FACE DE BLEAU
DU GRAND OEUVRE
Gros dossier mené d’une main de bleausard par Stephan Denys sur l’histoire de L’alchimiste un bloc devenu mythique après la casse de deux prises clés et sa nouvelle ascension par Nalle Hukkataival, dix-sept ans après Marc Lemenestrel, forcément sans ces deux prises.
Après une pause conséquente, la reprise de cette rubrique aurait dû être celle d'un panorama complet des sites internet traitant de Bleau, domaine alors en pleine mutation. Mais au même moment l'annonce de la première répétition, ou plutôt réouverture, de L'Alchimiste par Nalle Hukkataival s'est imposée comme plus importante à détailler. Ce passage ne connaissait aucune répétition depuis son ouverture par Marc Le Menestrel il y a dix-huit ans, en partie à cause de dégradations, et son histoire vient donc de connaître une certaine transf iguration bienvenue.
Mais
voilà qu'au lieu d'une tranquille petite reprise sur fond de représentations virtuelles, il faut replonger dans des souvenirs lointains et factuels, le tout en mode urgence car en pleine période de bouclage du magazine… Alors par où commencer sinon en présentant déjà les protagonistes de cette histoire ? Au début bien sûr est le bloc. Celui-ci est placé dans le massif archiconnu des gorges d'Apremont, chaos des chaos de Bleau, de par son ampleur et sa densité de blocs éparpillés. Des méandres que forme cet amoncellement de roches, le bloc en question semble blotti au fond d'une mini-enceinte lui faisant comme un écrin au sein d'une partie parmi les plus parcourues du massif. On accède à cette enceinte soit par un couloir, soit carrément par-dessous le surplomb même du passage, ou encore bien souvent par le haut depuis un des rochers accolés, celui-ci offrant une terrasse avec vue plongeante sur le passage. Est-ce un beau bloc ? Je ne saurai dire et chacun a ses goûts en la matière, mais sa forme est assez particulière, faisant penser à une tête d'os type humérus ou une sorte de champignon, le tout coincé entre deux autres faces très différemment sculptées. On pourrait être critique sur la pureté même du passage, car il faut bien sûr ignorer tout appui sur le bloc adjacent immédiatement à sa droite… Mais ce serait pinailler et il suffit de descendre dans cette fosse pour se rendre au pied du bloc et alors saisir à la fois toute l'ampleur et la simplicité du problème. De là s'apprécie mieux le dévers de cette face et surtout sa ligne de prises. Apparaissent alors deux pinces très caractéristiques alignées verticalement, pinces qui s'imposent comme le véritable défi du passage, réclamant autant de bonnes conditions d'adhérence que force de préhension. Et l'on en vient naturellement à celui qui a montré le premier ce passage possible, en y croyant et s'accrochant jusqu'au bout à ces prises semblant si intenables.
L’ouverture
Dès l'hiver 1995/1996, Marc Le Menestrel s'investit dans ce problème et rapidement y trouve une séquence de mouvements dont le crux sera de tenir la deuxième pince main gauche pour dynamiser tout en conduit vers une mini-réglette bordant la sortie du dévers. Malgré la hauteur raisonnable du bloc, le travail et ses essais n'y sont pas si faciles à gérer. Les blocs adjacents sont bien pratiques pour le brossage des prises, mais se proposent aussi pour impact lors des chutes et il faut toute ingéniosité et habilité du pareur pour permettre les tentatives multiples. Alors que l'on évoque ici cet autre siècle, il faut bien se rendre compte que le crashpad vient tout juste d'arriver et c'est grâce à lui aussi que Marc se lancera dans ce projet. Souvent accompagné de sa compagne Sybille ou de Bruno Ritz, grimpeur hors pair et pareur assez exceptionnel, Marc se retrouve toujours à tomber au même point, au quatrième mouvement de sa méthode, dans ce mouvement à la fois puissant et dynamique où il tente
« Le bloc semble blotti au fond d’une mini-enceinte lui faisant comme un écrin. »