LES FEMMES, DERNIERS REMPARTS À LA SINISATION GALOPANTE, ET À LA MONDIALISATION INÉLUCTABLE
répondent en hululant sur leurs lusheng. Une pluie glacée crachote son désespoir, mais nul n’en a cure. Les impétrantes, collées à leur smartphone, se font ensuite tirer le portrait, dans les studios photo de fortune qui s’alignent en lisière de la foire, dans des odeurs de graillon et les injonctions des bonimenteurs. Leur photo en couleur leur sera livrée quelques minutes plus tard, grâce à des imprimantes fonctionnant sur des générateurs portables.
ses communautés autochtones, ses costumes bizarres ou merveilleux, son hospitalité souriante, sa vigueur ou son syncrétisme culturel. À la sortie de la ville de Ziyun, Buyis et Miaos Bleus donnent une très charmante fête « pur jus local » sur un énorme remblai, cerné par les chantiers d’une prochaine zone résidentielle. Gravats et tranchées de ce no man’s land un peu glauque n’entament en rien l’ardeur festive et le sourire tranquille de ces gens simples mais vrais, venus « communier » au travers de
Chaque jour, son festival,
leur identité. Au milieu des rizières de Jianlong, admirables de poésie sous l’éclat du colza en fleurs, se déroule le lendemain le festival des Miaos « bambou » en référence à la tige qui tient en l’air les cheveux de la femme mariée, ou au « chignon- corne » , pour les jeunes filles. En marge des danses, ont lieu des combats de coq et un concours de tir à l’arbalète, l’arme jadis favorite des peuples autochtones du Guizhou. À Sizhai, dans le Chang Shun, ce sera le rassemblement des Miaos « chapeau pointu » , déclinant leurs coiffes sur trois modèles distincts. À Xuan Wen, enfin, les Miaos Zhao Xi exhibent des chignons épais en vagues concaves, et les jeunes filles d’incroyables cimiers d’argent évoquant le vol des hirondelles, pendant que des combats de buffles se déroulent juste à côté. Étonnant Guizhou, trituré, écartelé, défiguré, mais conservant encore, ici ou là, d’éblouissantes réminiscences tribales.