PATRIMOINES D’EXCEPTION
Fondée à la fin de la guerre, l’UNESCO a évolué avec les décennies. La notion de patrimoine mondial également. La préservation des sites se pense désormais comme un défi entre héritage historique et transmission.
Les défis de la préservation du patrimoine à l’échelle du Vieux Continent
« La liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, ce n’est pas la liste du beau. » Pour Chloé Campo de Montauzon, la notion même de patrimoine est à considérer dans une perspective en évolution constante. Pas question pour la déléguée générale de l’Association des biens français du patrimoine mondial, qui réunit l’ensemble des gestionnaires des sites français inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, de porter un regard figé sur ce qui fait la valeur exceptionnelle d’un site ou d’un bien. Le patrimoine, c’est ce dont nous avons hérité, ce que nous en faisons et ce que nous transmettons cahque jour aux générations futures.
INTERACTION ENTRE L’HUMAIN ET LA NATURE
En France, les premiers biens inscrits le furent en 1979. Parmi eux, le Mont-Saint-Michel et sa baie, la cathédrale de Chartres, la basilique et colline de Vézelay ou encore le palais et parc de Versailles. Aujourd’hui, les sites sont de tous types, culturel, naturel, mixte et pour certains transfrontaliers, à l’instar du massif de Pyrénées-Mont Perdu, à la frontière entre l’Espagne et notre pays. En cela, les biens français illustrent parfaitement les termes de la Convention de 1972 qui réunit dans une même démarche les notions de protection de la nature et de préservation des biens culturels. Autrement dit, « la Convention reconnaît l’interaction entre l’être humain et la nature et le besoin fondamental de préserver l’équilibre entre les deux », rappelle l’organisation mondiale. Mieux, depuis 2007, une autre évolution s’est dessinée autour de la notion de patrimoine quand le Comité du patrimoine mondial a ajouté le principe de « Communautés » afin de prendre en compte et de valoriser le rôle des habitants eux-mêmes dans la protection du patrimoine. « Avant les années 2000, l’inscription d’un site était portée par le gouvernement et décidée de manière plutôt autocratique, rappelle Chloé Campo de Montauzon. Depuis, les candidatures sont le fruit de la mobilisation et de l’implication forte des habitants et on assiste à la fin de cette période de décisions très verticales. » Autant d’éléments qui nous rappellent que le patrimoine est un phénomène toujours vivant, en devenir, et qu’il s’exprime dans toute sa diversité « en tant qu’instrument de développement durable de toutes les sociétés, par le dialogue et la compréhension mutuelle. »
PRÉSERVER DANS LA GLOBALITÉ
L’inscription au Patrimoine mondial joue un important rôle de levier dans le développement des projets au sein d’un territoire. C’est l’opportunité pour un site de se repenser ou de reconstruire quelque chose d’inédit. Et pas seulement à travers un monument isolé, comme on le faisait il y a encore quelques décennies, mais bien dans la globalité de ce que l’UNESCO définit aujourd’hui comme un « paysage culturel ». Cette prise en compte intégrée du patrimoine nécessite un accompagnement de toutes les instances autant à l’échelon local que national pour en assurer une préservation harmonieuse. On peut le vérifier avec le paysage culturel du bassin minier du Nord-Pas de Calais, dont les 109 sites constituent un bien unique inscrit sur la Liste du patrimoine mondial depuis 2012, et qui témoigne de la mobilisation des citoyens et des relais politiques