Autour de Cusco
L’ACCLIMATATION DE L’INCA
Sous le soleil de Cusco, une mi-juin d’hiver austral pleine de promesses ? Sac d’expé sur les épaules, notre petite troupe remonte pour la dernière fois les volées de marches des ruelles pentues de Villa San Blas au rythme (ou presque…) des valeureux chasquis de l’empire Inca. Six jours d’altitude suffisent à vous transformer en messagers-trailers des Qhapaq Ñan ? À encore 750 kilomètres plein sud des deux « vrais » treks qui nous attendent du côté de Huaraz, nous bouclons ce soir notre marathon d’acclimatation, quelque part entre la rue des Sept-Diables et celles des Sept-Anges. Un marathon aussi confortable que remuant ? De sites en sites, le premier volet de notre petite trilogie a non seulement parfaitement rempli son rôle, physiologiquement parlant. Mais aussi… culturellement. Coup double dans la principale région « touristique » du Pérou ? Les grands sites de Cusco sont derrière nous, des ors baroques de la cathédrale aux stèles du temple du soleil (Coricancha), des murs gigantesques de Sacsayhuamán aux centaines de musiciens et de danseurs réunis sur la place d’armes à quelques jours des célébrations d’Inti Raymi. Nous avons écumé la Vallée sacrée, les rives et les hauteurs de l’Urubamba, des salines de Maras aux ruines silencieuses d’Huchuy Qosqo, des sites de Pisac jusqu’à l’Ollantaytambo, sans oublier les splendeurs de Moray ou le must-do de Machu Picchu. Côté cordillères, à peine le temps d’un regard vers le
La grande Cusco et ses alentours : un tremplin au coeur inca du Pérou pour peaufiner en beauté et en émo on l’acclimata on du groupe, avant la montée en puissance des i néraires de « pur trek ».
sommet de la Verónica (5 682 m) ou les lointains glaciers de Vilcanota. Nos carnets de route sont remplis de fragments de pur Pérou. La densité du ciel au bout d’une ruelle. La splendeur des paysages agricoles et des terrasses blondes accrochées aux pentes. Un marché local. Une paysanne assise devant sa boutique, qui tricote des bonnets de laine (what else). Les verticales de jungle tombant sur les eaux de l’Urubamba. Le bercement du ferrocarril vers Aguas Calientes. La chaleur, la sueur et l’émerveillement offert au bout des mille neuf cents marches qui mènent, loin au-dessus du speed et de la foule du site, au sommet dominant Machu Picchu. Moment d’exception ? Les poignées d’heures et la nuit passée avec la petite communauté quechua de Patabamba, avant de randonner – lamas en tête de groupe ! – sur les fantastiques balcons d’altitude rejoignant les cols et le chemin inca qui retombent sur Huchuy Qosco. La tête pleine des fragments de cultures inca et quechua transmis par notre guide Berner, nous bouclons ce véritable yoyo d’acclimatation de l’acte I de notre périple. Demain, vol retour sur Lima ? Profiter alors de la grande Cusco. Dédales des ruelles. Escaliers et « buenas noches » pleins de sourires. Lumières du soir sur la cathédrale. Fanfares et musiques. Naviguer tranquillement entre échoppes et marchés, en se laissant juste guider par le flot dense des Cusquéniens. Le voyage ne s’arrête jamais ? Tard, ce soir-là, un bout de bar croulant de musique et de danseurs latinos a abrité l’un de ces (très) bons moments que le voyage sait parfois offrir. Il a suffi d’un visage croisé dans la foule et de quelques coups de fil passés par Christian Juni (co-fondateur de Tirawa, qui accompagnait l’expédition) et la magie s’est mise en route. David Ducoin revenait juste du grand pèlerinage du Qoyllurit’i, avant de repartir vers l’Ausangate. Antoine George en redescendait aussi, avec ses images de drone. Stéphane Vallin revenait lui d’un grand tour isolé et rare de Vilcanota. Vaste(s) monde(s) ? Rien de tout cela ne devait raisonnablement se croiser. Mais Cusco a bien été, pour nous, un nombril du monde : ce soir-là, des décennies d’amitiés réunies éclairaient, à grand renfort de Pisco sour, nos existences. Une excellente technique d’acclimatation…
Escale incontournable ? Avec les grands sites de la Vallée sacrée (Moray, Huchuy Qosqo, Pisac, Ollantaytambo…) Machu Picchu, de loin le plus grand site touris que du Pérou, était évidemment au programme.