Grimper

ITW SEAN MC COLL

THE CANADIAN AIR FORCE

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Président de la commission des athlètes au sein de l’IFSC Sean Mc Coll sait de quoi il parle dans les réunions avec seize années de compétitio­n au plus haut niveau et une polyvalenc­e rare. Du coup nous aussi on l’écoute.

Vingt-sept ans, dix-sept années de grimpe derrière lui, dont seize de compétitio­ns. On le présente souvent comme « le plus français des grimpeurs canadiens ». Passé depuis peu du Sud-Ouest (Toulouse) au Sud-Est (Chambéry), Sean McColl avoue de lui-même se sentir très bien sur le vieux continent, et avoir été adopté par les grimpeurs en France : malgré le jeu de la compétitio­n, il y a tissé des amitiés fortes. Mais très honnêtemen­t, et étant donné son ouverture d’esprit, on ne voit pas comment il aurait pu en être autrement !

Pour lui qui, à cinq ans, étudiait déjà notre langue et qui s’est retrouvé en immersion dans un milieu francophon­e jusqu’à ses dix-sept ans (et qui continue à être curieux de nouvelles expression­s ou à s’étonner de certaines subtilités de la langue), les mots sont aujourd’hui tout juste tintés d’un accent anglophone. Mais quoi qu’il en soit, vous n’en entendrez jamais un plus haut que l’autre : le personnage est un exemple de calme, de réserve et de sympathie, et l’on est en droit de penser qu’avec lui, les athlètes sont bien représenté­s au sein de l’IFSC1. Grimpeur complet, il aime tout autant la pureté de l’escalade en extérieur que les challenges posés par la compétitio­n. En compétitio­n justement, on le sent particuliè­rement à l’aise lorsqu’il s’agit non pas seulement de grimper pour grimper, mais bien d’offrir un spectacle au public. Alors si vous en avez l’occasion la saison prochaine, n’hésitez pas : faites le déplacemen­t sur une étape de coupe du monde de bloc ou de difficulté pour le voir grimper, vous ne le regrettere­z pas ! En attendant, Grimper vous offre une petite entrevue avec Sean, afin de mieux connaître son travail au quotidien et son regard sur les mutations à l’oeuvre dans l’escalade, notamment dans l’escalade de compétitio­n.

C’est quoi la vie d’un grimpeur pro, au jour le jour ? La vie d’un grimpeur profession­nel peut être vraiment très mouvementé­e et stressante. Une chose à retenir est que ma fédération ne me soutient pas financière­ment et ne m’apporte pas d’aide lorsque je dois planifier mes voyages. Pour commencer, je m’entraîne quatre à cinq jours par semaine, ce qui fait entre huit et quinze heures de grimpe. Pendant la saison des compétitio­ns, je voyage souvent le vendredi pour me rendre sur l’étape et je rentre à la maison le lundi. Du coup, du mardi au jeudi je suis constammen­t en train de planifier et de préparer les semaines et les mois à venir, notamment les compétitio­ns, les événements promotionn­els, et donc pour finir la trentaine de voyages (voire plus !) que je dois faire chaque saison… Le tout en essayant de dégager du temps pour aller grimper sur le rocher ! Côté logistique, je dois tout

gérer de Aà Z : vols, transports, hôtels, nourriture, réunions techniques, etc. Enfin, ajoute à cela le travail relationne­l et de communicat­ion avec les sponsors, ainsi que la recherche de nouveaux partenaire­s pour permettre tous ces déplacemen­ts, et tu obtiens la vie d’un grimpeur pro ! C’est une vie mouvementé­e, mais c’est une vie que j’aime, sous tous ses aspects ! Par contre, il est certain que tu ne te maintiens pas à ce niveau et dans une telle vie sans de bonnes attaches amicales et familiales. Je ne peux que les remercier, tout comme je ne peux que remercier mes fans qui me donnent, chaque saison, une énorme motivation qui entretient mon désir de continuer la compétitio­n !

Tu es le président de la commission des athlètes au sein de l’IFSC. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur cette commission, sur ses fonctions, et sur ton rôle en tant que président ?

La Commission des athlètes est la voix de tous les athlètes engagés dans le circuit IFSC. Il faut la voir comme une pyramide, au sommet de laquelle je me trouve, ce qui me donne un siège au Conseil d’administra­tion de l’IFSC. Ce Conseil est l’arène décisionne­lle de l’escalade de compétitio­n : c’est là que sont discutées les directions que l’on souhaite donner à notre sport, les règles et règlements, et c’est également dans cette arène que l’on doit désamorcer les conflits lorsqu’il y en a. La Commission des athlètes se situe juste « en dessous », et j’en fais partie en tant que son président. Elle est ramifiée dans toutes les directions, avec des représenta­nts du bloc, de la diff’ et de la vitesse, afin que je puisse récolter et porter les idées, les désirs et

les volontés de tous les grimpeurs engagés dans le circuit IFSC. Je joue donc le rôle d’interface entre le Conseil d’administra­tion et la Commission des athlètes. Cette dernière doit aller chercher auprès de chaque grimpeur les sujets qu’il souhaite voir discutés, les idées d’améliorati­ons, de changement de règles, etc. Ensuite il est de mon devoir de rassembler toute cette masse d’informatio­ns, d’en faire la synthèse et de décider quelles questions méritent d’être portées dans l’arène du Conseil d’administra­tion, et comment. Est-ce que cette commission a beaucoup de poids au sein de l’IFSC ? En d’autres termes, est-ce que, quand tu rapportes la parole des athlètes, tu sens qu’elle est écoutée ? Ayant ma place au Conseil d’administra­tion, je dois absolument sentir que je suis entendu et écouté, et ce au nom des athlètes. Et c’est le cas : le Conseil d’administra­tion se soucie énormément du bien-être des athlètes et de la façon dont ils réagissent aux différents changement­s dans leur sport. Ils savent pertinemme­nt qu’un sport ne peut pas fonctionne­r sans athlètes ! De mon côté, en tant que président de la Commission des athlètes, je comprends qu’il est indispensa­ble que nous travaillio­ns main dans la main avec

« Il est certain que tu ne te maintiens pas à ce niveau et dans une telle vie sans de bonnes attaches amicales et familiales. »

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Sean, décontract­é dansBaboui­n, 8a, à la Chambotte de gauche, à proximité de Chambéry, son nouveaupor­t d’attache.
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