AU- DELÀ DU PLAISIR, LES RITES DE SÉDUCTION FORMENT LES PRÉMICES D’UNE SEXUALITÉ ENCADRÉE PAR LA SOCIÉTÉ
pour signifier leur appartenance à une noble caste. Dans une autre région du pays, les femmes Yao quant à elle ne se coupent les cheveux que deux fois dans leur vie, à dixhuit et à trente- huit ans. C'est aussi à l'occasion des fêtes qu'elles les parent de couronnes de pompons multicolores, charmant par là les spectateurs. Coiffures, parures, maquillages, bijoux, parfums, danses, chants, mais aussi art culinaire, tous les sens sont mis en éveil pour susciter le désir de l'autre sexe. Au Cameroun, les femmes Bassa cuisinent un plat dont la recette est transmise entre femmes depuis des générations pour séduire les hommes. Par ses arômes, ses épices et son rituel de préparation, on dit que ses parfums vous aguichent à plus de 200 mètres ! Si la beauté dévoilée prévient Anne Varichon. Avec le développement du tourisme, cette ritualisation de la séduction peut aussi virer vers une forme de folklorisation exotique. « Les guides de voyage et les agences touristiques font la promotion de certaines destinations en louant des danses réputées pour leur beauté et leur “authenticité” comme les danses masquées des Dogons du Mali, les danses guerrières des Zulus d'Afrique du Sud ou des Massaïs de Kenya, tout comme les danses de séduction des Wodaabe du Niger » , remarque Mahalia Lassibille. Le pouvoir de la beauté des peuples éveille aussi la curiosité de l'Autre… Le voyageur tombe ainsi sous le charme, où « tout n'est qu’ordre et beauté, luxe calme et volupté » , écrivait Baudelaire dans son poème Invitation au voyage.