs hypothèses s’affrontent. N’empêche, les 887 monolithes actuellement recensés continuent de narguer la communauté scientifique et de susciter l’émerveillement des voyageurs. Même singularité dans le sud du Pérou, dans le désert de Nazca, où des centaines de géoglyphes représentant créatures animales et figures géométriques sont tracés à même le sol mais sont visibles uniquement depuis le ciel. Quelles sont leurs significations ? S’agit-il d’un calendrier astronomique ? D’une piste d’atterrissage réservée à des vaisseaux d’extraterrestres ? On n’en sait rien, mais pourtant elles existent… Des énigmes de ce type, on en dénombre des centaines de par ce vaste monde, à ne pas confondre néanmoins avec d’autres mystères pour lesquels témoignages et légendes se confondent tant et si bien que nous ne parvenons plus, parfois, à dissocier la réalité du mythe. L’exemple avec ce bon Nessie, la fameuse créature qui hante les eaux profondes du Loch Ness. Le premier témoignage qui rapporte son existence remonte à l’an 532 et, depuis, la police du Comté d’Inverness en a comptabilisé plusieurs milliers ! Sommes-nous devenus assez fous, naïfs, crédules, au point d’avaler sans coup férir des sornettes abracadabrantesques ? Ce serait faire injure à la perspicacité de l’espèce humaine, mais reconnaissons alors humblement notre penchant pour ces histoires mystérieuses, extraordinaires, frissonnantes. Cette inclination remonte à loin, au temps de notre plus tendre enfance où nos parents se délectaient en nous racontant des contes soi-disant merveilleux mais en réalité absolument abominables : de l’abandon parental ( LePetit Poucet) à l’inceste ( Peau d’âne) via les ogres de LaBarbeBleue ou de
La Belle au bois dormant, la liste est longue de ces histoires terrifiantes dont, enfants, nous nous régalions tellement elles nous faisaient peur ! Adultes, nous n’avons rien oublié de ces récits qui se sont additionnés dans notre mémoire et c’est pourquoi nous apprécions, naturellement avec du recul, le subtil ésotérisme des fantômes écossais et des châteaux de Dracula. « Ledroitau
rêve a pour pendant le devoir de vigilance » rappelle, fort à propos, le zététicien Henri Broch. Rêver et voyager : bienvenue dans les territoires mystérieux de ce numéro spécial…