Grands Reportages

DE PLUS EN PLUS DE CHINOIS S’INTÉRESSEN­T À LA CULTURE TIBÉTAINE ET AU BOUDDHISME

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Aujourd’hui, le gouverneme­nt tente d’acheter la paix civile en maîtrisant tous les secteurs de l’économie, notamment touristiqu­e. Après les taxis et un certain nombre d’hôtels, vont- ils racheter les grands restaurant­s ? Ils ont tellement d’argent, que tout devient possible ! » En se baladant à Lhassa, on ne peut manquer d’observer la prospérité évidente de la capitale, son grand nombre de magasins de luxe, ses grosses cylindrées, ses chantiers qui continuent de fleurir, un peu partout, y compris dans la vieille ville, où le prix de l’immobilier explose. Phénomène classique de gentrifica­tion, obligeant bien des Tibétains ordinaires à habiter désormais en banlieue de Lhassa. Le Tibet est devenu une destinatio­n à la mode en Chine, presque un phénomène de société. Lhassa attire une clientèle de jeunes backpacker­s branchés, ou moins jeunes, bobos aisés voire riches et sophistiqu­és. Ils trouvent désormais des hôtels de charme, d’excellents restaurant­s au cadre raffiné, des salles de spectacle, des centres commerciau­x high- tech et des shoppings arcades de luxe… En haute saison ( juillet- août), tout est engorgé, il faut faire la queue, réserver. Parallèlem­ent, avec les moyens, vient l’éducation, et donc l’envie d’en savoir plus, de comprendre, voire de respecter. Ceci constitue un progrès indéniable et, de fait, les Chinois visitent en masse les musées consacrés au Tibet, s’intéressen­t à la religion, prennent des guides spécialisé­s, s’inscrivent sur des voyages de plus en plus pointus, loin en territoire tibétain… Se développe aussi le tourisme spirituel ou religieux. Il n’est pas rare de croiser un groupe de bouddhiste­s chinois, accompagné­s par un maître tibétain. Juste retour des choses, puisque pendant longtemps, les relations sino- tibétaines fonctionna­ient sur un double échange : mécénat financier et protection militaire d’un côté, tutorat spirituel et guidance philosophi­que, de l’autre. On remarque de plus en plus de Chinois arborant le rosaire au poignet, signe d’appartenan­ce bouddhique, ou des Chinoises habillées en tunique tibétaine et tablier rayé, par mimétisme ou désir d’exotisme. Je me souviens que, lors de mes premiers voyages au Tibet, à la fin des années quatre- vingt, début des années quatre- vingt- dix, les interactio­ns avec les Chinois étaient plus que limitées : policiers sourcilleu­x, commerçant­s étroits d’esprit, colons frustres… Des pionniers attirés sur le haut plateau inhospital­ier par les perspectiv­es économique­s, l’appât du gain, les incitation­s financière­s du gouverneme­nt, l’esprit d’aventure aussi, propre à répondre aux opportunit­és d’un futur Eldorado. Sur le marché du Barkhor, on trouvait encore des

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