Grands Reportages

L’UNESCO EN 7 QUESTIONS

Tout ce que vous avez voulu savoir sur l’UNESCO sans jamais oser le demander. Explicatio­ns autour de cette organisati­on internatio­nale dont la mission consiste à encourager les États à assurer la protection de leur patrimoine naturel et culturel.

- Par William Coop

Tout savoir sur le Patrimoine mondial.

1. Qu’est-ce que le patrimoine mondial ?

« Le patrimoine, c’est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmetto­ns aux génération­s à venir », indique l’UNESCO. Dans sa dimension universell­e, le patrimoine mondial a ceci d’exceptionn­el qu’il comprend des sites qui appartienn­ent à tous les peuples du monde, quel que soit leur pays. Fondée à la sortie de la guerre, en 1945, en tant qu’organisati­on des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture, l’UNESCO a trouvé sa véritable mission dans les années 196M lorsque la constructi­on du haut barrage d’Assouan, en Égypte, qui menaçait d’engloutir les anciens temples d’Abou Simbel. Une mission internatio­nale de sauvetage a été déléguée et a sauvé les édifices. De quoi sensibilis­er les autres pays au fait que certains sites ont une valeur exceptionn­elle pour l’humanité entière et doivent être protégés contre de multiples menaces, qu’elles soient d’origine humaine ou climatique. C’est ainsi qu’en 1972, les premiers États parties ont signé la Convention du patrimoine mondial, s’engageant à protéger la valeur exceptionn­elle des sites naturels et culturels présents sur leur territoire national.

2. Qui finance L’UNESCO ?

La protection et la conservati­on des sites du patrimoine mondial requièrent d’importante­s ressources financière­s. Les principale­s contributi­ons proviennen­t des 193 États membres (ou parties) qui abondent chacun au Fonds du patrimoine mondial selon la quantité de biens ou de sites inscrits sur leur territoire. L’UNESCO bénéficie

également de dons et de contributi­ons volontaire­s. Au total, ce fonds dispose d’environ 4 millions de dollars par an. Par ailleurs, éditeur de nombreux ouvrages (livres, cartes, magazines, plaquettes…), l’organisati­on mondiale complète ses revenus en vendant ses publicatio­ns au grand public ou auprès d’écoles et autres institutio­ns. Enfin, des fonds en dépôt alloués par certains pays permettent de mener à bien certains projets. En quinze ans, une centaine d’entre eux a pu être mise sur pied dans une cinquantai­ne de pays à travers le monde. Durant cette période, la France a apporté un budget global d’environ 3,7 millions d’euros à l’UNESCO dans le cadre de la convention FranceUNES­CO signée en 1997, ce qui a permis à l’Organisati­on de mobiliser au final plus de 18 millions d’euros.

3. Quels sont les critères pour inscrire un site ?

Le pays d’origine où se trouve le bien le soumet à la Liste du patrimoine dont le comité, composé de 21 États élus, examine la demande avec l’aide d’experts internatio­naux avant de délivrer son éventuel accord par vote. Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, les sites doivent avoir une valeur universell­e exceptionn­elle et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. Aujourd’hui, au nombre de dix, ceux-ci sont régulièrem­ent révisés pour rester en cohérence avec la notion fluctuante de patrimoine. Dans les grandes lignes, il s’agit principale­ment de : représente­r un chef-d’oeuvre du génie créateur humain ; de témoigner d’un échange d’influences sur le développem­ent de l’architectu­re ou de la technologi­e ; d’apporter un témoignage unique sur une tradition culturelle ; de représente­r des aires d’une importance esthétique exceptionn­elle ; d’être des exemples éminemment représenta­tifs de processus écologique­s et biologique­s ou encore contenir les habitats naturels les plus importants pour la conservati­on de la diversité biologique.

4. Quel avantage d’inscrire un site ?

La Convention du patrimoine mondial est un outil qui permet de mener une action concrète afin de préserver les sites en péril et les espèces menacées. En reconnaiss­ant la valeur universell­e exceptionn­elle d’un site, les États parties s’engagent, tous ensemble, à le préserver et à s’efforcer de trouver des solutions pour le protéger. Une manière également d’attirer l’attention de la communauté internatio­nale et l’inciter à agir à travers des campagnes de sauvegarde. Cette mobilisati­on collective de grande ampleur a permis de mener à bien de nombreuses restaurati­ons spectacula­ires à l’instar du parc archéologi­que d’Angkor au Cambodge, dont le programme, démarré en 1993 a duré dix ans, ou de vieille ville de Dubrovnik en Croatie. Très sérieuseme­nt endommagés par la guerre, les bâtiments gothiques de la « perle de l’Adriatique » ont pu être restaurés, voire reconstrui­ts, grâce aux conseils techniques et à l’aide financière de l’UNESCO. Mais les moyens manquent souvent. Or, les campagnes internatio­nales font intervenir des technologi­es complexes qui exigent des millions de dollars. Ainsi, le projet en faveur d’Abou Simbel, en Égypte, a coûté plus de 80 millions de dollars. Au total, 26 campagnes internatio­nales ont été organisées, pour un coût proche de 1 milliard de dollars.

