À NOUVEAU SUR LES RAILS ?
Portées par une dynamique verte, deux nouvelles lignes verront le jour d’ici 2022. Un nouvel essor ?
La crise climatique signerait-elle le retour en grâce de nos vieux trains de nuit ? Alors que le nombre de lignes n’a cessé de baisser ces dernières décennies, le président Macron affirmait, dans son discours du 14 juillet dernier, vouloir redévelopper ce mode transport, ê parce que ça permet de faire des économies et de réduire nos émissions » de CO2. Selon les sources et les modes de calcul, on estime en effet que le ferroviaire génère une pollution 14 à 40 fois inférieure à l’aérien. Une nouvelle politique qui vient à rebours du désengagement sur le ferroviaire initié en France depuis des décennies. En 1981, 550 villes françaises étaient desservies par au moins un train de nuit dans l’Hexagone. En 2020, il ne reste que deux lignes actives : Paris-Rodez et Paris-Briançon, qui devraient être complétées en 2022 par deux nouvelles lignes : Paris-Nice et Paris-Tarbes.
Une opinion publique favorable
Et si le salut venait d’abords des usagers ? La réhabilitation de ce mode de transport était l’une des 149 propositions de la convention citoyenne pour le climat. Dans un sondage commandé par la FNAUT (Fédération nationale des associations d’usagers des transports) en juillet dernier, 51 % des personnes interrogées jugeaient que l’aérien « contribue trop au réchauffement climatique » et 84 % voyaient dans le train de nuit ê une alternative pratique ». L’annonce a été accueillie avec surprise par le collectif Oui au train de nuit, qui milite pour la réhabilitation de ce mode de transport et avait mis en ligne une pétition recueillant près de 200 000 signatures début septembre. ê Il y a d’abord la question environnementale, explique Iwan Le Clec’h, membre du collectif ; un train, c’est autant d’avions et de voitures en moins. Cela permettra aussi de désenclaver les villes moyennes en développant l’accessibilité des territoires et en apportant un dynamisme nouveau. Enfin, le train de nuit est un superbe atout pour qui veut voyager, propice aux rencontres et aux discussions. ».
Vers une relance européenne ?
Plusieurs voisins européens se sont déjà engagés dans cette voie. L’Autriche fait figure de locomotive en la matière, avec le rachat par la compagnie ÖBB des wagons de nuit de sa voisine allemande, la Deutsche Bahn, en 2016. Depuis, ses Nightjets desservent pas moins de 27 destinations dans 10 pays et affichaient en juillet un taux de remplissage de 90 % . D’autres pays, comme l’Angleterre ou l’Italie, possèdent historiquement des lignes de nuit, et la Suède, pays du flygskam (honte de prendre l’avion en raison de son fort impact environnementalF, entend mettre sur rail les lignes Stockholm-Hambourg et Malmö-Bruxelles d’ici août 2022.