TERRES SAUVAGES
Perdue dans la mer des Caraïbes mais néanmoins découverte par Christophe Colomb en 1493, l’île de Montserrat a connu les pires séismes de la fin du XXe siècle, dus aux éruptions volcaniques des Monts de la Soufrière, son point culminant, en 1995 et 1997. Sa capitale, Plymouth, a été entièrement détruite, obligeant près du trois-quarts de ses habitants à plier armes et bagages. Dans son reportage (page 80), Aurélien Brusini raconte le quotidien de ces Montserratiens qui ont vécu l’enfer et tentent aujourd’hui de reconstruire leur vie dans une île que l’on qualifiait hier de paradisiaque. Prudents, les scientifiques dépêchés sur place avouent leur difficulté à bien cerner et expliquer les processus volcaniques locaux. Des relevés sont régulièrement effectuées, mais, par mesure de sécurité, songez que plus de la moitié du territoire est décrétée « zone d’exclusion », interdite. La situation est unique au monde. La nature, ici, règne en maîtresse, indomptable. Dans le sous-continent indien, entre le Bhoutan et la Birmanie, l’île de Majuli, l’une des plus grandes îles fluviales de la planète, est menacée de disparition. Dans cette région qui subit régulièrement des tremblements de terre, les crues du puissant fleuve Brahmapoutre, à la saison des pluies, emportent des pans entiers de son territoire comme l’expliquent nos journalistes (voir le reportage de Marine Dumeurger et Arnaud Finistre en page 30). Le phénomène est récurrent. À tel point que la superficie de l’île, aujourd’hui de 400 km2, a été divisée par deux en moins de deux siècles. Certains scientifiques avertissent même que Majuli pourrait être rayée de la carte dans moins de vingt ans. L’homme, à défaut d’être vigilant sur ses émissions de gaz à effet de serre qui augmentent la pollution et accentuent le réchauffement de la planète à l’origine des dérèglements climatiques, a-t-il la capacité de vaincre, modifier, le climat ? Rien n’est moins sûr mais, pourtant, certains s’y exercent. Dans le nord de la Chine, région particulièrement soumise à une sécheresse qui menace des millions de paysans et presque autant de têtes de bétail, le gouvernement central a ordonné le lancement d’un millier de roquettes chargées d’iodure d’argent dans l’espoir de faire tomber la pluie. Notez qu’en 2008, à l’occasion des Jeux Olympiques organisés dans la capitale chinoise, Pékin s’était déjà illustrée dans l’envoi de fusées, mais dans le but inverse puisqu’il s’agissait, à l’époque, d’éviter les précipitations venues du ciel. Dans le même esprit, on remarquera aussi les initiatives prises par le Qatar, organisateur de la Coupe du monde de football en 2012. Étant donné les prévisions de chaleur infernale dans les stades dédiés, les ingénieurs subventionnés par les rois du pétrole planchent sur un nuage climatiseur susceptible de faire tomber la température. On n’arrête pas le progrès ? Pas sûr… En attendant, si vous voulez vous confronter à des terres sauvages mais néanmoins accueillantes, nul doute qu’un petit tour du côté la Nouvelle-Zélande, le thème de notre dossier (voir page 36), éveille votre intérêt. Sur ce dernier territoire découvert par l’homme (on situe l’arrivée des Maoris au début du XIesiècle après J.-C.) s’associent volcans à l’intense activité géothermique, fjords imposants, plages pacifiques et montagnes enneigées. Endémiques, la faune et la flore sont exceptionnelles. Symboliques, les tatouages maoris ont fait le tour du monde. Extraordinaires - au sens propre -, les Hobbits de Peter Jackson y ont élu domicile. Comme le rapporte Jean-Marc Porte, dépêché sur place, il s’agit d’un voyage rare et d’une subtile beauté…