Les trésors suisses à l’unesco
La Suisse compte douze sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO et trois d’entre eux sont des biens culturels. Petit tour d’horizon de quelques trésors qui incarnent l’identité suisse.
Châteaux de Bellinzone
Inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2000, les trois châteaux forts de Bellinzone forment un ensemble architectural unique dans cet arc alpin du Tessin, dans la partie italophone du pays. Ces fortifications sont les derniers vestiges visibles d’architecture militaire médiévale dans un tel environnement montagnard. Son implantation qui date du XVe siècle n’est pas le fruit du hasard mais répond à des exigences stratégiques de contrôle de la vallée du Tessin qui donnait accès aux principaux cols alpins permettant les échanges entre tout le nord de l’Italie et les régions situées au-delà du Danube. Les châteaux sont reliés par un spectaculaire réseau de remparts, de murailles et de tours défensives qui dominent le centre de la ville. Bien culturel protégé, l’ensemble a gardé une remarquable homogénéité avec son environnement naturel et bénéficie d’un excellent état de conservation.
Vignoble de Lavaux
Dos aux Alpes blanches, surplombant en parcelles serrées les rives du lac Léman, les vignobles en pentes raides et en terrasse qui égayent la région de Lavaux s’étendent rangs au soleil sur quelque 800 hectares d’un seul tenant. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2007, ces paysages saisissants dont on dit qu’ils profitent des trois soleils : « le vrai, celui reflété par le lac et celui emmagasiné dans les murs de pierres. » A un quart d’heure en train du centre-ville de Lausanne, on circule entre les petites parcelles de chasselas qui composent ce décor riche d’authenticité culturelle et naturelle parfaitement préservée au fil des siècles. L’occasion de faire une pause dans l’une des nombreuses caves locales pour effectuer une dégustation de calamin ou de dézaley, les deux appellations grand cru parmi les huit que comptent les vignobles de Lavaux. Ceux-ci remontent au XIe siècle, à l’époque où les monastères bénédictins et cisterciens contrôlaient la région.
Villes-manufactures
Références internationales de l’industrie horlogère, les villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle ont été inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2009. Implantées au coeur des montagnes du Jura suisse, leur architecture exprime les exigences rigoureuses de la production horlogère suisse du début du XIXe siècle. Un urbanisme horloger qui peut prétendre aujourd’hui encore porter une valeur universelle exceptionnelle au regard des critères patrimoniaux de l’UNESCO qui précise que « le site constitue un remarquable exemple de villes ordonnées par une activité mono-industrielle, bien conservées et toujours en activité. » Construites par et pour l’horlogerie, ces deux « villes-manufactures » jumelles ont façonné un tissu urbain homogène et extrêmement fonctionnel où l’architecture industrielle fait côtoyer harmonieusement immeubles d’habitation, ateliers, usines et maisons patronales.
Le Corbusier
Depuis 2016, l’oeuvre de l’architecte suisse Le Corbusier figure désormais dans la liste au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pas moins de 17 oeuvres de l’artiste dans sept pays différents ont été ainsi classées en tant que contribution exceptionnelle au Mouvement Moderne contribuant à l’invention d’un nouveau langage architectural. Nouveau regard sur la société, emploi de techniques en rupture avec le passé, les deux bâtiments inscrits en Suisse répondent eux aussi à ces défis et témoignent de cette démarche qui a révolutionné l’architecture entre les années 1910 et 1960. Ainsi, la villa « Le Lac » (1923) sur les rives du Léman près de Montreux joue à merveille sur l’ingéniosité et le fonctionnalisme tandis que les neuf étages de l’immeuble Clarté à Genève revisitent totalement les logements de la classe moyenne. Des créations qui ont marqué durablement l’urbanisme des villes du XXe siècle.
Villages palafittiques
Ce sont des restes de villages préhistoriques datant pour certains de 5 000 ans av. J.C. Classés au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2011, ils forment une série de 111 sites archéologiques dits « palafittiques » autour des Alpes et dont plus d’une cinquantaine sont situés en Suisse aux abords des lacs, des rivières ou des marais. C’est grâce à cette proximité que les matériaux organiques comme les restes osseux ou les textiles ont pu être conservés dans des conditions remarquables. Après avoir fait l’objet d’études scientifiques très poussées, les vestiges recueillis ont permis d’obtenir « une perception détaillée exceptionnelle du monde des premières sociétés agraires et d’aider à la compréhension de changements significatifs durant l’histoire du Néolithique et de l’âge du bronze en Europe en général et des interactions entre les régions autour des Alpes en particulier. » Alors qu’ils reposent sous d’épaisses couches de sédiments, les cinq villages sur pilotis du lac de Bienne se visitent également en mode virtuel grâce à des applis mobiles dédiées.
La montagne des sauriens
Ici, non loin du lac de Lugano, la montagne du Monte San Giorgio, garde encore les traces d’une vie marine qui se déroulait il y a plus de 230 millions d’années, à l’ère du Trias. Côté suisse, le site est classé au patrimoine de l’UNESCO depuis 2003 et s’est élargi au versant italien en 2010. Un lagon tropical d’une centaine de mètres de profondeur séparé de la mer s’était formé abritant des poissons, des reptiles et des sauriens marins qui pouvaient atteindre jusqu’à six mètres de long. Découvert au XIXe siècle, le site transnational est devenu une impressionnante réserve de fossiles qui accueille un musée dédié aux 80 espèces de poissons et 30 reptiles marins et terrestres découverts au cours des nombreuses fouilles.