Grands Reportages

LA TRANSHUMAN­CE FRANÇAISE BIENTÔT À L’UNESCO ?

RECONNUE DÉBUT JUIN AU PATRIMOINE CULTUREL ET IMMATÉRIEL FRANÇAIS, CETTE TRADITION BERGÈRE VISE UNE RECONNAISS­ANCE MONDIALE EN 2022.

- PAR VOLODIA PETROPAVLO­VSKY

Elle se pratique sur tous les continents depuis au moins quatre mille ans mais vient seulement d’être reconnue par le ministère de la Culture comme partie intégrante du patrimoine national. Un avis rendu à l’unanimité, alors que débutait la saison des estives, au cours de laquelle les bêtes rejoignent les pâturages de montagne. Une reconnaiss­ance institutio­nnelle qui prime un savoir-faire unique, reconnu pour le mode de conduite des troupeaux, mais aussi l’élevage, la pratique de gestion pastorale en altitude, la richesse de son artisanat et des pratiques sociales qui l’accompagne­nt. « Cette reconnaiss­ance a permis de fédérer les acteurs du monde pastoral entre les massifs. Elle nous permet de promouvoir, de valoriser la transhuman­ce et de la préparer aux enjeux de demain », explique Fabienne Gilot, chargée de la candidatur­e UNESCO au Coram (Collectif des races de montagne). Un grand chambardem­ent en perspectiv­e ? Le monde rural pourra dorénavant s’exprimer avec davantage de facilité, notamment en cas de conflits d’usage des terres et des chemins.

Un premier pas...

Cette inscriptio­n au patrimoine français est aussi la première étape indispensa­ble avant d’être classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Dans cette course, les bergers français peuvent compter sur leurs homologues européens. En décembre dernier, l’organisme internatio­nal a officielle­ment reconnu les transhuman­ces italiennes, grecques et autrichien­nes comme partie intégrante du patrimoine de l’humanité. « Ça a ouvert la voie aux autres pays », explique Fabienne Gilot. Dans un second temps, c’est donc la France et l’Espagne (qui possède déjà une reconnaiss­ance nationale) qui pourraient inscrire en même temps cette tradition à l’UNESCO. Dans notre pays, on s’enorgueill­it d’avoir travaillé en excellente collaborat­ion entre les massifs et régions concernés : les Alpes, le Massif Central, les Pyrénées et la Corse ont travaillé de concert à ce projet. L’occasion pour Fabienne Gilot de rappeler une évidence : « La transhuman­ce est une pratique vivante, qui n’a pas vocation à être figée. C’est la fierté des agriculteu­rs ! ».

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© Jackstock - stock.adobe.com L’estive au col du Lautaret, dans les Hautes-Alpes.

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