SI LA MÉDINA A LE REGARD TOURNÉ VERS L’ATLANTIQUE, SON CARACTÈRE EST RÉSOLUMENT MÉDITERRANÉEN
Si la Médina a bien le regard tourné vers l’Atlantique, son caractère et son ambiance sont résolument Méditerranéens. Partiellement ceinte de hauts murs - les brassages successifs ont laissé des traces dans le style des constructions - elle aligne nombre de maisons à étages disposant de fenêtres et de balcons ouvragés, contrairement aux habituels murs aveugles des Médina du Maroc. Au hasard des ruelles, un ancien consulat s’impose, la résidence de France apparaît, une ravissante église espagnole se dessine, d’antiques mosquées ou de vieilles synagogues surgissent… Le quartier juif était séparé de la ville européenne par un mur en bois. « C’estcommecelaqu’oncomprenait la séparation à Casablanca, entre le Juif installéchezluiauMarocetlecolonvenuciviliser lesMarocainsenlesconfinantdansleursréserves. AucunEuropéennes‘aventuraitderrièrelemur » témoigne Armand Abécassis dans son livre Rue desSynagogues. Et lorsqu’il s’en étonnait auprès de son père, il lui répondait « LesFrançaisdoivent s’installerconfortablementavantdes’occuperdes autres. »
Casablanca devient vite le poumon économique du Maroc et la ville de tous les mirages. L’essor commercial est tel que la ville s’étend en dehors des remparts et une discipline nouvelle va s’imposer : l’urbanisme. Après le traité de protectorat de Fès de mars1912, le Maréchal Louis Hubert Lyautey est nommé résident général de France. Attaché à la culture du Maroc et particulièrement séduit par Casablanca il va pouvoir mettre en oeuvre sa passion pour l’urbanisme et faire surgir une « Petite Amérique ». L’architecte Henri Prost est désigné pour se mettre à l’ouvrage. La ville devient vite le terrain d’expérimentation d’une nouvelle génération d’architectes issus des bancs de l’école des Beaux-Arts de Paris. Tous les courants s’y sont frottés : Arts déco, art nouveau, le Bauhaus, le fonctionnalisme, le néomauresque,
Laine, céréales, phosphate…