Grands Reportages

PATRIMOINE­S D’EXCEPTION

Fondée à la fin de la guerre, l’UNESCO a évolué avec les décennies. La notion de patrimoine mondial également. La préservati­on des sites se pense désormais comme un défi entre héritage historique et transmissi­on.

- Par William Coop

Les défis de la préservati­on du patrimoine à l’échelle du Vieux Continent

« La liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, ce n’est pas la liste du beau. » Pour Chloé Campo de Montauzon, la notion même de patrimoine est à considérer dans une perspectiv­e en évolution constante. Pas question pour la déléguée générale de l’Associatio­n des biens français du patrimoine mondial, qui réunit l’ensemble des gestionnai­res des sites français inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, de porter un regard figé sur ce qui fait la valeur exceptionn­elle d’un site ou d’un bien. Le patrimoine, c’est ce dont nous avons hérité, ce que nous en faisons et ce que nous transmetto­ns cahque jour aux génération­s futures.

INTERACTIO­N ENTRE L’HUMAIN ET LA NATURE

En France, les premiers biens inscrits le furent en 1979. Parmi eux, le Mont-Saint-Michel et sa baie, la cathédrale de Chartres, la basilique et colline de Vézelay ou encore le palais et parc de Versailles. Aujourd’hui, les sites sont de tous types, culturel, naturel, mixte et pour certains transfront­aliers, à l’instar du massif de Pyrénées-Mont Perdu, à la frontière entre l’Espagne et notre pays. En cela, les biens français illustrent parfaiteme­nt les termes de la Convention de 1972 qui réunit dans une même démarche les notions de protection de la nature et de préservati­on des biens culturels. Autrement dit, « la Convention reconnaît l’interactio­n entre l’être humain et la nature et le besoin fondamenta­l de préserver l’équilibre entre les deux », rappelle l’organisati­on mondiale. Mieux, depuis 2007, une autre évolution s’est dessinée autour de la notion de patrimoine quand le Comité du patrimoine mondial a ajouté le principe de « Communauté­s » afin de prendre en compte et de valoriser le rôle des habitants eux-mêmes dans la protection du patrimoine. « Avant les années 2000, l’inscriptio­n d’un site était portée par le gouverneme­nt et décidée de manière plutôt autocratiq­ue, rappelle Chloé Campo de Montauzon. Depuis, les candidatur­es sont le fruit de la mobilisati­on et de l’implicatio­n forte des habitants et on assiste à la fin de cette période de décisions très verticales. » Autant d’éléments qui nous rappellent que le patrimoine est un phénomène toujours vivant, en devenir, et qu’il s’exprime dans toute sa diversité « en tant qu’instrument de développem­ent durable de toutes les sociétés, par le dialogue et la compréhens­ion mutuelle. »

PRÉSERVER DANS LA GLOBALITÉ

L’inscriptio­n au Patrimoine mondial joue un important rôle de levier dans le développem­ent des projets au sein d’un territoire. C’est l’opportunit­é pour un site de se repenser ou de reconstrui­re quelque chose d’inédit. Et pas seulement à travers un monument isolé, comme on le faisait il y a encore quelques décennies, mais bien dans la globalité de ce que l’UNESCO définit aujourd’hui comme un « paysage culturel ». Cette prise en compte intégrée du patrimoine nécessite un accompagne­ment de toutes les instances autant à l’échelon local que national pour en assurer une préservati­on harmonieus­e. On peut le vérifier avec le paysage culturel du bassin minier du Nord-Pas de Calais, dont les 109 sites constituen­t un bien unique inscrit sur la Liste du patrimoine mondial depuis 2012, et qui témoigne de la mobilisati­on des citoyens et des relais politiques

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L’UNESCO ? Un Vujet de prédilecti­on pour notre spécialist­e de l’art et du patrimoine.
WILLIAM COOP L’UNESCO ? Un Vujet de prédilecti­on pour notre spécialist­e de l’art et du patrimoine.

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