CARNAVALS ET FÊTES SONT REPRODUITS SUR LES MURS, DANS UNE MULTITUDE DE STYLES
murales dont la majorité met en avant les symboles de la culture protestataire, poings levés ou reproductions d’affiches contestataires souvent accompagnées de slogans où émergent les mots « lutte » , « peuple » , « unité » … Mais l’histoire des murales en Sardaigne avait commencé quelques années plus tôt, à l’initiative de Pinuccio Sciola, un artiste de San Sperate, un village proche de Cagliari dans le sud de l’île. De retour d’un voyage au Mexique, inspiré par Diego Rivera et les muralistes des années 1930, Pinuccio décide de faire de son village un paese- museo ( villagemusée), un laboratoire populaire, afin de démocratiser l’art et de le sortir dans les rues. Sa motivation était purement artistique, dans le but de familiariser les habitants à l’art, en choisissant des thèmes liés à leur vie quotidienne, au monde paysan et au travail des champs. « Ici, contrairement à ce qui se passera ensuite à Orgosolo, les sujets choisis n’étaient pas politiques mais poétiques et culturels » , rappelle Pinuccio. Cinquante ans plus tard, avec l’aide de son ami Angelo Pilloni et de nombreux autres artistes, il a réussi son pari et San Sperate, avec plus de quatre cents murales, est devenu l’un des villages incontournables de la Sardaigne, le café de la place principale avec son mur en trompe- l’oeil en étant le plus bel exemple. Par sa forte visibilité, l’art mural est devenu à San Sperate, comme ailleurs, un moyen d’expression à la portée de tous, permettant d’afficher l’image du village et unissant habitants, politiques et artistes.
Aujourd’hui, parmi les nombreux artistes muralistes,
Pina Monne, la plus jeune, et Angelo Pilloni, l’un des pionniers, sont les plus productifs. Ils ont réalisé, ces dernières années, pas moins de cinq cents oeuvres murales dans plus de quarante localités de l’île, qui sont les reflets exacts du quotidien sarde. Pina a voulu peindre la population dans son contexte, transformant Tinnura, son village de deux cent soixante- dix âmes, en musée de plein air, une véritable chronique ethnologique où les habitants se sont volontiers prêtés au rôle de modèle, comme