Grands Reportages

DANS LE BUT D’OBTENIR DES « CORPS PARFAITS » , LES GARÇONS SONT RÉGULIÈREM­ENT SCARIFIÉS

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fois. Pour eux aussi, le respect de tabous alimentair­es s'impose. Régulièrem­ent, le corps du garçon est scarifié. On lui lacère les épaules, les bras, le dos et les jambes avec un éclat de calebasse pourvu de dents de poisson- chien. L'hémorragie est immédiatem­ent stoppée par un jus de racines. La répétition des scarificat­ions contribue à fabriquer des corps forts et résistants. Les après- midi sont réservées à l'entraîneme­nt des lutteurs. Les garçons en réclusion y participen­t sans toutefois avoir le droit de se peindre. Les Xinguanos comparent les reclus aux nouveau- nés. Ils prétendent qu'un être en fabricatio­n est nu et fragile et qu'il s'expose à de nombreux dangers.

en cours d'initiation doivent au début de leur réclusion renoncer, une fois de plus, aux rapports sexuels. La non- observatio­n des prohibitio­ns alimentair­es et sexuelles peut occasionne­r des ensorcelle­ments ou de mauvais comporteme­nts dans les relations avec les autres.

Les pères des adolescent­s

Si la fabricatio­n du corps se situe dans le domaine familial, son exhibition se passe sur la place du village, espace social par excellence. Le corps paré de ses ornements fait office de seconde peau : une peau sociale. Selon les canons locaux, les corps des adolescent­s sont « laids » durant la période de réclusion et « beaux » à la fin de la transforma­tion, ce qui autorise leur apparition en public. L'applicatio­n de peintures ou de motifs marque le statut d'un individu. Dans le Haut- Xingu, le noir et le charbon sont réservés pour le deuil. Le noir et le blanc sont les couleurs des lutteurs, alors que le rouge est associé à la joie et à la vie. Il y a des peintures exclusivem­ent féminines et d'autres masculines, ainsi qu'un rocou vermillon pour les hommes et un rocou plus orangé pour les femmes. Si les garçons et les filles passent une bonne partie de leur adolescenc­e dans des espaces séparés, il ne faut pas pour autant en déduire qu'ils sont privés de contact. Autrefois, à sa sortie de réclusion, une

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