VOSGES DU SUD Une chapelle étonnante
Debout entre le ciel et les eaux calmes venues des Vosges, se dresse au sommet d’une colline un étonnant éditifce religieux signé Le Corbusier.
CHAPELLE NOTRE-DAME DU HAUT Le chef-d’oeuvre de Le Corbusier
A Ronchamp, au sud du Parc naturel régional des Ballons des Vosges, se trouve la Colline Notre-Dame du Haut. C’est en 1955, après deux ans de chantier, que Charles-Édouard Jeanneret-Gris, plus connu sous le pseudonyme Le Corbusier, inaugure ici quatre de ses chefs-d’oeuvre architecturaux: La Chapelle, l’abri du pèlerin, la maison du chapelain et une pyramide de la paix, commandée alors par les anciens combattants de Ronchamp en commémoration des combats survenus pour la libération du village. Le Corbusier disait avoir bâti cette chapelle pour « créer un lieu de silence, de prière, de paix, de joie intérieure ». Les détracteurs de l’époque n’ont pas hésité à la qualifier pourtant de « bunker » ou de « mosquée ». Les admirateurs de la première heure, comprirent, eux, qu’un changement majeur venait de s’opérer dans l’architecture moderne.
L’architecture et le mobilier de la chapelle sont régis par un système de mesures inventé par Le Corbusier. C’est le Moludor, qui vise à accorder l’Homme et ses constructions. Autre particularité, la lumière est considérée comme un matériau à part entière. Le « mur de lumière » au sud de l’édifice est composé de nombreux vitraux : joint de béton et verre blanc. L’architecte a aussi créé le mobilier de la chapelle: bancs, autel, chaire et tabernacles. De quoi nous combler d’un véritable sentiment d’harmonie, d’une impression unique de quiétude.
Le Corbusier, artiste moderne par excellence, refusait la musique traditionnelle dans sa chapelle, lui préférant les gammes plus novatrices de l’électronique. Il ne conçut pas alors de clocher. Mais, en 1970, le chapelain René Bolle-Reddat commande un campanile (clocher séparé de l’église) à l’architecte et designer Jean Prouvé. « A côté de l’oeuvre de Corbu, il ne faut pas faire de bêtises, ne pas détonner », déclarait alors celui-ci. Mission réussie qui nous permet aujourd’hui d’admirer la simplicité de cette structure : quatre piliers en acier qui portent trois cloches. Les structures culturelles attenantes à l’ensemble, ont, quant à elles, été pensées au début des années 2000 par le non moins célèbre architecte italien Renzo Piano, responsable, entre autres, de la construction du Centre Pompidou à Paris avec Richard Rogers. La tradition humaniste chère à Le Corbusier est perpétuée. Un élan de modernité pour ce site qui continue d’accueillir chaque année plus de 70 000 visiteurs venus du monde entier.