DANS CETTE CITÉ EN PLEIN BOOM, L’AMBIANCE EST SURANNÉE. VIENTIANE MULTIPLIE LES CONTRASTES
et surtout les projets. Dans le quartier résidentiel de NongTha Tai, des lacs coiffés de lotus habillaient les parterres. Puis les bulldozers ont débarqué. Beaucoup de remblai, encore plus de bruit et voilà que le gouvernement prévoit d’installer NongTha Paradise, une « ville verte » au coeur de ce havre paisible. Un îlot de soixante- quinze hectares avec des résidences clonées, des hôtels à superlatifs et des malls là aussi aux températures nordiques… mais « en harmonie avec la nature » , précise la brochure. Un peu plus loin, les investisseurs chinois ont eu cette fois raison des paysans et de leurs champs verdoyants. Ici pas de Gloire, pas de Paradis, mais un Nouveau Monde : le « That Luang Lake New World » , équivalent à huit fois le Vatican. En construction, l’entrée en colonnes ioniques dorées annonce la couleur. Voici « le » projet phare qui doit cette fois mener Vientiane au sommet. Un nouveau monde
Vientiane multiplie les contrastes…
où des centaines de tours caresseront les nuages, où des milliers de maisons cubiques caresseront les pelouses, où des millions de Lao caresseront l’espoir de s’installer… ou, au contraire, de ne jamais passer devant ce monstre architectural qui enfielle la saveur surannée de l’actuelle Vientiane. Tout le monde ne rêve pas de nouveauté. En tout cas, de ce type de nouveauté. Alanna, à la tête de deux affaires, six dans quelques mois, veut du changement… mesuré. Cette coquette quadragénaire fait partie des Lao qui font bouger le pays. Elle, qui partage sa vie entre Luang Prabang et Vientiane, préférerait préserver cette délicieuse atmosphère de gros village assoupi sur le Mékong, tout en développant des infrastructures à taille humaine. Même son de cloche chez Kai, une Lao qui vit au Royaume- Uni depuis trente ans et qui envisage d’ouvrir une maison d’hôtes. Comme elle, de nombreux Lao, émigrés il y a des années, revien-