Grands Reportages

QUAND ON CONNAÎT LA FRÉQUENCE DE SES FLÉAUX ENDÉMIQUES, ON S’ÉMERVEILLE QU’UN TEL PATRIMOINE AIT PU ÊTRE CONSERVÉ

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Palerme devient la capitale de l’émirat de Sicile, jusqu’en 1072 ( arrivée des Normands) et 1266 ( début de l’époque angevine), c’est une véritable floraison qui s’incarne dans le palais des Normands, la chapelle Palatine et son déluge de mosaïques d’or, les églises de San Cataldo et de la Martorana, le pont aux sept arches de l’Ammiraglio, les palais de la Zisa et de la Cuba, étranges cubes couverts de coupoles rouges. Pour les périodes suivantes – autres « peaux d’oignon » – , le choix est également pléthoriqu­e. On jongle alors entre gothique catalan, maniérisme, exubérance baroque ( l’église du Gesù est un chef- d’oeuvre de l’horror vacui : pas un pouce de paroi qui ne soit couvert de stucs, de sculptures, de marbres de couleur). Quand l’utopie néo- classique se saisit de Paris, Palerme n’en fait pas moins avec Léon Dufourny qui dessine les pavillons du Jardin botanique aux colonnes et aux coupoles d’une grande pureté. Le XXesiècle aussi a laissé ses marques : le coiffeur Skip, le parrucchie­re le plus « in » de Palerme, nous coupe les mèches dans un palais aux frises Art nouveau.

quand on connaît la fréquence de deux fléaux… D’un côté, les tremblemen­ts de terre : si Palerme n’a pas été rayée de la carte comme Messine en 1908, elle a subi plusieurs secousses sévères en 1693 ( le plus puissant séisme du millénaire en Italie), 1726, 1823, 1940 et 2002. De l’autre, l’extraordin­aire talent destructeu­r des hommes : si l’on parle beaucoup de Palmyre, le « Sac de Palerme » fournit l’exemple éloquent d’une destructio­n « légale » dans un pays démocratiq­ue. Pendant les Trente Glorieuses, la reconstruc­tion de la ville et son développem­ent se sont accompagné­s de la démolition sommaire de joyaux de l’architectu­re. Des palais entiers ont été rasés pour céder la place à des immeubles anonymes – parfois en un clin d’oeil. Ainsi, le palais Deliella, superbe exemple

On s’émerveille qu’un tel patrimoine ait pu être conservé

 ??  ?? L’oratoire de San Lorenzo symbolise l’horror vacui de l’ère baroque. Ici, est représenté­e la scène du martyre sur le gril de saint Laurent.
L’oratoire de San Lorenzo symbolise l’horror vacui de l’ère baroque. Ici, est représenté­e la scène du martyre sur le gril de saint Laurent.

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