DE NOMBREUSES « PISCINES » NATURELLES ÉGAIENT LA RIGUEUR MINÉRALE DU MASSIF DE SABLE
était autour de 1500 de notre ère. Un navire portugais qui longeait la côte est de Madagascar, fonda, un 15 août, le village de Sainte- Luce, au nord de Fort- Dauphin. Comme ce jour- là était la fête de Saint Laurent, l’un des premiers noms de la grande île fut “l’île Saint- Laurent”. » Autour du feu crépitant, nous buvons les paroles de Toni, notre guide, expert en « légendologie » malgache. Dans un sourire, il reprend : « Quelques années plus tard, un second navire portugais qui longeait, lui, le sud de la côte ouest, fit naufrage au niveau de Ranohira, l’actuelle petite capitale du massif de l’Isalo. Les rescapés essayèrent de traverser l’île en largeur, à pied, pour rejoindre le comptoir de Sainte- Luce, mais s’égarèrent dans les circonvolutions labyrinthiques de cet immense plateau ruiniforme. L’Isalo était alors appelé Ambohidava, la longue colline, et les marcheurs se réfugièrent, épuisés, dans une grotte, connue aujourd’hui comme la grotte des Portugais. Leur leader, un certain Salomon, sympathisa avec les populations autochtones, qui finir ent par appeler leur r etraite Ambohisalo, ou colline de Salomon. Au fil du temps, cette dernière se transforma en I- Salo, le lieu de Salomon, puis s’étendit à toute la région. » Un vent frais caresse les hautes herbes blondes. Le regard se perd dans les myriades d’étoiles accrochées aux nues. Notre petit campement de toile a été dressé en bordure de l’escarpement méridional du massif, appuyé à une herse rocheuse surveillant le passage, bordée de grands arbres. Un lieu idéal pour une étape contemplative. Francis, notre guide équestre, a longé les chevaux en arc de cercle, dans la prairie. Les crinières de 007, Lee- Boy, Carambole, Vanille, Zaff, Pixel… flottent comme des étendards, au gré de la brise vespérale. Quant au cuistot, il nous a préparé un joli feu dans un creux sableux, où nous nous sommes rassemblés au couchant pour l’apéritif, bière à la main. Cette première journée de cavalcade fut idyllique. Je revois l’écurie des Rênes de l’Isalo, toute en pierres naturelles, bois et chaume, dessinant un fer à cheval intimiste. Les huit demi- race malgaches piaffant d’impatience dans leurs boxes : ils avaient senti qu’une belle sortie se préparait ! Notre petit groupe quittant l’enceinte du complexe hôtelier du Relais de la Reine et du Jardin du Roy et s’enfonçant dans les insolites reliefs de grès ondulant au- dessus de la steppe. L’allure paisible au pied des falaises, entrecoupée de petits trots jubilatoires, au sein d’horizons aussi vastes qu’inspirants…
– des toilettes panoramiques, ouvertes aux quatre vents, aménagées en plein air – que je savoure le spectacle du jour naissant. Le ciel griffé de rose s’étire jusqu’aux moutonnements des collines enserrant la plaine infinie. Un air de premier matin du monde flotte sur le camp. Des Pachypodium, ou pieds d’éléphants, émergent des fissures, tels des baobabs bonzaïfiés. Deux villageois à vélo semblent, le long d’un ruisseau, deux fourmis vacillant en équilibre sur un fil doré. Si le paysage est royal, le petit déjeuner n’en est pas moins princier : café italien, crêpes, cake, tartines grillées, ronde des confitures et corbeille de fruits. Sur le chemin du retour, nous nous rapprochons du Parc national, qui occupe la bordure nord du massif. Au loin, nous apercevons les maisons d’Ilakaka, jadis minuscule lieu- dit de quinze toits, aujourd’hui, bourg- champignon de
Ce matin, c’est depuis un trône royal