L’UNESCO EN 7 QUESTIONS
Tout ce que vous avez voulu savoir sur l’UNESCO sans jamais oser le demander. Explications autour de cette organisation internationale dont la mission consiste à encourager les États à assurer la protection de leur patrimoine naturel et culturel.
Tout savoir sur le Patrimoine mondial.
1. Qu’est-ce que le patrimoine mondial ?
« Le patrimoine, c’est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir », indique l’UNESCO. Dans sa dimension universelle, le patrimoine mondial a ceci d’exceptionnel qu’il comprend des sites qui appartiennent à tous les peuples du monde, quel que soit leur pays. Fondée à la sortie de la guerre, en 1945, en tant qu’organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture, l’UNESCO a trouvé sa véritable mission dans les années 196M lorsque la construction du haut barrage d’Assouan, en Égypte, qui menaçait d’engloutir les anciens temples d’Abou Simbel. Une mission internationale de sauvetage a été déléguée et a sauvé les édifices. De quoi sensibiliser les autres pays au fait que certains sites ont une valeur exceptionnelle pour l’humanité entière et doivent être protégés contre de multiples menaces, qu’elles soient d’origine humaine ou climatique. C’est ainsi qu’en 1972, les premiers États parties ont signé la Convention du patrimoine mondial, s’engageant à protéger la valeur exceptionnelle des sites naturels et culturels présents sur leur territoire national.
2. Qui finance L’UNESCO ?
La protection et la conservation des sites du patrimoine mondial requièrent d’importantes ressources financières. Les principales contributions proviennent des 193 États membres (ou parties) qui abondent chacun au Fonds du patrimoine mondial selon la quantité de biens ou de sites inscrits sur leur territoire. L’UNESCO bénéficie
également de dons et de contributions volontaires. Au total, ce fonds dispose d’environ 4 millions de dollars par an. Par ailleurs, éditeur de nombreux ouvrages (livres, cartes, magazines, plaquettes…), l’organisation mondiale complète ses revenus en vendant ses publications au grand public ou auprès d’écoles et autres institutions. Enfin, des fonds en dépôt alloués par certains pays permettent de mener à bien certains projets. En quinze ans, une centaine d’entre eux a pu être mise sur pied dans une cinquantaine de pays à travers le monde. Durant cette période, la France a apporté un budget global d’environ 3,7 millions d’euros à l’UNESCO dans le cadre de la convention FranceUNESCO signée en 1997, ce qui a permis à l’Organisation de mobiliser au final plus de 18 millions d’euros.
3. Quels sont les critères pour inscrire un site ?
Le pays d’origine où se trouve le bien le soumet à la Liste du patrimoine dont le comité, composé de 21 États élus, examine la demande avec l’aide d’experts internationaux avant de délivrer son éventuel accord par vote. Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, les sites doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. Aujourd’hui, au nombre de dix, ceux-ci sont régulièrement révisés pour rester en cohérence avec la notion fluctuante de patrimoine. Dans les grandes lignes, il s’agit principalement de : représenter un chef-d’oeuvre du génie créateur humain ; de témoigner d’un échange d’influences sur le développement de l’architecture ou de la technologie ; d’apporter un témoignage unique sur une tradition culturelle ; de représenter des aires d’une importance esthétique exceptionnelle ; d’être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques ou encore contenir les habitats naturels les plus importants pour la conservation de la diversité biologique.
4. Quel avantage d’inscrire un site ?
La Convention du patrimoine mondial est un outil qui permet de mener une action concrète afin de préserver les sites en péril et les espèces menacées. En reconnaissant la valeur universelle exceptionnelle d’un site, les États parties s’engagent, tous ensemble, à le préserver et à s’efforcer de trouver des solutions pour le protéger. Une manière également d’attirer l’attention de la communauté internationale et l’inciter à agir à travers des campagnes de sauvegarde. Cette mobilisation collective de grande ampleur a permis de mener à bien de nombreuses restaurations spectaculaires à l’instar du parc archéologique d’Angkor au Cambodge, dont le programme, démarré en 1993 a duré dix ans, ou de vieille ville de Dubrovnik en Croatie. Très sérieusement endommagés par la guerre, les bâtiments gothiques de la « perle de l’Adriatique » ont pu être restaurés, voire reconstruits, grâce aux conseils techniques et à l’aide financière de l’UNESCO. Mais les moyens manquent souvent. Or, les campagnes internationales font intervenir des technologies complexes qui exigent des millions de dollars. Ainsi, le projet en faveur d’Abou Simbel, en Égypte, a coûté plus de 80 millions de dollars. Au total, 26 campagnes internationales ont été organisées, pour un coût proche de 1 milliard de dollars.
5. Qu’est-ce un site en péril ?
Il existe une liste du patrimoine mondial en péril qui permet d’alerter la communauté internationale sur les conditions qui menacent un bien déjà inscrit. L’objectif est à la fois de sensibiliser mais aussi d’apporter des solutions concrètes pour atténuer le danger et maintenir la préservation du site, qu’il s’agisse de bien naturel ou culturel. Les causes sont nombreuses et variées : conflits armés, catastrophes naturelles, pollution, urbanisation sauvage et autre développement incontrôlé du tourisme. Ces sites en danger se trouvent en situation de « péril prouvé », quand il s’agit de menaces imminentes reconnues, ou en situation de « mise en péril », quand ils sont confrontés à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur leurs valeurs de patrimoine mondial. À ce jour, 53 biens sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril par décision du Comité du patrimoine mondial. Trois d’entre eux se trouvent en Europe : le port marchand de Liverpool (Royaume-Uni), le centre historique de Vienne (Autriche) et les monuments médiévaux au Kosovo.
6. Un site peut-il être déclassé ?
Un site peut être retiré de la liste s’il n’y a plus la Valeur universelle exceptionnelle (VUE) pour lequel il a été inscrit sur la liste du Patrimoine mondial. Ce qui est rare. Seuls deux sites ont été ôtés de la liste : le premier, qui fut retiré en 2007, est celui du sanctuaire de l’oryx arabe (Oman) où vit cette espèce rare d’antilope, dont la superficie de zone protégée a été réduite de 90 % par les dirigeants du pays afin de développer des projets de prospection d’hydrocarbures. Le deuxième est celui de la vallée de l’Elbe à Dresde (Allemagne), retiré en 2009 suite à la construction du pont à quatre voies de Waldschlösschen, au coeur de ce paysage culturel qui avait été inscrit cinq ans plus tôt.
7. Qu’est-ce que le patrimoine immatériel ?
La notion a beaucoup évolué au cours des dernières décennies. Le patrimoine culturel ne se limite pas aux monuments et aux collections d’objets. Il comprend également les traditions et tout le corpus des expressions vivantes héritées de nos ancêtres et que l’on transmettra à notre tour à nos enfants. Ainsi, les arts du spectacle, les pratiques sociales, les rituels ou les événements festifs font désormais partie de ce patrimoine immatériel dont la diversité culturelle est fragilisée par la mondialisation croissante. Au coeur de ce patrimoine immatériel la transmission joue un rôle essentiel car elle favorise le dialogue interculturel entre les diverses communautés et encourage le respect de modes de vie différents. À la fois traditionnel, contemporain et vivant, le patrimoine culturel immatériel contribue à la cohésion sociale entre les groupes d’individus et se développe à travers ceux qui le créent, l’entretiennent et le transmettent.