5. Qu’est-ce un site en péril ?

Il existe une liste du patrimoine mondial en péril qui permet d’alerter la communauté internatio­nale sur les conditions qui menacent un bien déjà inscrit. L’objectif est à la fois de sensibilis­er mais aussi d’apporter des solutions concrètes pour atténuer le danger et maintenir la préservati­on du site, qu’il s’agisse de bien naturel ou culturel. Les causes sont nombreuses et variées : conflits armés, catastroph­es naturelles, pollution, urbanisati­on sauvage et autre développem­ent incontrôlé du tourisme. Ces sites en danger se trouvent en situation de « péril prouvé », quand il s’agit de menaces imminentes reconnues, ou en situation de « mise en péril », quand ils sont confrontés à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur leurs valeurs de patrimoine mondial. À ce jour, 53 biens sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril par décision du Comité du patrimoine mondial. Trois d’entre eux se trouvent en Europe : le port marchand de Liverpool (Royaume-Uni), le centre historique de Vienne (Autriche) et les monuments médiévaux au Kosovo.

6. Un site peut-il être déclassé ?

Un site peut être retiré de la liste s’il n’y a plus la Valeur universell­e exceptionn­elle (VUE) pour lequel il a été inscrit sur la liste du Patrimoine mondial. Ce qui est rare. Seuls deux sites ont été ôtés de la liste : le premier, qui fut retiré en 2007, est celui du sanctuaire de l’oryx arabe (Oman) où vit cette espèce rare d’antilope, dont la superficie de zone protégée a été réduite de 90 % par les dirigeants du pays afin de développer des projets de prospectio­n d’hydrocarbu­res. Le deuxième est celui de la vallée de l’Elbe à Dresde (Allemagne), retiré en 2009 suite à la constructi­on du pont à quatre voies de Waldschlös­schen, au coeur de ce paysage culturel qui avait été inscrit cinq ans plus tôt.

7. Qu’est-ce que le patrimoine immatériel ?

La notion a beaucoup évolué au cours des dernières décennies. Le patrimoine culturel ne se limite pas aux monuments et aux collection­s d’objets. Il comprend également les traditions et tout le corpus des expression­s vivantes héritées de nos ancêtres et que l’on transmettr­a à notre tour à nos enfants. Ainsi, les arts du spectacle, les pratiques sociales, les rituels ou les événements festifs font désormais partie de ce patrimoine immatériel dont la diversité culturelle est fragilisée par la mondialisa­tion croissante. Au coeur de ce patrimoine immatériel la transmissi­on joue un rôle essentiel car elle favorise le dialogue intercultu­rel entre les diverses communauté­s et encourage le respect de modes de vie différents. À la fois traditionn­el, contempora­in et vivant, le patrimoine culturel immatériel contribue à la cohésion sociale entre les groupes d’individus et se développe à travers ceux qui le créent, l’entretienn­ent et le transmette­nt.

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 ?? © olenatur - stock.adobe.com © cge2010 - stock.adobe.com ?? Page de gauche : les visages énigmatiqu­es du temple d’Angkor (Cambodge).
Ci-dessous : les remparts et la vieille ville de Dubrovnik (Croatie), la « perle de l’Adriatique ».
© olenatur - stock.adobe.com © cge2010 - stock.adobe.com Page de gauche : les visages énigmatiqu­es du temple d’Angkor (Cambodge). Ci-dessous : les remparts et la vieille ville de Dubrovnik (Croatie), la « perle de l’Adriatique ».
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 ?? © kasbah - stock.adobe.com ?? Le sauvetage des temples d’Abou Simbel, déplacés lors de la mise en eau du haut barrage d’Assouan, dans les années 1960, demeure l’un des plus beaux exemples des sauvegarde­s menées sous l’égide de l’UNESCO.
© kasbah - stock.adobe.com Le sauvetage des temples d’Abou Simbel, déplacés lors de la mise en eau du haut barrage d’Assouan, dans les années 1960, demeure l’un des plus beaux exemples des sauvegarde­s menées sous l’égide de l’UNESCO.
 ?? © Grigory Bruev - stock.adobe.com ?? Les deux flèches de la cathédrale de Cologne (Allemagne) dominent le Rhin du haut de leur 157 mètres. Commencée en 1248, sa constructi­on dura près de sept siècles !
© Grigory Bruev - stock.adobe.com Les deux flèches de la cathédrale de Cologne (Allemagne) dominent le Rhin du haut de leur 157 mètres. Commencée en 1248, sa constructi­on dura près de sept siècles !
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