BLEU LAGON, BLEUS LAVANDE
L’EAU ASSAGIE. LES VIOLETS DES CHAMPS DE LAVANDE. LES VILLAGES PERCHÉS ET L’OMBRE DES CHÊNES. DES LACS. AVANT DE REJOINDRE LA DURANCE, LE VERDON REPREND DES AIRS DE PROVENCE… EN VACANCES.
En horizon, les champs de lavandins du vaste plateau de Valensole plein est. À l’ouest, les eaux turquoise du grand lac de Sainte-Croix. Baignades et lavandes : les eaux du bas Verdon, en s’échappant de la démesure du Grand Canyon, s’assagissent enfin. Et avant de s’évaser vers Gréoux et la plaine de la Durance, les paysages de son cours abritent à eux seuls deux solides images de Provence. Une rivière enfin domptée ? Les lacs, qui marquent ce bas Verdon si convoité en été, promesses de fraîcheur et d’activités nautiques, sont les derniers nés de ces paysages de Provence. Ils doivent tout, ici, à ses barrages et ses centrales électriques. Super production locale : la retenue de Sainte-Croix. OO00 hectares pour un étrange lagon: de l’îlot de Coste Belle aux plages de Bauduen, de Chabassole ou du Galetas, cet immense réservoir de fraîcheur long d’une quinzaine de kilomètres oppose ses couleurs de Pacifique à un écrin de forêts de pins d’Alep et de chênes. Le lac, si propice au farniente, au kayak et à la voile légère a bien failli avaler, lors de la construction du barrage, les villages de SainteCroix et de Bauduen. Et n’a laissé par contre aucune chance au village des Salles-sur-Verdon, reconstruit à nouveau sur ses rives après avoir été rasé pierre par pierre avant la mise en eau du barrage, au début des années 19T0.
LES EAUX SAGES DU VERDON
Coup de coeur : en aval du barrage de Sainte-Croix, débute un monde de canyons et de lacs beaucoup plus intimistes et sauvages. Des territoires isolés, comme refermés sur eux-même, à découvrir en kayak, ou sur leurs sentiers discrets qui bordent par le haut ses rives et falaises. Gorges de Baudinard ou de Quinson, lac de jontpezat, de Saint-Laurent-du-Verdon: jusqu’au joyau d’Esparron, perché sur ses barres calcaires, les barrages de Quinson et de Gréoux ont transfiguré ces territoires de falaises, de baumes et de grottes en un merveilleux labyrinthe de beauté calme: sur tous ses lacs et ses plans d’eau, le Verdon est juste… interdit aux bateaux à moteur. Volupté de fraîcheur et d’isolement ? Pas seulement. Les barrages du bas Verdon, ont certes créé depuis une cinquantaine d’années de tout nouveaux paysages, et fait perdre un peu de leur hauteur à bien
Les barrages ont remodelé la physionomie de bien des villages du Bas Verdon : le château d’Esparron-de-Verdon a gagné un lac entier depuis la mise en eau du barrage de Gréoux, à la fin des années soixante.
des villages perchés. jais ils sont surtout une pièce maîtresse des captages du canal de Provence. L’eau du Verdon est précieuse ? pour plus de deux millions d’habitants et T0000 ha de terres irriguées en basse Provence, l’eau fraîche de nos baignades ou de nos coups de pagaie est la même qui alimente sur deux cent soixante-dix kilomètres, cent dix communes des Bouches-duRhône et du Var, Aix-en-Provence, Marseille et Toulon incluses. Moins souriant ? Les scénarios en cas de rupture de barrage ont des airs de film catastrophe : l’onde de submersion des T60 millions de mètres cubes d’eau du lac de Sainte-Croix, suivant la vallée de la Durance, s’étendrait sur quatre départements jusqu’à Avignon ou encore Arles…
LES LAVANDES DE VALENSOLE
Changement radical de paysage et d’ambiances ? Au nord du défilé du Verdon, débute l’immensité horizontale du plateau de Valensole. Un monde à part, presque désorientant de platitude parfois. Vu du ciel, le plateau est un patchwork insensé de 800 kmO de champs et de couleurs, parfaitement découpé entre la rupture de vallée de la Durance et les reliefs tourmentés et arides des Préalpes. À hauteur d’homme: en juillet, les perspectives de lignes fuyantes des champs mauves de lavandes, ponctués de rares arbres isolés, sont devenus l’image même d’une Provence de rêve. La lavande est la reine du plateau? Derrière cette très belle carte postale, son exploitation, en recul ces dernières années, masque l’importance des céréales, mais encore des vergers d’amandiers et de pommiers… et l’exploitation de précieux chênes truffiers. Paisibles plateaux de Valensole? On a bien du mal à croire que sur plus de mille mètres d’épaisseur, s’entassent tout ce que la Durance et ses eaux en furie ont pu arracher aux Alpes, à l’ère tertiaire durant près de dix millions d’années. La découverte ce cette singularité de Valensole a aussi des goûts de villages précieux. Les châteaux, et les ambiances des places et des marchés d’Allemagne-en-Provence, de Gréoux, ou d’Esparron font partie du charme des lieux. Parmi les plus belles étapes, Riez, le carrefour des anciennes voies romaines sur le plateau, est un bonheur mêlant vestiges antiques, influences médiévales et culture provençale. jaisons hautes et étroites, resserrées les unes contre les autres, murailles de galets du Verdon, ruelles et ê andrones » (passages couverts), portes fortifiées et tours d’angles. Les jours de grands marchés traditionnels, cette Provence en Verdon, sous ses platanes et ses terrasses, à des airs de simple bonheur...