EN ROUTE VERS LE CAMP DE BASE
C’EST SANS AUCUN DOUTE L’UN DES ITINÉRAIRES LES PLUS POPULAIRES DE LA PLANÈTE. DE SON INCROYABLE BEAUTÉ, LE TOIT DU MONDE AIMANTE LE REGARD ET ATTISE LES CONVOITISES. AUX COURAGEUX QUI SE HISSENT JUSQU’AU CAMP DE BASE, À PLUS DE CINQ MILLE MÈTRES D’ALTITU
Toutes les infos pour réaliser le trek mythique !
Lukla, sept heures du matin. Sans transition, en moins d’une heure, on est littéralement catapulté de la chaude vallée de Katmandou à quelques kilomètres de l’Everest à vol d’oiseau – autant dire rien, comparé au trajet qu’effectua l’expédition de reconnaissance de Bill Tilman en 1950. La civilisation est là, malgré tout : agglomération de lodges et de magasins aussi achalandés qu’à Katmandou, Lukla est une fourmilière dédiée au business du tourisme. Différence de taille, l’absence totale de véhicules rend l’air bien plus respirable. Après une arrivée au petit matin, il faut compter deux heures de marche, après le passage de la porte dédiée à Pasang Lamu, première Népalaise au sommet de l’Everest, pour atteindre Phakding, première étape possible après une descente vers les berges chaotiques de la Dudh Kosi. Les plus en forme pourront poursuivre jusqu’à Monjo, moyennant 1 h 30 de marche supplémentaire.
LA PORTE D’ENTRÉE DU KHUMBU
Le chemin agréablement pavé grouille de porteurs et de convois de bêtes de somme qui « alimentent » le haut Khumbu en absolument tout : denrées alimentaires, pour certaines encore vivantes, matériaux de construction, bouteilles de gaz, équipement de la maison… Attention aux passages de pont : face au pouvoir de réflexion somme toute limité d’un yack, l’humain n’est jamais prioritaire. Pour éviter tout incident ; lorsque vous croisez une caravane de yacks ou de chevaux en chemin, montez sur le bord supérieur du sentier, versant amont (et surtout pas côté aval où vous risqueriez de
chuter en cas de bousculade impromptue). Monjo marque le point d’entrée dans le haut Khumbu, celui tout du moins où l’on paie l’indispensable permis d’entrée dans le Sagarmatha National Park. Après une courte montée, on atteint le Larja Bridge, le pont le plus spectaculaire de tout le Khumbu, immortalisé dans le film Everest, adaptation du récit Tragédie à l’Everest de Jon Krakauer, en 2015. Cette vertigineuse passerelle permet de franchir la Dudh Kosi une nouvelle fois pour atteindre, quelque six cents mètres plus haut, et au prix de nombreux lacets, la capitale du Khumbu : Namche Bazar.
NAMCHE BAZAR, CAPITALE SHERPA
Namche est le village emblématique du Khumbu, identifiable entre mille par ses maisons aux toits bleu et vert, disposés en fer à cheval dans un cirque naturel face à l’Ama Dablam (6 812 m) et le Thamserku (6 623 m). On ne manquera pas son marché, et c’est assurément un bon endroit pour passer au moins deux nuits d’acclimatation, en occupant ses journées à découvrir les villages de Khunde et Khumjung, situés sur un large plateau en amont de Namche. C’est à Khumjung, dans un petit monastère, que l’on peut « admirer » le célèbre « scalp » du yeti. Ce que l’on ne pourra s’empêcher de faire, quand bien même l’ADN dudit scalp a révélé depuis longtemps qu’il ne s’agissait en réalité… que d’une vulgaire peau de bique…
LE MONASTÈRE DE TENGBOCHE
Une fois quitté Namche, une longue traversée à flanc offre des vues époustouflantes sur l’Ama Dablam et, dès les premières plateformes aménagées le long du sentier, où trônent des stupas d’un blanc éclatant, sur l’Everest tant attendu, et la muraille impressionnante du Lhotse, quatrième sommet du globe (8 516 m) et pourtant éclipsé par la fascination exercée par son illustre voisin. Depuis Sanasa, le sentier principal descend abruptement jusqu’à la Dudh Kosi, qu’il franchit en un lieu nommé Phunki Tenga (3 250 m), où il fait bon boire un thé avant la pénible remontée jusqu’à Tengboche (3 860 m). Une demi-journée de marche suffit ainsi pour atteindre le monastère le plus important du Khumbu, qui accueille en quasipermanence une cinquantaine de lamas. Si vous choisissez de ne pas passer la nuit à Tengboche, mieux vaut vous arrêter à Pangboche (3 990 m) pour s’assurer une parfaite acclimatation – d’autant que ce charmant village face à l’Ama Dablam mérite d’y passer deux à trois heures à flâner au milieu des habitations. Dans tous les cas, le sentier principal du Khumbu traverse de nombreux villages, à quatre-vingts pour
Des cieux azur où resplendissent les glaciers aux drapeaux colorés des gompas, on renoue avec la pureté des origines
Après une journée sur le sentier, on s’abandonne devant une tasse de thé, dans la douce chaleur du lodge
cent constitués de lodges, ce qui permet d’adapter les étapes à votre acclimatation et à vos envies. On marche rarement plus d’une heure sans rencontrer un lodge, pour boire un thé, une bière (une Everest, forcément) ou y passer la nuit. GLACIER GÉANT Depuis Pangboche, le sentier monte tranquillement jusqu’à Pheriche en longeant l’impressionnante et très esthétique falaise du Taboche (6 542 m). C’est au niveau de Pheriche que l’on laisse, à main droite, la vallée de l’Imja Khola, la face sud du Lhotse, le lac Imja et le Baruntse (variante recommandée) pour se glisser, le long de la Lobuche Khola, dans l’ultime vallée de ce trek vers le camp de base. En amont de Pheriche, le sentier monte doucement vers Dughla (ou Thokla, 4 620 m), avant de s’attaquer à la moraine frontale du glacier du Khumbu, porte d’entrée d’un univers de très haute montagne. Au sommet de la moraine, alors qu’on ne distingue encore de la langue du glacier géant qu’un enchevêtrement chaotique de pierraille d’où émergent çà et là quelques lacs d’une eau laiteuse, on découvre le mémorial érigé à la mémoire des victimes de l’Everest, encore à bout de souffle, et soudain confronté à « l’envers du décor » du mythe Everest. Dans un lieu d’une intense beauté, entre la pyramide parfaite du Pumori (7 161 m), dans le fond, et l’impressionnant Nuptse (7 861 m) à droite, on est soudain rattrapé par la puissance des lieux, incarnée par les cairns, stupas, plaques commémoratives qui égrènent à l’infini les patronymes,