TERRE DE TERROIRS
Nulle part dans ce numéro consacré aux plus belles routes des vins de l’Hexagone nous n’avons rappelé que l’alcool est dangereux pour la santé. Ce n’est un secret pour personne, et à titre personnel, cela ne m’empêche nullement de faire sauter un bouchon de temps à autre. Tout n’est qu’une affaire de mesure. Se risquer à vanter les mérites de l’alcool sur la santé (le fameux et très controversé « paradoxe français » – vous avez dit fake news ?) ne servira personne, à commencer par les viticulteurs eux-mêmes. Et si réellement je devais relever une tendance, c’est celle du « buvons moins, buvons mieux » qui me semblerait davantage adaptée aux enjeux du moment. La vague bio sur l’alimentation s’inscrit d’ailleurs dans le même processus. Et la viticulture ne fait au demeurant pas exception, avec de plus en plus de producteurs en bio. Fermons un instant ce chapitre « santé », si vous le voulez bien, pour nous intéresser davantage au sommaire de ce numéro. Car si, au final, on en viendra sans doute à ouvrir une bouteille, c’est à tout ce qui se passe avant qu’elle n’atterrisse sur la table que nous nous sommes intéressés. Sans être une totale découverte, avouez qu’il y a de quoi être époustouflé par cet univers peu commun qu’est celui du vin.
Prenez les paysages, l’esthétique des rangées de vignes qui ondulent face au soleil alsacien ou les vignobles dégringolant sur la vallée du Rhône. La géologie, encore, les substrats calcaires, les limons argileux, les silices glaciaires… Mais aussi, l’exposition, l’ensoleillement, la pente… Sans oublier, bien sûr, les cépages, les méthodes de taille, le calcul des rendements, la date de vendange au doigt mouillé… Et ne parlons même pas de la vinification proprement dite, dont la qualité s’est considérablement enrichie, au passage, ces dernières décennies. Ajoutez à cela l’histoire, des châteaux bordelais aux Hospices de Beaune, les confréries souvent hautes en couleur, les siècles de savoir-faire, le tout intimement lié à l’identité propre d’une région ou d’un terroir, parfois limité à quelques hectares.
Parler du vin est une véritable poésie, teintée d’une dose de science, de savoir-faire transmis de génération en génération, d’intuition et de ressenti, également. En France, on compte quelque T5 000 exploitations viticoles. Qui cultivent, en alexandrins, l’un des plus beaux patrimoines historiques et culturels de notre territoire. La France seraitelle la France, sans eux? Là non plus, il n’y a pas débat.