Construction et mise à l’eau : le baptême !
Après cinq heures de route depuis Stockholm, c’est un peu groggy que nous atteignons, à Gunnerund, le centre d’accueil de Vildmark i Värmland, logé en pleine forêt. L’organisation est rondement ficelée. Une jeune instructrice blonde, Jessica, nous remet trois lourdes caisses de matériels et entame un topo soutenu, sur la construction et la navigation. Quoi de plus simple en apparence que de glisser au rythme du courant ? « Bien des couples s’y sont cassé les dents » nous prévient-on. On comprend alors que la navigation pépère peut rapidement dégénérer. Les dangers ont l’air multiples : bancs de sable, rochers affleurant, courants contraires, sans compter le vent, la pluie, et le courant rapide de la rivière Klarälven en ce début juin, qui nous promet une navigation mouvementée. Il est neuf heures du matin, le lendemain, lorsque l’on nous débarque à cent kilomètres au nord de Gunnerund, à Branäs, sur une plage au sable râpeux où s’empilent des troncs destinés à la construction des radeaux. La cinquantaine, le visage buriné, l’instructeur Bengt-Åke prend en main notre équipe. « Votre radeau se construit à flot car il pèsera une tonne à la fin. La qualité de l’assemblage déterminera sa solidité dans l’eau. » Les coudes plongés dans la rivière, dans une eau à treize degrés, nous retenons tant bien que mal les grumes qui préfèrent le courant à nos maladroites manipulations, pour nouer en fin de compte près de deux cents mètres de cordages sur trois plateformes de rondins posées l’une sur l’autre. Après cinq heures à travailler d’arrachepied, notre radeau est fin prêt. Nous poussons enfin notre monture sur les eaux, pour cinquante kilomètres d’aventures !